Président
Notre aventure commence par un départ de Paris la veille en TGV. Nous effectuons un changement à Besançon – Viotte, et prenons un petit train flambant neuf qui sinue dans les hauteurs. Mon compagnon lutte avec courage contre le mal des transports en fermant les yeux et en se reposant. Quelle abnégation ! Le périple s ‘achève dans un hôtel à proximité de la Manufacture que nous sommes venu visiter.
Saviez-vous que La-Chaud-de-Fonds est la ville de naissance de Le Corbusier ? C ‘est également ici que se trouve le groupe Sowind. Ce dernier, en plus de regrouper les maisons Girard-Perregaux et JeanRichard, fabrique des mécanismes pour quelques partenaires privilégiés. Nous allons au cours de cette journée visiter la Manufacture à proprement parler, puis faire un passage par le Musée JeanRichard, pour enfin découvrir la production de Haute Horlogerie.
Notre visite de la Manufacture commence par le département de micro mécanique, où l ‘on fabrique les laitons (platines et ponts) à l ‘aide de machines numériques. Les anciennes machines nécessitaient trois jours de réglage pour faire une face de platine, puis trois autres jours pour les reprogrammer pour l ‘autre face.
La chaine de production est maintenant finement réglée : les opérateurs chargent le laiton d ‘un côté, les machines font leur travail recto-verso, et la platine ou les ponts sortent finis de l ‘autre côté. Le département peut ainsi produire jusqu ‘à deux mille pièces en une journée.
Une fois les laitons terminés, ils sont envoyés au département terminaisons et décors. Les opérateurs réalisent un perlage à la main, appliquent les cotes de Genève, effectuent le diamantage (qui consiste à angler les parties concentriques au diamant), puis font un dernier polissage au touret.
Dans l ‘atelier de pré-assemblage des mouvements, on assemble les petites pièces entre elles avant de les envoyer à l ‘assemblage définitif. Là encore, les opérations se font exclusivement à la main.
L ‘atelier d ‘assemblage se trouve juste à côté. Les horlogers réalisent ici entre vingt et cinquante pièces par jour. Ils disposent d ‘un plateau de vingt pièces qu ‘ils font pivoter sous leur établi une fois le mouvement terminé. Un ordinateur peut les guider pour leur rappeler les différentes étapes de l ‘assemblage.
Les ébats de chaque rouage sont ensuite contrôlés au centième. S ‘ils n ‘entrent pas dans les intervalles pré-définis, le mouvement est démonté puis remonté avec des petites potences spécifiques à chaque rouage.
La mesure du réglage de l ‘ancre s ‘effectue grâce à une caméra optique, qui mesure la distance entre la roue et la palette (ce qui permet de définir l ‘amplitude du mouvement).
Le chef d ‘atelier est responsable de la chaîne de production, mais anticipe également en vérifiant si les nouveautés ont été bien conçues et pourront être correctement traitées dans son atelier.
Les boîtiers sont usinés dans l ‘atelier Bautte. La plupart sont en or ou métaux précieux, la moitié de la production des boîtiers acier étant sous-traitée. Ici, on étampe les boîtes, on fait l ‘usinage, on affine les carrures et on les perce. Le polissage de toutes les pièces est fait à la main.
Dans le département d ’emboitage, on effectue la pose des cadrans, des aiguilles (et, dans certains cas, le cambrage de ces aiguilles), puis l ’emboitage à proprement parler.
On trouve également ici un atelier de polissage, afin de faire disparaitre les éventuelles micro-rayures qui auraient pu apparaitre au cours de ces manipulations.
Chaque département contrôle la qualité des pièces en cours de production. En fin de production, le service qualité vérifie les lots par échantillonnage. Ce dernier se focalise sur le contrôle des boîtes (respect de la dureté, de l’épaisseur d ‘or, etc.), et sur celui des mouvements (tenue des goupilles et des pierres, couple de barillet, etc.).
Si le groupe Sowind use de méthodes industrielles afin de produire leurs pièces horlogères, ils continuent de produire quatre ou cinq tourbillons squelettes par an afin de préserver leur savoir-faire. De plus, la maison est tournée vers l ‘avenir, et les chefs de projet du laboratoire horloger travaillent en permanence sur de nouveaux concepts. Le laboratoire dépend du service qualité, mais travaille étroitement avec le service production, qui peut orienter les choix techniques.
La visite de la manufacture étant terminée, nous remontons une avenue jusqu ‘à la rue du progrès, où se trouve le musée Jean Richard, installé dans un magnifique hôtel particulier appartenant au groupe Sowind. Jean Richard, qui vécut au 17ème siècle, est l’un des plus anciens horlogers suisses. La marque Jean Richard permet maintenant au groupe Sowind de proposer des pièces plus jeunes et plus sportives.
Ici sont exposées des machines de production horlogère anciennes que le groupe a sauvé de l ‘oubli. On peut également y voir d ‘anciens établis horlogers ou encore le premier ordinateur HP utilisé par Girard-Perregaux !
Direction ensuite les ateliers de Haute Horlogerie, séparés des autres locaux. Les deux utilisent les mêmes machines, mais les finitions sont nettement plus poussées chez ces derniers. S ‘il faut environ quatre heures pour produire une pièce de manufacture, une pièce de Haute Horlogerie nécessite en moyenne un mois. Quand la manufacture produit entre douze mille et quinze mille pièces par an, le département de Haute Horlogerie en produit cent vingt.
Tout le montage est réalisé dans le même local. Les horlogers sont des experts qui peuvent réaliser des opérations que des gens moins expérimentés ne sauraient pas faire ; ils savent faire leur pièce de A à Z.
Si tous ont commencé au sein de la manufacture, ils ont dû faire leurs preuves et montrer leur motivation pour exercer en Haute Horlogerie. Les pièces sont sous leur responsabilité, et s ‘il y a un défaut, c ‘est l ‘horloger qui a monté la pièce qui la répare.
Les répétitions minutes sont des cas particuliers. Elles sont réservées à des horlogers triés sur le volet, ayant fait leurs preuves sur les tourbillons. Il n ‘y a pas de formation spécifique pour s ‘occuper d ‘une répétition minute ; c ‘est de la transmission de savoir.
En Haute Horlogerie, une pièce est toujours montée deux fois : une fois pour vérifier le fonctionnement, et une fois pour finaliser la pièce. Et il y a toujours une validation de la montre par deux horlogers différents.
Nous avons également pu admirer la réédition du Tourbillon sous trois ponts d’or ayant obtenu la médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889.
Voilà comment s ‘est terminée notre visite de la manufacture Girard-Perregaux. Je tiens à remercier notre guide, M. Gilles Quentin, responsable de la production du groupe Sowind, qui a su nous faire découvrir avec passion la manufacture dans ses moindres recoins, ainsi que Caroline Jaunet, responsable communication pour la France, qui nous a organisé magnifiquement cette visite.
Alexandre G. (Récit) et Michel P.V. (photos) pour Passion Horlogère
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