Ce sujet fait suite à une première revue « théorique » que j’avais effectuée il y a quelque temps concernant la Flightmaster… J’ai depuis réussi à réunir les 3 exemplaires que je souhaitais (c’est-à-dire représentant l’évolution complète de la série), et tels que je les cherchais : dans le meilleur état possible et totalement originaux. Cette (longue !) recherche s’est avérée intéressante et fructueuse, puisqu’elle m’a finalement permis de trouver 3 modèles rendus très différents par l’âge :
– un 1er modèle totalement original ayant pris une patine assez incroyable, avec des couleurs très vives et très marquées sur un cadran aux tonalités marron foncé (réf. ST 145.013), – un 2ème modèle très particulier à cause de ses compteurs clairement décolorés et de couleur « chocolat au lait » (réf. ST 145.026), – un 3ème modèle un peu plus récent, entièrement refait par Omega à Bienne, et à l’aspect réellement comparable à ce que pouvait être la montre neuve (réf. ST 145.036).
La seule façon de procéder à une revue réellement détaillée, exhaustive et juste (ou quasiment, car il est impossible de tout certifier à 100%) est d’avoir la chance de pouvoir observer l’ensemble des modèles concernés, afin de pouvoir noter progressivement toutes les singularités de chaque pièce. Cela requiert du temps et de la patience. J’ai donc maintenant la possibilité de formaliser une revue plus « concrète » basée exclusivement sur l’observation et l’analyse de mes 3 modèles.
Par ailleurs, le fait d’avoir fait restaurer l’une de ces trois montres par Omega me permet également de pouvoir caractériser les pièces de fourniture par rapport aux pièces originales. Cela n’a jamais vraiment été observé pour les Flightmaster. Je vais donc tâcher de l’expliquer au cours de cette étude. Par chance (et il convient de souligner cet énorme avantage), Omega restitue toujours les pièces originales, ce qui permet éventuellement de remonter certains éléments originaux non endommagés après la restauration. C’est ce que j’ai fait pour le modèle ST 145.036, mais les photos présentées ci-après ont été effectuées avant ce remontage ce qui permet d’illustrer la revue et de comprendre les différences.
Bref rappel historique du modèle Flightmaster
La famille Flightmaster est née en 1969 avec, pour la première fois de la part d’Omega, la création d’une montre spécifiquement étudiée pour les pilotes d’avions. Les modèles Flightmaster ont en effet été imaginés pour une utilisation très concrète dans le monde de l’aviation civile et militaire, ainsi que pour les « voyageurs intercontinentaux » comme le mentionnaient les publicités de l’époque. Ils ont été produits jusqu’au milieu des années 1970. Le dernier catalogue les faisant figurer parmi la gamme de produits disponibles date de 1977.
Le Flightmaster, c’est d’abord une forme, singulière, imposante, typique, qui prendra le nom de « Pilot line », et qui sera également reprise sur d’autres modèles Omega de la famille Seamaster du début des années 70. Et puis ce sont des couleurs vives et un grand nombre d’aiguilles (sept), de couronnes (trois) et de poussoirs (deux)… le tout dès 1969 ! Fonctions chronographe complet, chronographe simplifié avec la lunette tournante intérieure, et GMT avec l’aiguille bleu vif en forme d’avion caractéristique du modèle : il s’agit en fait certainement de la montre la plus professionnelle de la gamme.
Cette montre n’a jamais été copiée et ne ressemble à aucune autre (hormis sa réédition récente par Omega, la Z-33). Elle est unique en son genre et est à mes yeux incontournable dans toute collection Omega, au même titre que la Speedmaster Moonwatch et la Seamaster 300.
Pour mémoire, j’avais dans un premier temps formalisé ce tableau de synthèse permettant de visualiser les grandes différences entre les 3 références (plus la version or jaune de 1969). Les informations présentées proviennent de la littérature et de la documentation existantes (mais pas officiellement d’Omega). Certaines données (poids et dimensions) seront vérifiées et corrigées dans cette étude plus concrète.
Remarques
Le nom « flightmaster » avait en fait été utilisé une première fois par Omega quelques années auparavant, pour la production d’une série limitée de modèles de type Railmaster (référence CK 2914) destinés aux pilotes de chasse péruviens (les « FAP »), qui avaient souhaité avoir la mention « Flightmaster » plutôt que « Railmaster » sur les cadrans (et au dos) de leurs montres.
