Deux nouvelles répétitions minutes habillées de platine
La création de montres à sonnerie – connues comme étant les complications les plus difficiles à réaliser – est un art que peu d’horlogers maîtrisent. Depuis plus de deux siècles, la Manufacture Vacheron Constantin n’a cessé de créer des montres à sonnerie, toutes aussi merveilleuses les unes que les autres. En 2013, la Maison a dévoilé un réel chef d’oeuvre de virtuosité qui ajoute à la complexité d’une sonnerie le défi d’en faire tout à la fois le calibre manuel et la montre à répétition minutes à remontage manuel les plus plats du marché, avec respectivement 3.90 mm et 8.10 mm de finesse. Créé initialement en or rose 18K 5N, ce garde-temps s’habille aujourd’hui d’une boîte en platine – offrant le choix d’un cadran opalin argenté ou couleur ardoise – et est naturellement estampillé du prestigieux Poinçon de Genève.
La première répétition voit le jour au XVIIIe siècle à une époque où l’électricité n’existait pas encore pour fournir l’éclairage. Le garde-temps permettait à son possesseur de connaître l’heure de manière sonore dans l’obscurité. Si cette complication n’a plus la même utilité de nos jours, elle reste toutefois au sommet de l’art horloger. Car chaque montre à répétition minutes est unique et porte en elle la signature du maître qui l’a réalisée. Chacune vit sa propre vie, joue sa propre musique, pour laisser place à de fugaces moments de grâce et d’émotion lorsque retentit sa sonnerie. Sur demande, la répétition minutes sonne les heures, les quarts d’heure et les minutes. Après avoir actionné le verrou de sonnerie – ici le seul élément visible côté cadran de cette complication majeure –, un marteau vient frapper le timbre grave pour sonner les heures, tandis que les quarts sont joués par deux marteaux sur les deux timbres – l’un grave, l’autre aigu –, et que les minutes retentissent sur le timbre aigu.
Un savoir-faire et une excellence ancrés dans le Patrimoine de la Maison
Véritable histoire d’amour entre la Manufacture Vacheron Constantin et les montres à sonnerie, c’est en 1810 que la Maison réalise sa première répétition minutes sur une montre de poche, avant de coupler des mécanismes à sonnerie à d’autres complications majeures tout au long des décennies qui allaient suivre, créant chaque fois des garde-temps exceptionnels parmi les plus compliqués de leur époque. Des montres entrées dans l’histoire, à l’instar de la montre conçue pour le roi Fouad d’Egypte en 1929, ou celle réalisée en 1935 pour son fils, le roi Farouk, pour n’en citer que quelques-unes. En 1941, Vacheron Constantin lance sa première montre-bracelet dotée pour seule complication d’une répétition minutes dans un mouvement ultra-plat : le calibre 4261. La quête de la finesse absolue se poursuit au fil des ans, et en 1992, la manufacture défie une nouvelle fois le champ des possibles en présentant le calibre 1755, un mouvement à répétition minutes n’affichant que 3.28 mm d’épaisseur : du jamais vu ! En 2013, Vacheron Constantin a lancé un nouveau calibre pour rendre hommage à cette complication chargée d’émotion : le 1731, ainsi nommé en hommage à l’année de naissance de Jean-Marc Vacheron, le fondateur de la Maison.
Le calibre 1731 : un trésor de finesse doté d’un dispositif innovant
Si le calibre 1731 affiche une épaisseur à peine plus élevée que son prédécesseur de 1992 – 3.90 mm contre 3.28 mm – du fait de son impressionnante réserve de marche de 65 heures, il n’en reste pas moins le plus fin du marché encore aujourd’hui, surmontant la difficulté d’assembler et de régler des composants affinés à l’extrême. Quatre ans auront été nécessaires pour résoudre cette équation des plus complexes : créer un nouveau mouvement à répétition minutes, alliant tout à la fois finesse, pureté du son, esthétisme, fiabilité et robustesse. Les prouesses techniques ne s’arrêtent pas au défi de l’ultra-plat, puisque le calibre 1731 est doté d’un dispositif des plus ingénieux développé en 2007 par Vacheron Constantin pour le mouvement 2755 – autre membre de cette famille exclusive des calibres à répétition minutes : un régulateur de sonnerie volant. Au contraire des régulateurs à ancre classiques, celui-ci est totalement silencieux. Son rôle est d’équilibrer la cadence à laquelle les marteaux frappent les timbres. Sans régulateur, cette séquence musicale se déroulerait à la vitesse du ressort de barillet de sonnerie, et ne produirait qu’une série de notes impossibles à distinguer les unes des autres. Le dispositif développé par Vacheron Constantin comporte deux masselottes conçues de manière à servir de frein sur l’axe de rotation du régulateur, lissant ainsi l’énergie dispensée par le ressort du barillet. Pour ce faire, il recourt à deux forces opposées, centrifuge et centripète. Lorsque le régulateur tourne, la force centrifuge fait s’écarter l’une des extrémités des masselottes vers l’extérieur, tandis que l’autre extrémité vient appuyer sur l’axe pour ralentir et stabiliser la vitesse de rotation, et ainsi assurer une cadence constante de la sonnerie. Accompli jusque dans les détails les plus infimes, le régulateur arbore la croix de Malte, emblème de Vacheron Constantin, quand bien même celle-ci demeure cachée côté face du calibre.
