Le Salon International de la Haute Horlogerie a fermé ses portes vendredi dernier, mettant fin à une semaine de présentation des nouveautés 2016 pour 15 marques (+ 9 horlogers indépendants). Habituellement, une tendance se dessine à l’occasion de ce salon mais, pour cette édition 2016, nous avons oscillé entre le très bon et le très mauvais. Parfois au sein d’une même marque… Il semble impossible de ne pas réaliser que l’on se trouve en période de transition. Les têtes changent et les stratégies doivent être redéfinies. En attendant, il faut bien continuer à produire et à vendre. Moins euphorique que les années précédentes, voici ma sélection de montres tirant leur épingle du jeu, frôlant parfois la justesse en ces temps de crise horlogère.
Baume & Mercier
Après la présentation d’un chronographe Capeland shelby Cobra ayant connu un succès foudroyant en 2015, Baume & Mercier enfonce le clou cette année avec deux séries spéciales, éditées à 1963 exemplaires chacune, pour commémorer la participation aux 12 heures de Sebring en 1963 de la Shelby Cobra flanquée du numéro 15. Ce joli chronographe aux couleurs de l’auto d’époque est proposé dans ses différentes versions au tarif de 3 900 CHF sur cuir et 4 200 CHF dans sa version sport.
Cartier
Nous attendions la Clé de Cartier en Acier et nous n’avons pas été déçus, elle est bien arrivée ! Mais elle a été éclipsée cette année par une autre nouveauté, présentée en or comme à l’accoutumée mais aussi en acier, ce qui est assez rare pour être noté. Il s’agit de la Drive. Cette montre de forme « coussin » est déclinée en plusieurs versions dont une heure – minutes – petite seconde et date proposée à 5 000 CHF HT.
Equipée du mouvement 1904 MC et arborant un cadran guilloché aux index caractéristiques de Cartier, nul doute que cette montre est l’une des réussites de cette année 2016. Il ne reste plus qu’à la découvrir rapidement en boutique.
Jaeger-LeCoultre
En cette année marquant le de 85ème anniversaire de la Reverso, Jaeger-LeCoultre nous offre une collection cohérente de nouveaux garde-temps raffinés et élégants. Cette année, il est possible de composer sa propre Reverso avec bracelet et cadran complétés d’une gravure personnalisée. C’est l’Atelier Reverso. Mais celle qui remporte mes suffrages est une Reverso toute simple, reprenant une ligne classique et féminine empruntée aux années 30 et qui ira très bien au poignet de jeunes élégantes. Il s’agit de la Reverso One Cordonnet. Pourquoi celle-ci ? Parce qu’elle est sobre et élégante… tout simplement !
Piaget
Chez Piaget, cette année voit l’arrivée de plusieurs modèles pour le moins « surprenants ». L’Emperador 700P a créé l’événement avec son mouvement hybride, combinant éléments mécaniques et quartz, rappelant l’extraordinaire Springdrive signé Seiko, du moins dans l’approche. Pour les dames, la nouveauté s’appelle Limelight Stella, première montre à complication dédiée aux femmes par la marque de la Côte-aux-Fées. Mais celle qui a véritablement retenu mon attention est un grand classique de la marque, dont la magie opère comme jamais lorsqu’elle est ainsi vêtue d’un bracelet « Milanese ».
Il s’agit de la Limelight Gala, dont la boîte ronde intégrant la couronne invisible est solidaire du magnifique bracelet or en maille milanaise via les deux splendides cornes asymétriques. Cette montre, comme l’élégante Altiplano pour les hommes, résume l’identité Piaget dans chacun de ses composants.
MB&F
Pour sa première participation au SIHH, marquée par son intégration à la Fondation de la Haute Horlogerie, Maximilian Büsser a dévoilé quelques-unes des machines dont il a seul le secret. Mais là encore, ce n’est pas d’une nouveauté à proprement parler qui remporte les suffrages quasi-unanimes de la critique.
C’est une nouvelle interprétation de la HM6 baptisée SV pour « Sapphire Vision » qui se taille la part du lion. Selon l’équipe sur place, elle aurait pulvérisé tous les espoirs commerciaux placés en elle, qu’il s’agisse de sa version en platine ou de sa version en or rose. Pour l’avoir passée au poignet, je peux attester qu’on ne se lasse pas de l’admirer sous toutes les coutures…
Vacheron Constantin
Attention merveille ! La nouvelle Overseas est une véritable réussite. Sa finesse, son dessin, ses différents cadrans et la possibilité de changer de type de bracelet sans outil et à volonté (puisque livrés avec la montre) en font mon coup de cœur du SIHH 2016. Cette montre « sport-chic » est belle et efficace. Une petite rallonge de confort pour un porté estival, période de dilatation des poignets sous l’effet de la chaleur, a même été conçue sur le bracelet métal. Ce n’est pas sans rappeler le fameux « Easylink » de Rolex, bien que fonctionnant de façon totalement différente. Mais pourquoi se priver des excellentes idées de ses confrères quand le but est d’assurer une ergonomie parfaite au client ?
