Le 31 mai dernier, il a vendu aux enchères l’intégralité de sa collection horlogère, soit 43 pièces. Cela s’est passé à Hong Kong, sous le marteau d’Aurel Bacs, la star de la discipline.
Cela coïncidait, à quelques jours près, avec la réouverture de Chronopassion, sa boutique de la rue Saint-Honoré. L’occasion pour Passion Horlogère d’aller à sa rencontre et de lui donner la parole. Cette parole libre qu’il revendique toujours, comme l’a démontré encore sa fille, Éléonore à l’occasion d’un échange paru dans Revolution.
Un échange sans préparation, complètement improvisé, fruit d’une visite amicale et courtoise qui s’est transformée peu à peu en interview. Rencontre entre passionnés !Thierry Gasquez
Chronopassion a connu trois mois et demi de travaux avant de pouvoir rouvrir. Aujourd’hui c’est une nouvelle boutique qui vous accueille, plus grande, plus lumineuse, et mettant en avant le produit qu’elle propose : le garde-temps. Laurent Picciotto a réussi le tour de force de faire plus grand avec le même espace en sacrifiant une partie de l’arrière-boutique au profit de l’espace de vente et d’exposition des montres. Le résultat est édifiant ! Dès l’arrivée, l’immense vitrine propose une PLV digne du lieu imaginée par le talentueux Xavier Dietlin. Il est question ici d’optimiser l’espace… et le temps !
TG – Laurent, comment s’est passée cette expérience à Hong Kong ?
LP – C’était génial ! L’équipe Philips chinoise est au top ! Je connaissais déjà Aurel Bacs, je le savais très bon, mais là j’ai pu observer qu’il est réellement au-dessus de la mêlée ! Il travaille beaucoup. Les autres aussi travaillent, mais lui plus encore. Son équipe est très dynamique car ils ne sont pas plus de 300 quand ailleurs on dépasse le millier de collaborateurs. Là cela fonctionne comme une start up avec un dynamisme incroyable.
Je connaissais Aurel de la Fondation de la Haute Horlogerie. C’est un homme très précis, qui a un esprit analytique, et qui est un meneur d’hommes. J’ai compris de l’intérieur, avant la vente, que toutes les pièces allaient être vendues. Car son équipe fait un travail énorme. Il y a des meetings tous les jours avec tout le catalogue. Tout ce qui « n’est pas vendu » (ne fait l’objet d’aucun engagement internet ou par enveloppe pour le jour de la vente aux enchères ndlr) est sujet de relance de clients connus et pouvant être intéressés. Et puis il y a 5 jours de préparation avant la vente. C’est intense ! La pression monte au fur et à mesure que ce jour approche. La veille de la vente, la tension est palpable. Le matin de la vente, c’est glacial. En fait, le job est réalisé au maximum avant que la vente ne démarre…
TG – N’était-ce pas audacieux de vendre 43 pièces ? A savoir toute votre collection ?
LP – Il fallait prendre en compte tous les éléments, à savoir Aurel Bacs et Laurent Picciotto. Quel qu’ait été le résultat, c’était une belle opération de communication conjointe, qui permettait à l’un comme à l’autre de recruter de nouveaux clients, et même des clients de l’industrie horlogère… des copains parfois !! Petite anecdote, j’ai appris qu’un ami distributeur d’une très grande marque a acquis mon Hublot Classic Fusion Jean’s qu’il ne pourra pas forcément porter souvent, (car il n’a pas la marque). En fait il voulait surtout récupérer le poster pour l’installer dans son bureau. Cela m’a bien fait rire…
Le public connaît les patrons de marques mais pas forcément les détaillants. Avec cette opération, j’ai pu démontrer qu’un détaillant peut être passionné, collectionneur, et même à l’affiche. En fait toute cette opération a été tellement sympa, dans une telle ambiance, qu’il se peut que cela me donne de nouvelles idées. C’est une expérience qui en appelle d’autres.
TG – Et maintenant ? Qu’allez-vous porter ?
LP – Je redémarre à zéro. Et cela va me permettre une sélection plus fine, moins boulimique, moins automatique. Comme beaucoup de hobbies, la collection de montres mobilise beaucoup d’argent et empêche parfois un plaisir de se réaliser. Aujourd’hui je porte une Girard-Perregaux Laureato Skeleton qui me faisait très envie, et je regarde avec beaucoup d’intérêt la Legacy Machine à quantième perpétuel de MB&F.
TG – Il n’y a pas de regret d’avoir vendu ces 43 pièces ?
LP – Non. Ou peut-être si, un regret. Ma Silberstein !
Car la marque n’existe plus, et que cette montre ne se fera plus jamais… Mais cette vente a été une super expérience donc, globalement, je n’ai aucun regret !
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