Les chronographes Flightmaster seront aussi associés à la conquête spatiale car ils ont officiellement été portés par des cosmonautes soviétiques lors du programme Apollo – Soyuz.
★ PRESENTATION DES MODELES
OMEGA FLIGHTMASTER 1ERE GENERATION (ST 145.013)
Référence : ST 145.013
Calibre : 910 S/N : 31.631.xxx
Date de livraison : juin 1971
OMEGA FLIGHTMASTER 2EME GENERATION (ST 145.026)
Référence : ST 145.026
Calibre : 911 S/N : 31.630.xxx
Date de livraison : mai 1971
OMEGA FLIGHTMASTER 3EME GENERATION (ST 145.036)
Référence : ST 145.036
Calibre : 911 S/N : 33.317.xxx
Date de livraison : juin 1973
★ ANALYSE DES CALIBRES
Il existe 2 types principaux de calibres pour la famille Flightmaster, dérivés du calibre 861 équipant, entre autres, la Speedmaster Moonwatch :
– le calibre 910 (monté uniquement sur la référence ST 145.013), dont la particularité est de donner une indication 0-24h placée dans le compteur situé à 9h, – le calibre 911 (monté uniquement sur les références ST 145.026 et ST 145.036), avec les secondes permanentes à 9h.
Mais on peut en réalité trouver 2 versions légèrement différentes du calibre 911, car le frein du chronographe initialement en acier a ensuite été remplacé par un frein en Delrin (vraisemblablement en 1974/75), exactement comme sur le calibre 861.
Ces 3 calibres possèdent tous les spécificités suivantes :
– mouvement mécanique à remontage manuel, – fonctions chronographe et GMT, – diamètre : 27 mm, – 21.600 alternances / heure, – 17 rubis, – réserve de marche : environ 50 heures.
Calibre 910 (ST 145.013, 1971)
Calibre 911 (ST 145.026, 1971)
Calibre 911 (ST 145.036, 1973)
★ ANALYSE DES CADRANS
Ces 3 cadrans sont tous originaux mais sont totalement différents les uns des autres. Il est par conséquent intéressant de les comparer en détails.
Présence ou non de points tritium autour de l’index principal
Le cadran du modèle ST 145.013 est un cadran de 1ère génération mais de seconde série (aussi appelée Mk 2).
Les cadrans de 1ère génération (c’est-à-dire ayant équipé les Flightmaster de 1ère génération, ST 145.013) se divisent en effet en 2 séries distinctes (Mk 1 et Mk 2). Ces 2 séries sont globalement identiques mais diffèrent par la présence ou non de points de tritium autour de l’index principal à 12h. Les premiers cadrans (Mk 1) ne possèdent pas ces points alors que les cadrans successifs (Mk 2) les ont (et ce sera également le cas pour les deux générations suivantes : ST 145.026 et ST 145.036). Ce modèle étant assez tardif (1971, alors que la production a démarré en 1969), il est logique qu’il possède un cadran de type Mk 2. Il n’y a pas d’informations précises quant au nombre de cadrans Mk 1 produits ni à leur période de fabrication, mais il est certain qu’ils sont beaucoup plus rares et ont donc dû équiper seulement des modèles de tout début de production.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Ecriture « Ω OMEGA flightmaster »
Une première remarque intéressante concerne le nom du modèle qui est toujours écrit en minuscule, même la première lettre (ce sera également le cas pour la mention « flightmaster » gravée sur les fonds).
Pour ce qui concerne les différentes typographies, on constate que celle de la 1ère génération est radicalement différente des deux suivantes, qui elles sont comparables. Les formes des caractères sont différentes (par exemple : « E » de « OMEGA », « g » et « s » de « flightmaster »), et les lettres du cadran de ST 145.013 ont un empattement prononcé que celles des autres cadrans ne possèdent pas.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Ecriture « T SWISS MADE T »
Les 3 cadrans ont une caractéristique identique : celle d’avoir un point tritium appliqué par-dessus l’écriture « T SWISS MADE T », pouvant ainsi en cacher une partie. Mais il est possible de trouver des cadrans de ST 145.026 ou ST 145.036 ne possédant pas de points tritium à 6h (ni à 3h / 9h).
