Dans le même temps, l’engouement pour l’industrie horlogère est en constante évolution, depuis de nombreuses années maintenant, que ce soit pour des manufactures anciennes et prestigieuses comme pour des marques plus jeunes et abordables.
Dans ce contexte, il est par conséquent relativement aisé de trouver des renseignements au sujet d’à peu près n’importe quelle montre en cherchant sur la toile. Certes, ces informations peuvent parfois être partielles voire erronées, ou même se réduire à une simple image présentée par un inconnu à l’autre coin de la planète. Mais en y réfléchissant, combien existe-t-il de montres dont personne n’ait jamais entendu parler ou jamais vu de photo, sur aucun support, que ce soit sur internet, un livre, une revue ? Une montre qui ne serait jamais apparue non plus dans une vente aux enchères ?
La réponse qui me viendrait immédiatement à l’esprit est : aucune. Avec une référence, un numéro de série, un type de calibre, une marque, des caractéristiques même sommaires, je pense qu’il est aujourd’hui presque toujours possible de trouver au moins des bribes d’informations, ou, comme évoqué plus haut, au moins une image.
C’est pourtant ce qu’il m’est arrivé cette année, en découvrant un modèle absolument unique et jamais vu auparavant. Certes, il m’est impossible de garantir qu’aucune information n’avait jamais existé à son sujet – ce serait extrêmement présomptueux de ma part – mais je dois avouer qu’après de très longues et minutieuses recherches, je n’ai réellement rien trouvé.
Mais plus étonnant encore, diverses confrontations avec d’autres collectionneurs ou experts reconnus de montres vintage n’ont pas abouti non plus. A tel point que les premières conclusions furent tout simplement qu’il s’agissait d’une fausse montre Breguet (car c’est bien de cette prestigieuse maison qu’il s’agit), d’un fake même assez grossier puisque n’imitant rien de connu.
Deux choses cependant avaient rapidement retenu notre attention : la calligraphie très spécifique du mot « Breguet », qui comportait certaines caractéristiques (que je ne dévoilerai pas ici) tout à fait reconnaissables et difficilement imitables par des faussaires (car inconnues de la plupart), et le calibre, simple, non marqué mais numéroté, comme c’était le cas pour certaines montres militaires de la même époque. Le fond lui aussi présentait des singularités que des contrefaçons n’auraient sans doute pas eues, surtout pour une montre ancienne.
Pour ces raisons, mais après une longue hésitation, je décidais finalement de présenter cette montre directement à la maison Breguet Place Vendôme pour une expertise. De la manière la plus transparente possible, je leur ai donc demandé de bien vouloir me donner leur avis, en espérant bien sûr un miracle (la reconnaissance immédiate d’un modèle rare … !), mais avec tout de même d’affreux doutes sur une montre que personne n’avait jamais vue. Et ce fut effectivement la première réaction de mon interlocuteur, qui lui non plus n’avait jamais vu ni entendu parler d’un modèle similaire. Avec une très grande gentillesse et un professionnalisme irréprochable, il me proposa cependant de lui laisser la montre, de faire des recherches dans les archives Breguet, et de me rappeler ultérieurement.
Les semaines passèrent, et un jour où je ne m’y attendais pas, mon téléphone sonne, c’est la boutique Breguet : « Monsieur, nous avons une excellente nouvelle … ».
Il s’agit donc d’une authentique montre Breguet de plongée (avec lunette tournante en bakélite noire), datant de 1965.
Cette montre a été fabriquée en seulement 60 exemplaires, ce qui la rend aujourd’hui extraordinairement rare.
Deux détails amusants sur l’extrait d’archives signé par Emmanuel Breguet : son prix de l’époque (595 francs), et son premier propriétaire : M. Delpech … C’est précisément en 1965 que Michel Delpech connut son premier succès avec le titre « Chez Laurette » … Je n’ai pas osé en demander plus. Parce qu’il s’agit certainement d’un homonyme et d’une coïncidence … ou non … Et qu’il est juste que cette montre si spéciale conserve encore une part de mystère …
Cette montre Breguet est aujourd’hui la propriété d’un grand collectionneur de montres anciennes et de prestige résidant à Londres, qui en est tombé immédiatement amoureux et a souhaité l’acquérir.
Un grand merci également à Roberto « Jatucka » Randazzo, à l’origine de cette merveilleuse découverte.
Anthony M. pour Passion Horlogère
Sensational stunning watch and these design cues were used by other manufacturers in the same period. ⚓️
Thanks for sharing this interesting information on a rare watch.