L’harmonie parfaite, une recherche constante
L’acoustique, véritable raison d’être d’une répétition minutes, a fait l’objet de bien des attentions pour réaliser la Patrimony ultra-plate calibre 1731. Pour rendre un son cristallin et parfaitement harmonieux, différents choix techniques ont été opérés. Ainsi, les timbres sont-ils non seulement liés à la carrure pour amplifier le son, mais également superposés en hauteur, plutôt que d’être alignés côte à côte. Le boîtier en platine est façonné de manière à ne former qu’un avec le mouvement, dans une savante composition intégrant des paramètres aussi subtils que la circulation de l’air entre le mécanisme et la boîte, pour une propagation optimale des notes. La quête de la perfection ne s’arrête pas là, puisque le boîtier a été construit sans joint pour que les éléments puissent interagir métal contre métal et ainsi libérer une meilleure amplitude du son, tandis que le régulateur volant vient assurer un rythme régulier des coups frappés par les marteaux sur les timbres.
Si chaque maître-horloger insuffle sa propre musique à la répétition minutes qu’il mettra plusieurs mois à assembler et à régler, celle-ci sera soumise à l’oreille des maîtres-virtuoses des sonneries de la Manufacture, et subira des ajustements jusqu’à atteindre l’harmonie parfaite entre notes graves et notes aiguës. Et c’est précisément à 4h49 que ces tests seront opérés, puisque c’est l’heure à laquelle la cadence est la mieux audible, du fait des intervalles presque identiques entre les heures (4 coups), les quarts (3 coups) et les minutes (4 coups).
Véritable âme d’une répétition minutes, la sonnerie individuelle de chaque montre est enregistrée et soigneusement conservée avant de quitter la Manufacture, constituant ainsi une empreinte sonore répertoriée dans les archives de Vacheron Constantin. En effet, cette dernière garantit non seulement à vie la réparation de tous ses garde-temps, anciens comme actuels, mais également la restitution à l’identique du son unique de chaque pièce dotée d’une répétition minutes après un passage en atelier.
L’oeuvre d’un seul maître-horloger virtuose
Pouvoir participer à la réalisation de montres à sonnerie est une véritable consécration pour un maître-horloger. Il s’agit d’un art qui demande à la fois des doigts d’or, une longue expérience couplée à une infinie patience, de même qu’une véritable oreille musicale. Ainsi, le cercle des horlogers maîtrisant les mécanismes à sonnerie est-il des plus restreints. Chez Vacheron Constantin, seuls quelques maîtres oeuvrant au sein de l’atelier « Grandes Complications » réalisent de telles merveilles. Avant de travailler durant deux ans sous le mentorat d’un maître, l’horloger doit accumuler une expérience d’au moins quinze ans dans les divers ateliers. Car si la répétition minutes est probablement la plus fascinante des complications, elle est également la plus exigeante, du fait du nombre élevé de composants minuscules qu’il s’agit de patiemment assembler et faire interagir, régler et ajuster encore et encore, jusqu’à obtenir tout à la fois une marche parfaite et un son d’une pureté absolue. Pour une seule montre, trois à six mois sont nécessaires à l’assemblage et au réglage. Et la concentration est de chaque instant, puisqu’un seul coup de lime en trop sur la base du timbre peut le rendre sourd.
Pour travailler sur une mécanique aussi complexe, le maître-horloger dispose de plus de 1 200 outils qu’il a le plus souvent lui-même fabriqués, et dont certains ont été créés pour accomplir un seul geste. Une panoplie impressionnante, même si l’instrument suprême d’un maître demeure son oreille. Car c’est lorsqu’il imprime sa « griffe » personnelle lors de la mise en son qu’il insuffle véritablement l’âme de la répétition minutes.