Par ailleurs, la typographie de la référence ST 145.013 est plus grande et plus large, avec des « T » plus écartés, alors que les « T » des deux références successives sont situés pratiquement au-dessus des index correspondant à 32 et 28 secondes. Les écritures sont toujours avec empattement.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Chiffres des compteurs
Je ne reviendrai pas sur la différence fondamentale entre la référence ST 145.013 d’une part et les deux références successives ST 145.026 et ST 145.036 d’autre part : le compteur situé à 9h est un simple indicateur 0-24h dans le premier cas alors qu’il indique les secondes permanentes dans les autres. Ceci se justifie d’ailleurs par la différence de calibres (910 puis 911).
En revanche, l’analyse des typographies est assez compliquée car il ne semble pas y avoir de logique particulière dans l’évolution des caractères. Rappelons que les deux premiers cadrans (ST 145.013 et ST 145.026) sont de générations différentes mais de la même année (1971), alors que le troisième (ST 145.036) est un peu plus récent (1973).
Les principales caractéristiques de chacun de ces compteurs peuvent être résumées comme suit :
– comme pour les écritures de haut de cadran, les chiffres de la 1ère génération sont avec empattement alors que les autres en sont dépourvus, et cet élément semble donc caractériser les cadrans de ST 145.013 par rapport à leurs successeurs, – les compteurs totalisateurs des minutes des références ST 145.013 et ST 145.026 sont comparables mais diffèrent de celui de la référence ST 145.036 (qui a des chiffres plus petits, et de formes légèrement différentes : « 0 » plus étroit, « 2 » moins arrondi…), – les compteurs totalisateurs des heures des référence ST 145.026 et ST 145.036 sont comparables mais diffèrent de celui de la référence ST 145.013 (qui a des chiffres plus grands, et surtout un « 3 » différent avec un sommet plat alors que celui des deux autres est arrondi…), – un détail est assez surprenant : pour les deux dernières références ST 145.026 et ST 145.036, les « 3 » des compteurs totalisateurs des minutes (arrondis) sont différents de ceux des compteurs totalisateurs des heures (sommet plat, comme sur la référence ST 145.013), – enfin, notons que les index des compteurs totalisateurs des minutes sont plus fins sur la référence ST 145.013 que sur les deux suivantes.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Cadrans originaux : ce qu’il faut retenir
Les trois cadrans présentés ici ne sont que des exemples, car il en existe en réalité plusieurs typologies, mais surtout les évolutions de couleurs et de patines ont énormément varié avec le temps, ce qui fait que les cadrans de Flightmaster sont pratiquement tous différents les uns des autres (à part peut-être les plus récents de couleur gris anthracite). Ils peuvent soit différer dès l’origine (comme par exemple avec les cadrans de type « albinos », c’est-à-dire de teinte gris très clair avec des compteurs foncés), soit prendre des teintes très différentes avec l’âge, avec des fonds gris (voire beige, marron) allant du très clair au très foncé, et des compteurs de couleurs très originales (chocolat, gris anthracite…).
C’est clairement l’un des charmes de ces modèles.
En synthèse :
– il existe deux types clairement identifiés de cadrans de 1ère génération (ST 145.013) : Mk 1 (sans points tritium autour de l’index principal à 12h) et Mk 2 (avec points tritium comme illustré ici) ; les cadrans Mk 1 ont été installés sur les premiers modèles puis ont assez vite été remplacés par les cadrans Mk 2, – il existe plusieurs variations de cadrans de 2ème et 3ème générations (ST 145.026 et ST 145.036) : avec ou sans points tritium à 3h, 6h, et 9h, et avec des typographies légèrement différentes pour les chiffres du compteur totalisateur des minutes.
Ces différents types de cadrans ne peuvent cependant pas être datés avec précision.
Cadrans de service
Je ne présenterai pas ici les cadrans de fourniture qui sont très facilement identifiables grâce à l’absence de « T » autour de « SWISS MADE », puisque les index sont peints au luminova et non au tritium comme sur les cadrans originaux.