Seules ombres au tableau, un tarif de 21 500 € annoncé pour le modèle trois aiguilles et date, et une version féminine sans réel charme avec sa petite seconde à 9h.
Parmigiani Fleurier
Les présentations de cette maison sont très intéressantes car il s’y passe toujours quelque chose. Cette année, on nous présentait de manière didactique quelque vingt ans de créations d’une marque liée à son fondateur, véritable passionné d’horlogerie et dont la maîtrise horlogère n’est plus à démontrer. Sa création la plus personnelle, la Tonda 1950, désormais icône horlogère, vient de donner vie au modèle de haute horlogerie Tonda Chronor Anniversaire.
Il s’agit d’un magnifique chronographe à rattrapante dont la bienfacture est apparente au recto comme au verso. Chaque détail des différentes interprétations de ce chronographe hors normes est réalisé avec un soin qui pourrait être comparé à celui que consacrent Patek Philippe ou A. Lange & Söhne à leurs modèles. On parle ici de véritable haute horlogerie. Mais Parmigiani Fleurier, c’est aussi un laboratoire de recherche qui a révélé au grand jour son programme Senfine.
Chut, ne dévoilons pas tout encore…
Greubel Forsey
Une magnifique démonstration de « simplicité » que cette Signature 1. En ces temps de crise, Greubel Forsey se veut plus « abordable », plus simple, mais tout aussi appliqué en matière de finitions. Cette montre est la quintessence d’une approche exclusive et irréprochable de ce qu’est l’horlogerie de grand luxe. Il n’est qu’à observer la justesse du pont de balancier qui n’est pas sans rappeler celui du tourbillon de l’exceptionnelle IP One. Il ne nous reste plus qu’à admirer…
Richard Mille
Chaque année, nous usons de superlatifs à propos de Richard Mille car il dévoile toujours des montres extraordinaires. Cette année, ce pourrait être à nouveau le cas avec sa RM 50-02 ACJ Tourbillon. Mais c’était sans compter sur un modèle plus « sage » et pour autant tout aussi identifiable à la marque.
La RM 67-01 Automatique Extraplate est une montre extrêmement confortable au poignet et très facilement portable en tenue de ville. Sa faible épaisseur et le galbe de sa boîte de forme tonneau si chère à la marque la font adopter par qui la passera au poignet. Attention aux imprudents car il vous en coûtera tout de même la bagatelle de 89 000 € !
Montblanc
C’est à Montblanc que revient la Palme d’or, le César ou l’Oscar de ce SIHH 2016. Et cette fois pas pour une création en particulier, mais pour l’ensemble des modèles présentés lors de ce salon. De (très) nombreuses références, beaucoup de nouveautés, de l’audace, du style, de l’efficacité et des prix annoncés qui donneront aux futurs propriétaires l’impression d’en avoir pour leur argent.
On nous annonce une montre classique heure – minutes – secondes et date 4810 automatique à 2 690 €, une Day-Date à 2 790 €, un chronographe à 3 990 €, une heure du monde à 5 890 €, une montre de poche pouvant jouer les montres de table avec heures du monde à 8 500 €, un chronographe à quantième annuel en or à 18 000 €, un Exo Tourbillon Timewalker à 34 000 €, ou encore une pièce unique « Navigator » (déjà vendue) pour 395 000 €. Un grand écart parfaitement maîtrisé et qui n’a rien de mégalomane. Montblanc connaît son réseau de distribution et ses clients.
Depuis l’arrivée de Jérôme Lambert à sa tête, Montblanc ne cesse d’impressionner. Taxé par certains, à ses débuts, de déshabiller ses vieilles amours, le brillant CEO de la marque à l’étoile répond cette année avec des produits à la hauteur de sa réputation : percutants !!
Mieux encore, il annonçait il y a quelques semaines l’arrivée du talentueux Davide Cerrato à la tête de la division horlogère de la marque. Ce dernier a parfaitement endossé son nouveau costume pour nous présenter, avec une aisance déconcertante, les nouveautés dont il n’est pourtant pas l’initiateur. Cela augure de véritables bombes pour les prochaines collections. C’est du moins le minimum que l’on peut attendre d’un homme aussi inspiré.
Thierry Gasquez
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