Des finitions dans la plus pure tradition de la Haute Horlogerie
Témoins d’un savoir-faire ancestral qui distingue une véritable pièce de Haute Horlogerie, les éléments du calibre 1731 sont patiemment terminés un par un à la main, quand bien même certains d’entre eux demeureront cachés. Tandis que la platine est perlée, les marteaux sont eux terminés poli noir pour tour à tour capter la lumière ou se nimber d’un noir profond et faire disparaître toute trace de la surface travaillée. Ce tandis que de délicates Côtes de Genève ont pris vie sur les ponts, pour un effet de vague des plus raffinés. Si les artisans de la Manufacture Vacheron Constantin sont rompus aux différentes techniques de finition, il en est une qu’ils n’acquièrent qu’au terme d’une formation exigeante de 18 mois : l’anglage, et plus précisément le travail sur les angles rentrants, que l’on retrouve notamment sur les sept ponts du calibre 1731.
Quand calibre et boîtier battent des records de finesse pour ne former qu’un
La Patrimony ultra-plate calibre 1731 cache une remarquable complexité sous des allures simples. Son design puise son inspiration dans une pièce extraplate créée en 1955 à l’occasion du bicentenaire de Vacheron Constantin, puis retravaillée en 2004 pour donner vie à la Patrimony référence 81180. Depuis, son extrême finesse, sa forme galet, sa lunette incurvée, son cadran et sa glace bombés, sa minuterie perlée, ses aiguilles de forme bâton et ses index tour à tour triangle et bâton, l’ont imposée comme un classique intemporel. Si la Patrimony ultra-plate calibre 1731 est restée fidèle à ces codes emblématiques, son boîtier en platine a fait l’objet d’un travail aussi subtil que complexe pour ne former qu’un avec le calibre 1731 et signer un double record : le mouvement répétition minutes manuel le plus plat (3.90 mm), pour la montre à remontage manuel la plus fine (8.10 mm). Ainsi, le galbe de la carrure a-t-il été appuyé pour affiner encore la silhouette, à l’instar du fond saphir, ouvert le plus largement possible afin de dévoiler les marteaux et même, chose rare, les timbres. Côté cadran, Vacheron Constantin a opté pour une très élégante petite seconde décentrée à 8 heures. Une façon à la fois utile et ludique de rendre immédiatement identifiable le modèle Patrimony ultra-plate calibre 1731.
Pure, rare, éternel… Le platine, le plus précieux des métaux
Métal précieux, le platine a longtemps été réservé aux têtes couronnées et aux maharajahs. Aujourd’hui encore, il véhicule un prestige indéniable dans lequel se reconnaît une élite distinguée de connaisseurs et de collectionneurs. Utilisé depuis 1820 par les horlogers de la Maison, le platine a été sollicité pour de nombreuses réalisations, des plus complexes aux plus originales. Sa contenance en métal précieux s’élevant à 95% place sa pureté bien au-delà de celle de l’or et de ses 75%. Ce n’est cependant pas qu’à ce niveau que le platine se distingue des autres métaux précieux : sa rareté, sa densité et son poids font de lui une matière non seulement plus prestigieuse, mais également bien supérieure en durabilité, résistance et malléabilité. Ces qualités font qu’une petite rayure sur une pièce en platine ne fait que déplacer le métal, engendrant une perte minime de ce dernier. La pièce garde ainsi toute sa valeur, comme il sied à un gage d’éternité. Ne s’oxydant pas, le platine ne connaît pas les affres du temps qui passe. Inaltérable et performant, il est synonyme de pérennité, faisant de lui le parfait compagnon d’une vie entière.
Une complication aussi prestigieuse que la répétition minutes revêtue d’un habit réalisé dans le plus précieux des matériaux en fait une pièce ultime, qui saura séduire la fine fleur des connaisseurs et collectionneurs.
FICHE TECHNIQUE Patrimony ultra-plate calibre 1731
Références
30110/000P-9999
30110/000P-B089
Garde-temps certifiés du Poinçon de Genève
Calibre
1731
Développé et manufacturé par Vacheron Constantin
Mécanique à remontage manuel
32.80 mm (14’’’1/4) de diamètre, 3.90 mm d’épaisseur
Environ 65 heures de réserve de marche
3Hz (21’600 alternances/heure)
265 composants
36 rubis
Indications
Heures, minutes
Petite seconde à 8 heures
Répétition minutes
Boîtier
Platine 950
41 mm de diamètre, 8.10 mm d’épaisseur
Fond transparent avec glace saphir
Non étanche
Cadran
Opalin argenté / ardoise, zone extérieure bombée
Index appliques en or blanc 18K et minuterie perlée
Bracelet
Cuir d’alligator Mississippiensis noir avec doublure en cuir d’alligator, cousu main, finition sellier, grandes écailles carrées
Fermoir
Boucle ardillon en platine 950
Demi-croix de Malte polie
Accessoires
Livré avec une loupe et le résonateur « La Musique du Temps » permettant d’amplifier le son des répétitions minutes de Vacheron Constantin
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