★ ANALYSE DES AIGUILLES
Il n’existe pas de différence fondamentale entre les aiguilles des différentes générations.
Il est important de comprendre que les configurations d’aiguilles jaune ou orange ne dépendent absolument pas des références, contrairement à ce que l’on peut parfois lire ou entendre. Il s’agissait au départ d’une différence de destination des montres (jaune pour une utilisation professionnelle et donc pour les pilotes d’avions, et orange pour le civil), mais cette particularité a ensuite disparu et il s’agissait à la fin d’une option disponible pour tous.
L’aiguille du second fuseau horaire est toujours bleu vif, avec une forme spécifique au Flightmaster rappelant celle d’un avion.
Comme sur tous les chronographes Omega de cette époque, il y a une correspondance de couleur entre les aiguilles heures / minutes / secondes permanentes d’une part (blanches) et les aiguilles de la fonction chronographe d’autre part (toutes de la même teinte : orange ou jaune).
Aiguilles de service
Les aiguilles de service se reconnaissent :
– à leur luminescence au luminova, alors que les aiguilles originales sont au tritium, – à une forme légèrement plus pointue et plus longue pour les aiguilles principales (heures, minutes), – à une forme légèrement plus large pour les aiguilles de la fonction chronographe, et à une couleur beaucoup plus éclatante, presque « fluo » (les aiguilles originales sont soit plus foncées soit au contraire plus délavées).
Cette particularité est parfaitement illustrée par les 3 photos présentées ci-dessus (aiguilles originales sur les modèles ST 145.013 et ST 145.026, et de fourniture sur le modèle ST 145.036).
★ ANALYSE DES VERRES
Une première différence est très simple à comprendre et caractérise la référence ST 145.013 par rapport aux suivantes : elle possède une glace bombée (en verre minéral ou en plexiglas) alors que les deux autres ont un verre minéral plat anti-reflets. Ceci est clairement visible sur les photos suivantes :
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Par ailleurs, le verre de cette référence ST 145.013 est le seul à posséder un logo Ω en son centre (et dans ce cas il s’agit de la pièce originale avec son logo étroit) :
ST 145.013
Différence de conception entre les références ST 145.026 et ST 145.036
Il est souvent assez compliqué de comprendre la réelle différence entre la référence ST 145.026 et la référence successive ST 145.036. La littérature disponible indique qu’il s’agit d’une différence de montage de la glace (la première possède une glace suspendue à gorge alors que la seconde est à manchon). Mais au-delà de l’aspect technique, ceci n’est guère explicite pour un oeil non averti… En fait, cette différence est assez clairement visible en observant le verre et la lunette tournante interne des 2 montres. Sur la première (ST 145.026), cette lunette est placée directement sous le verre et est donc en position haute, alors que sous la seconde, elle est beaucoup plus basse. Certainement pour des raisons techniques, la forme de la carrure est également légèrement différente autour de la glace entre les deux modèles : celle de la référence ST 145.026 a un bord plus épais, alors que celle de la référence ST 145.036 possède un bord plus fin.
ST 145.026
ST 145.036
★ ANALYSE DES CARRURES
Il est très difficile de comprendre les différences de tailles des 3 modèles lorsqu’on les observe individuellement. En revanche, ces différences deviennent évidentes lorsqu’on les compare directement comme sur les photos ci-dessous. La carrure de 1ère génération est beaucoup plus fine, avec des poussoirs et des couronnes montés au niveau de la partie supérieure de la montre (ils viennent même empiéter sur la tranche supérieure), alors qu’ils sont clairement plus bas sur les deux générations suivantes ; la carrure de 3ème génération est la plus épaisse.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Un détail assez amusant concerne les deux couronnes situées à gauche de la montre lorsqu’on la regarde de face : elles ne sont pas centrées autour de l’axe horizontal 3h–9h, c’est-à-dire que la couronne supérieure est située au niveau de la graduation « 50 » de la lunette alors que la couronne inférieure n’est pas située au niveau de la graduation « 40 » mais entre les graduations « 40 » et « 45 ». Ceci est visible aussi bien sur les photos de profil ci-dessus (la couronne bleue semble décalée sur la gauche) que sur les photos de face du début.
