
David Chipperfield, Mia Couto, Alfonso Cuarón, Philip Glass, Joan Jonas, Robert Lepage et Ohad Naharin seront les mentors de jeunes artistes prometteurs
Sept artistes parmi les plus reconnus au monde ont accepté de prendre part au Programme Rolex de mentorat artistique en accompagnant durant une année un jeune artiste prometteur. Ces nouveaux mentors sont David Chipperfield (architecture), Mia Couto (littérature), Alfonso Cuarón (cinéma), Philip Glass (musique), Joan Jonas (arts visuels), Robert Lepage (art dramatique) et Ohad Naharin (danse).
Les noms des nouveaux mentors ont été dévoilés le 6 décembre 2015 lors de la cérémonie organisée à Mexico en l’honneur des mentors et des protégés du cycle 2014-2015 du Programme Rolex de mentorat artistique.
Cette initiative philanthropique internationale a pour ambition d’identifier de jeunes talents du monde entier et de proposer à chacun d’entre eux une année de collaboration créative en duo avec un grand maître de leur discipline. L’année de mentorat débutera en juin 2016.
« Ces sept artistes marquent profondément leur discipline depuis des dizaines d’années et sont très respectés par le public et par leurs pairs », explique Rebecca Irvin, Directrice des programmes philanthropiques de Rolex. « Nous les remercions d’avoir accepté de devenir mentor dans le cadre du Programme Rolex de mentorat artistique. En rejoignant la communauté internationale d’artistes résolus à transmettre leur passion et leur expérience à la jeune génération, ils vont non seulement soutenir des talents en devenir, mais aussi bénéficier de leurs échanges », poursuit-elle.
Architecture
Guidé par une approche de l’architecture qui privilégie « la substance, la permanence et le sens » plutôt que le spectacle, l’architecte britannique sir David Chipperfield est renommé pour son large éventail de réalisations. Parmi ses travaux les plus remarquables figurent la reconstruction du Neues Museum de Berlin, le Museo Júmex de Mexico ou encore le Turner Contemporary, galerie
anglaise considérée depuis peu comme l’un des monuments britanniques majeurs du XXIe siècle.
Art dramatique
Véritable prodige du théâtre sous toutes ses formes, le Canadien Robert Lepage est un metteur en scène, dramaturge, réalisateur et acteur aux multiples talents dont les oeuvres avant-gardistes enchantent le public du monde entier. A la tête de la compagnie de création multidisciplinaire Ex Machina, il assure également la direction artistique de concerts de rock et de spectacles de cirque, notamment pour le Cirque du Soleil.
Arts visuels
Considérée comme une « figure emblématique de l’avant-garde américaine », la performeuse et vidéaste Joan Jonas est une artiste de renommée internationale qui marque de son empreinte la scène des arts visuels depuis près de cinquante ans. Une rétrospective de son travail a récemment été présentée à Milan, et sa nouvelle installation multimédia a attiré d’innombrables visiteurs au Pavillon des Etats-Unis de la Biennale de Venise en 2015.
Cinéma
Réalisateur, scénariste, producteur et monteur, Alfonso Cuarón est reconnu pour ses films d’une grande originalité. Après de longs métrages très réussis tels que Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban etLes Fils de l’homme, il a de nouveau triomphé avec un film techniquement très novateur, Gravity (2013), qui lui a valu l’Oscar du meilleur montage et – une première à l’époque pour un réalisateur mexicain – celui du meilleur réalisateur.
Danse
Directeur artistique de la Batsheva Dance Company d’Israël, Ohad Naharin est considéré comme l’un des chorégraphes les plus remarquables et les plus visionnaires de la scène internationale actuelle. Reconnu pour son approche pionnière, il a initié des styles de danse contemporaine aussi inventifs que fascinants, la technique Gaga notamment, un langage corporel novateur qui s’est imposé comme une référence aussi bien pour les danseurs que pour les non-danseurs.
Littérature
Salué pour la langue créative et évocatrice qui parcourt ses poèmes, nouvelles et romans, Mia Couto compte parmi les plus grands auteurs africains. Son premier roman, Terra Sonâmbula ( Terre somnambule), a reçu en 2014 le prix littéraire américain Neustadt International Prize for Literature et est largement considéré comme l’un des meilleurs livres africains du XXe siècle. Originaire du Mozambique, Mia Couto a figuré parmi les finalistes 2015 du Prix international Man Booker, distinction décernée à des écrivains pour l’ensemble de leur oeuvre.
