En faisant le pari de la légèreté, de l’espace ouvert, Hermès a créé un lieu apaisant et chaleureux au coeur du Salon de Bâle.
Un vaisseau nomade de bois et de verdure
Conçu pour être éphémère et pérenne à la fois, installé pour la durée du Salon, le pavillon est pensé pour être démontable. Il sera ainsi remonté chaque année. Toyo Ito l’a dessiné comme une boîte de 34 mètres de long sur 19 mètres de large, distribuée sur deux niveaux. Sa surface, doublée par rapport à l’an dernier, atteint 1 040 mètres carrés. L’ossature en acier du pavillon est revêtue de 624 lattes de bois, les unes plates, les autres galbées. Entrecroisées, elles forment une résille extérieure. Cette façade enveloppe une seconde structure intérieure de bois, de verre et de métal. Entre ces deux « peaux », un ruban de 167 plantes vertes, une coursive de verdure. Pour qui longe le pavillon, le mur de lattes de bois s’offre comme une paroi opaque. Qui s’arrête, découvre dans ses interstices la paroi intérieure.
Animé d’un mouvement de houle, le pavillon adopte un dessin organique. Il semble frémir sous le vent. Une ample ondulation dynamique se communique à sa peau de lattes de bois, suspendue comme une jupe.
Un havre de sérénité
Avec son ouverture sur l’angle, le pavillon s’avance telle une proue. On y pénètre par un atrium, véritable écrin de sérénité, au fond duquel on atteint l’aire plus intime des bureaux, des espaces de présentation et de vente. Un escalier de bois et de métal mène à la mezzanine. Des tissus teints naturellement, évocateurs de l’univers Hermès, en habillent les espaces comme des écorces d’arbre, leur conférant chaleur et intimité.
Enfin, réparties sur le pourtour ainsi qu’à l’intérieur, les vitrines présentent les dernières créations horlogères d’Hermès. Surgissant comme des fleurs de métal, elles s’inscrivent dans la continuité d’une écriture organique.
historique d’une rencontre
La première rencontre entre Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d’Hermès, et Toyo Ito a eu lieu fin 2010, lors de la deuxième édition du prix Émile Hermès (prix du design de la Fondation d’entreprise Hermès). La proximité de leur approche respectueuse des savoir-faire et de l’environnement, les a conduits à mener ce projet ensemble. Pierre-Alexis Dumas décrit Toyo Ito comme « un homme précis, réfléchi et sensible, profond et passionné, doté d’une autorité discrète et naturelle ; où les silences comptent autant que les paroles et dont l’agence reste à taille humaine, comme chez Hermès ».
Le pavillon Hermès s’inscrit ainsi dans la tradition des pavillons de thé japonais. Toyo Ito y déploie une architecture qui comble les écarts entre les époques, les formes, entre le patrimonial, le vernaculaire et l’expérimentation.
portrait de toyo ito
Toyo Ito, né en 1941 à Séoul de parents japonais et diplômé de l’université de Tokyo en 1965, est d’abord l’architecte d’une osmose entre bâtiments et nature. Sa tour des Vents (Yokohama, 1986) en est l’illustration emblématique. Haute de 21 mètres, elle se veut la transcription de l’évolution virtuelle du monde : l’édifice recherche sa propre disparition dans une translucidité magique. Toyo Ito, architecte de la fragilité en lutte contre la pesanteur, démontre au fil de ses projets que la solidité d’un bâtiment tient beaucoup plus à son adaptation au terrain qu’à sa surcharge structurelle. Sa médiathèque de Sendaï (2000), par exemple, a su résister au séisme de 2011.
Il était commissaire du pavillon japonais à la dernière Biennale d’architecture de Venise, en septembre 2012. Le pavillon, qui exposait le travail mis en oeuvre avec les habitants des zones sinistrées par le tsunami, pour l’édification d’abris temporaires, s’est vu décerner le Lion d’or de la meilleure participation nationale.
En 2013, Toyo Ito a reçu le Pritzker Architecture Prize pour l’ensemble de son oeuvre.
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