Les photos des profils des trois modèles prises côté bracelet montrent parfaitement les différences d’épaisseur. A ce propos, on notera que les entre-cornes sont totalement masquées sur ce type de carrure.
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036
Les dimensions exactes et mesurées sur ces 3 modèles sont résumées ci-après, ainsi que leurs poids respectifs. Elles diffèrent légèrement des données théoriques présentées en début de revue.
★ ANALYSE DES COURONNES ET POUSSOIRS
Présentation des différents éléments
La Flightmaster est une montre assez singulière puisqu’elle possède 3 couronnes et 2 poussoirs.
Pour mémoire, le rôle de chacun de ces éléments est résumé ci-après :
– la couronne située à 3h sert à remonter la montre (calibre à remontage manuel) et, en la tirant d’un cran, à régler les heures et minutes, – la couronne située à 8h sert à régler la lunette tournante interne, – la couronne située à 10h sert à régler l’aiguille bleue (second fuseau horaire), – le poussoir situé à 2h sert à déclencher la fonction chronographe (1ère pression) et à l’arrêter (2nde pression), – le poussoir situé à 4h sert à remettre à zéro les aiguilles du chronographe.
Il y a une correspondance entre les couleurs des poussoirs et des deux couronnes supplémentaires et leurs fonctions respectives :
– les deux poussoirs du chronographe ont des pastilles jaune et rouge, ce qui correspond aux couleurs des aiguilles du chronographe (normalement orange foncé, ou jaune en option pour une utilisation professionnelle dans les cockpits d’avions éclairés aux infrarouges), – la couronne servant au réglage du 2nd fuseau horaire a une pastille bleue, comme l’aiguille correspondante en forme d’avion, – la couronne servant au réglage de la lunette a une pastille noire.
Couronne principale
Les couronnes des modèles ST 145.013 et ST 145.026 sont toutes les deux originales. Elles ont le même diamètre (6,20 mm) et le même nombre de dents (22), mais sont différentes entre elles : le logo de la 1ère génération est plus petit et étroit, alors que celui de la 2ème génération est un peu plus large.
La couronne du modèle ST 145.036 est une pièce de fourniture : le logo est beaucoup plus grand (la couronne originale de la référence ST 145.036 est en fait identique à celle de la référence ST 145.026).
ST 145.013
ST 145.026
ST 145.036 (pièce de service)
Poussoirs et couronnes secondaires
Les poussoirs et couronnes secondaires sont en principe identiques entre les différentes générations. Il est assez communément admis que certains poussoirs de 1ère génération peuvent ne pas avoir de pastilles colorées, mais ceci est très rare et ne devrait concerner que le tout début de production. La très grande majorité des poussoirs de Flightmaster sont donc semblables à ceux présentés ici.
Toutefois, comme pour les couronnes principales, il est possible de distinguer les éléments originaux des éléments de service :
– les pastilles jaunes et rouges des poussoirs de service sont séparées par une bande métallique plus large que sur les poussoirs originaux, – les pastilles bleues et noires des couronnes secondaires de service sont plus grandes que celles des couronnes originales.
Pièces originales
Pièces de service
★ ANALYSE DES LUNETTES INTERNES
Lunettes originales
Il existe 2 types de lunettes internes tournantes :
– un premier type avec une typographie plus fine, – un second type avec une typographie plus épaisse.
Il semblerait que le type 1 soit antérieur au type 2, et soit donc monté plutôt sur des références ST 145.013, mais il est possible d’observer des lunettes de type 2 montées sur des Flightmaster de 1ère génération et des lunettes de type 1 montées sur les générations suivantes. Ceci est certainement dû à des périodes de chevauchement dans la production des différentes références ou éventuellement à des remontages successifs.
Lunette de type 1
Lunette de type 2
Lunettes de service
Les lunettes de fourniture sont assez simples à reconnaître :
– grâce à une typographie différente et un empattement très marqué, que les pièces originales n’ont pas, – grâce aux chiffres « 0 », tous identiques entre eux et plus larges, alors qu’ils sont différents entre eux et plus étroits (sauf celui du « 10 ») sur les lunettes originales.