Musique
Compositeur américain très influent, Philip Glass est renommé partout dans le monde pour sa musique évocatrice reconnaissable à ses structures répétitives. Cherchant sans cesse à repousser les limites de son art, il a signé non seulement des symphonies, des concertos et des bandes originales de films, mais aussi des opéras, dont le plus célèbre, Einstein on the Beach, qu’il a composé en collaboration avec Robert Wilson, constitue selon le Washington Post « l’une des oeuvres majeures du XXe siècle ».
Des comités de sélection composés d’artistes confirmés et d’experts culturels du monde entier vont se rencontrer pour identifier de jeunes talents. Ces derniers seront ensuite invités à poser leur candidature. Chaque mentor choisira alors un protégé parmi trois ou quatre finalistes dont les noms seront dévoilés en juin 2016.
Chaque protégé reçoit une allocation de 25 000 francs suisses. Un budget supplémentaire de 25 000 francs est en outre mis à sa disposition à la fin de l’année de mentorat pour la création d’une nouvelle oeuvre, d’une publication, d’un spectacle ou d’un événement public. Le mentor et son protégé doivent passer au moins six semaines ensemble, mais ils sont libres de choisir la manière dont se traduiront leurs échanges.
Les mentors 2016-2017 proposés par le Conseil sont Pierre Audi (Liban/France), metteur en scène ; Jean-Claude Carrière (France), scénariste ; Marie Collin (France), directrice artistique ; Francesco Dal Co (Italie), historien de l’architecture, professeur et rédacteur ; Anne Teresa De Keersmaeker (Belgique), danseuse et choréographe ; Lord Norman Foster (Royaume-Uni), architecte ; Michael Govan (Etats-Unis), directeur de musée et commissaire d’exposition ; Pico Iyer (Royaume-Uni), écrivain ; Amin Maalouf (Liban/France), écrivain et librettiste ; Shirin Neshat (Iran), artiste visuelle ; Luiz Schwarcz (Brésil), éditeur et écrivain ; Julie Taymor (Etats-Unis), réalisatrice et metteuse en scène de théâtre et d’opéra ; Rokia Traoré (Mali), chanteuse, parolière et musicienne ; Xu Bing (Chine), artiste visuel ; et Gabriel Yared (Liban/France), compositeur de musiques de film.
J’ai toujours eu un vif intérêt pour les compositeurs de tout âge, mais en ce moment, je m’intéresse tout particulièrement aux compositeurs plus jeunes et à la manière dont ils perçoivent la musique. La musique est en perpétuelle évolution, et cela est nécessaire. Le meilleur moyen de s’en rendre compte est d’écouter ce que les gens composent – en rencontrant les compositeurs et en écoutant leur travail. Le programme Rolex de mentorat artistique est donc vraiment le prolongement de mon intérêt pour les autres compositeurs. Cette approche diffère de ma façon habituelle de travailler, car je vais collaborer avec quelqu’un, et ce sur le long terme.
Habituellement, j’écoute de la musique puis passe à autre chose, mais je suis heureux de m’essayer à ce nouveau mode de travail.
Qu’espérez-vous transmettre à ce jeune artiste ?
La meilleure chose que je puisse lui apporter est mon temps et mon attention. A part ça, je ne saurais dire.
Pensez-vous bénéficier de cet échange ?
Oui, bien sûr ! Le processus même de sélection du compositeur m’apportera beaucoup car il m’amènera à écouter la musique de différents candidats. Ensuite, une fois cette personne sélectionnée, j’aurai la possibilité de passer plus de temps avec un compositeur qu’à mon habitude. Je ne suis pas professeur. Je n’enseigne pas la musique, je n’ai pas d’étudiants.
Mais je travaille avec d’autres personnes, et c’est pour moi le meilleur moyen d’apprendre, et pour eux d’apprendre de moi.
Avez-vous personnellement vécu une expérience de mentorat, et si oui, comment cela a-t-il influencé votre travail d’artiste ?
Absolument. Pour moi, les professeurs les plus importants étaient des personnes avec qui j’ai eu un rapport direct. Je pense à Ravi Shankar, Alla Rakha et également Madame Boulanger. Travailler avec Nadia Boulanger a été une véritable expérience de mentorat pour moi. Ensuite, il y a eu bien d’autres échanges, moins formels, avec de nombreux musiciens. Que ce soit en écoutant du jazz des années 1950 ou 1960, ou en passant du temps avec John Cage et Morton Feldman. Ce n’étaient pas des rapports typiques de professeur à élève, ces échanges se faisant dans un cadre décontracté. Le rapport au mentorat a donc été continuel chez moi.
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