Pièce originale
Pièce de service
★ ANALYSE DES FONDS
Il n’existe pas de différence esthétique entre l’extérieur des fonds de 1ère, 2ème et 3ème génération. Ils sont tous vissés, doivent tous comporter le logo Ω, le dessin d’un avion de ligne, la mention « flightmaster » en minuscules, le tout entouré de deux cercles concentriques, et être entièrement brossés « soleil ».
La distinction entre les différentes références se fait donc uniquement grâce aux indications gravées à l’intérieur de chaque fond.
Le logo représentant un casque de scaphandre sous les inscriptions est celui de la Maison Piquerez, qui est le fabricant des boîtes de tous les modèles de Flightmaster.
D’autre part, il est intéressant de remarquer que le 1er fond (celui de la référence ST 145.013) possède en plus des indications classiques une mention « DDE BR. ✙ 2750/67 ». On retrouve également cette mention sur quelques autres fonds de montres Omega (certaines Speedmaster Professional Mark II de début de production par exemple).
Il s’agit d’une demande de brevet (DDE BR) en cours et dont la certification n’a pas encore été obtenue à la date de fabrication du fond (en d’autres termes, l’équivalent suisse du « patent pending » américain). La mention « 2750/67 » indique le n° et l’année de la demande. Ce brevet concerne en fait l’invention d’un nouveau type de boîte de montre étanche par le fabricant Piquerez, comme l’indique cet extrait du document original :
Ce brevet a été déposé le 24/02/1967, et a été délivré le 15/03/1970. Or, d’après son extrait d’archives, cet exemplaire ST 145.013 n’est sorti de production que le 09/06/1971. Ceci illustre donc parfaitement les mécanismes de production de l’époque, qui suscitent souvent de nombreuses questions : dans ce cas, on constate donc que la boîte et le fond ont été fabriqués avant mars 1970 (avant l’obtention du brevet, d’où le marquage) mais n’ont été emboîtés qu’en juin 1971, d’où un décalage de plus d’un an, comme c’est également le cas pour les mouvements par exemple.
Fonds de service
Comme souvent chez Omega, les fonds de fourniture peuvent être identifiés grâce à un « 0 » supplémentaire dans la référence gravée à l’intérieur des fonds (145.013 devient 145.0013, 145.026 devient 145.0026 et 145.036 devient 145.0036).
Par ailleurs, ils ne sont plus fabriqués par Piquerez mais par Georges Ruedin SA (comme beaucoup d’autres fonds de service Omega), dont le logo est un disque divisé en 4 quarts dans lesquels figurent les lettres G, R, S, A.
★ ANALYSE DES BRACELETS
L’entre-cornes de toutes les références Flightmaster est de 22 mm.
Le modèle ST 145.026 est monté ici sur un bracelet en cuir noir original de type « racing », doté d’une boucle ardillon originale avec logo appliqué. Cette configuration date d’ailleurs plutôt du milieu des années 70.
Les modèles ST 145.013 et ST 145.036 sont tous deux équipés d’un bracelet en acier original de référence 1162 avec pièces de bout n°172, ce qui est correct pour leur période de production. Tous les modèles pouvaient également être proposés avec un bracelet de référence 1159 (2 mailles étroits entre 3 mailles plus larges, et une boucle légèrement différente), et des pièces de bout n°155.
★ CONCLUSIONS
Cette montre est réellement fascinante, avec une présence incomparable, totalement différente de la production standard, et extrêmement représentative de son époque. Elle est relativement rare et il n’est pas courant d’en croiser une dans la vie quotidienne. Contrairement à d’autres modèles emblématiques de la marque (Speedmaster, Seamaster…), il n’existait pas vraiment de revue détaillée des différentes références et c’est la raison pour laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à la réaliser.
Aide à l’identification des 3 références
Il est finalement assez simple d’identifier immédiatement les différentes références, sans avoir à en ouvrir le fond :
– la référence ST 145.013 a forcément un compteur vert et noir à 9h et un verre bombé, – la référence ST 145.026 a des compteurs de même couleur, une lunette tournante interne proche du verre plat et des bords plus larges autour du verre, – la référence ST 145.036 a des compteurs de même couleur, une lunette tournante interne plus basse et détachée du verre plat, et des bords plus fins.
Ce qu’il faut examiner avant l’achat
Il faut bien entendu vérifier que tous les éléments sont cohérents, comme expliqué dans cette revue. Mais une montre vintage n’est jamais parfaite, les budgets ne sont pas infinis, et il faut parfois faire quelques concessions…
Je pense que les points les plus importants sont le cadran (original) qui ne doit pas être abîmé ni refait, et la carrure qui ne doit pas avoir subi de chocs ni être trop polie (on trouve même parfois des exemplaires qui ont été entièrement polis « miroir » et qui sont alors quasiment irrécupérables).
Le mouvement peut toujours être révisé, il est dérivé du 861 et ne pose donc pas de problèmes particuliers, à condition toutefois qu’il n’ait pas subi de dommages irréversibles ou de corrosion trop importante.
Cote des Flightmaster
Je ne peux que conseiller d’acheter ces modèles qui sont encore relativement abordables (et même réellement sous-cotés si on les compare au reste du marché…), bien qu’assez rares, très originaux et dotés d’un excellent calibre.
A ce propos, et sans vouloir aborder trop précisément le thème des estimations ni donner de chiffres détaillés ici, je souhaiterais en profiter pour expliquer une nouvelle fois qu’il existe une grande hétérogénéité entre les modèles que l’on trouve. Après cette revue, je pense qu’il est facile de comprendre qu’il y a en fait une multitude d’éléments qui composent une montre, et qu’un exemplaire entièrement original, dont aucune des pièces n’a été remplacée par un élément de service ou par celui d’une autre référence, en bon état (le cadran est primordial), sans polissage excessif ni chocs irréparables, révisé et en bon état de fonctionnement ne peut pas valoir le même prix qu’un exemplaire apparemment présentable mais incohérent ou encore totalement abîmé et à restaurer… Cela semble évident, mais parfois ce n’est pas totalement compris… A titre d’exemple, des couronnes ou poussoirs de Flightmaster originaux sont extrêmement difficiles à trouver et peuvent se négocier plusieurs centaines d’euros, alors que les mêmes éléments mais de service sont vendus sans aucun problème par divers fournisseurs pour quelques dizaines d’euros. Il en va de même pour les lunettes internes, les aiguilles, et bien sûr les cadrans. Il est donc clair que l’addition finale peut se révéler bien différente.
Le modèle de 1ère génération ST 145.013 est le plus coté et s’échange à un prix environ 20% supérieur à celui des autres références (à qualité égale), qui se trouvent quant à elles à des prix équivalents. A noter : les références ST 145.013 équipées d’un cadran Mk 1 (1ère série) sont très rares et donc plus chères.
Une autre question souvent posée concerne les exemplaires « boîte / papiers » : certes, il est toujours amusant d’avoir ces éléments lorsqu’on achète une montre, mais on peut aujourd’hui acheter une boîte seule sur ebay assez facilement et pour une somme relativement modique ; il vaut donc mieux privilégier la qualité de la montre plutôt qu’un « pseudo full set » reconstitué avec un exemplaire de qualité très moyenne, comme on le voit trop souvent…
En synthèse, les prix peuvent donc varier du simple au double, et c’est tout à fait normal, car les beaux exemplaires 100% originaux sont rares. Et il faut aussi beaucoup de temps et de patience pour les trouver…
A tel point que j’ai finalement décidé de conserver le modèle de 3ème génération ST 145.036 avec aiguilles jaunes présenté dans cette revue…
Un grand merci à Roberto de NewOldTime pour m’avoir trouvé cette splendide « Flighty 910 » et à Luca pour sa disponibilité et ces magnifiques photos.
Bonjour,
Je découvre votre sur la saga des Flightmaster. Je ne sais comment vous remercier, j’ai enfin appris tout ce que je devais savoir sur cette montre que je possède. Votre article va au delà de toutes mes espérances. Je suis propriétaire d’une 145.013 héritée de mon Grand-Père, il l’avait reçu comme cadeaux par ses employeurs pour ses 30 ans de maison. On peu encore lire la gravure et le prénom de mon Grand-Père. Elle est en ma possession depuis 1992, il me l’avait offerte pour mes 25 ans. Encore MERCI, tout mes respects et mon admiration pour cet article.
S. Gauthey
Merci pour ce commentaire élogieux qui sera transmis à Anthony, l’auteur de cet article. Cordialement