La Manufacture Omega de Villeret (Suisse), ouverte depuis environ un an et consacrée à la fabrication des mouvements Omega, se veut résolument très moderne. Le bâtiment regroupe le personnel administratif, les ateliers de montage et d’assemblage des calibres ainsi que la gestion des stocks.
Les machines sur lesquelles travaillent les horlogers sont très perfectionnées et l’ergonomie des postes de travail a été étudiée avec soin.
L’eau et la poussière étant les « ennemis » principaux des horlogers et de leurs calibres, l’accès des ateliers est protégé par des sas afin de limiter au maximum l’intrusion des poussières dans les espaces dédiés au montage et à l’assemblage des mouvements. Ainsi, alors que l’on trouve environ 4500 particules (d’une taille supérieure à 25µ) par mètre cube dans l’air extérieur, il y en a moins de 100 dans les ateliers.
Le personnel horloger est vêtu de combinaison et chaussures adéquates et leur chevelure est protégée par une charlotte. Deux équipes de travail se relaient de 6h00 à 22h00 et chaque personne possède les compétences requises pour travailler sur les différents postes des ateliers.
L’automatisation de la délicate opération de huilage des pièces, mise au point à l’aide du fabricant de machines « Microdrop », se révèle particulièrement efficace. Il n’existe pas moins de 120 points de huilage (avec des huiles différentes).
L’organisation et les nouvelles machines permettent une traçabilité maximale de chaque mouvement produit ainsi que de ses composants. Cette traçabilité facilite les recherches et les diagnostics en cas de défaillance ou de problème technique.
Cette organisation et ces nouvelles lignes d’assemblage avaient fortement impressionnés Daniel Craig lors de sa visite en août dernier.
Les mouvements produits dans la Manufacture de Villeret sont réglés dans la norme du COSC (-4s/+6s) puis envoyés au célèbre Contrôle Officiel pour obtenir la certification chronomètre.
Cependant, Omega cherche à obtenir et garantir une meilleure qualité à ses montres. Il a donc travaillé en collaboration avec le METAS (Institut fédéral suisse de métrologie) afin de mettre au point une série de tests garantissant des niveaux optimaux de performance, de précision et de résistance aux champs magnétiques jusqu’à 15 000 gauss.
METAS est un institut fédéral suisse indépendant. Il travaille dans différents domaines tels que le commerce, la santé, l’environnement ou encore la sécurité publique en contrôlant notamment le bon fonctionnement des radars autoroutiers.
Omega et l’institut METAS ont travaillé sur la mise au point d’un label de certification portant sur le fonctionnement du mouvement et de la montre exposés à des champs magnétiques supérieurs à 15 000 gauss, sur la précision quotidienne moyenne avec un objectif de 0 à +5sec./jour, sur la réserve de marche et sur l’étanchéité.
La certification chronomètre obtenue de la part du COSC, les mouvements arrivent à la manufacture de Bienne et passent de nouveau entre les mains des horlogers Omega qui améliorent le réglage pour obtenir la norme 0/+5 sec/jour.
Manufacture de Bienne
Mouvements revenus du COSC et prêts pour passer les tests «Master Chronometer »
Ils sont alors prêts pour passer le protocole de test des huit points différents se déroulant sur 10 jours.
Mr Hobmeier (vice-président d’Omega et chef de production) nous détaille les étapes de ce protocole :
La précision journalière de la montre
Ce test dure quatre jours et permet de vérifier la précision moyenne de la montre en conditions d’utilisation quotidienne. La montre est placée dans des positions et soumise à des températures différentes, puis exposée à un champ magnétique de 15 000 gauss. Elle est ensuite démagnétisée avant d’être testée à nouveau selon différentes positions et températures. À chaque étape, on prend une photo de la montre, puis on vérifie sa précision 24 heures plus tard en comparant avec l’heure UTC.
Le fonctionnement du mouvement certifié COSC pendant l’exposition à un champ magnétique de 15 000 gauss
Ce test concerne uniquement le mouvement de la montre. Cette dernière est placée dans deux positions différentes et exposée à un champ magnétique de 15 000 gauss pendant trente secondes dans chaque position. On vérifie le fonctionnement du mouvement au son qu’il émet grâce à l’utilisation d’un microphone.
Le fonctionnement de la montre pendant l’exposition à un champ magnétique de 15 000 gauss
Ce test est semblable au deuxième. Cette fois-ci, plutôt que le mouvement seul, c’est la montre dans son ensemble qui est soumise à un champ magnétique de 15 000 gauss et son fonctionnement est vérifié par le biais d’un micro. À l’heure actuelle, nous sommes en permanence entourés de champs magnétiques, qui émanent d’objets aussi usuels que les tablettes, les téléphones, les sèche-cheveux et jusqu’aux fermoirs métalliques des sacs à main. Une montre mécanique dénuée de dispositifs antimagnétiques innovants peut voir sa précision baisser à long terme en raison de son exposition à ces champs magnétiques.
L’écart de précision journalière après l’exposition à un champ magnétique de 15 000 gauss
Ce test permet de déterminer l’écart moyen de précision de la montre entre les deuxième et troisième jours du premier test. Le résultat révèle la précision journalière de la montre avant et après exposition à un champ magnétique de 15 000 gauss.
L’étanchéité
Ce test plonge la montre sous l’eau en appliquant une pression qui augmente progressivement jusqu’à atteindre la pression limite indiquée. Pour certaines montres, cela peut aller plus loin. Cela permet de garantir que chaque exemplaire est testé dans des conditions d’utilisation sous-marine.
La réserve de marche
Ce test permet de vérifier la réserve de marche de la montre en prenant des photos au début et à la fin de la limite prévue. On recherche ensuite les écarts éventuels. Ce test garantit que chaque montre fonctionne avec précision pendant la durée indiquée par la réserve de marche. Il est toujours important de savoir que sa montre continue de bien fonctionner, y compris après être restée un week-end entier posée sur votre table de chevet.
L’écart de marche entre 100% et 33% de réserve de marche
Ce test place la montre dans six positions différentes, comme les six faces d’un dé. Après avoir été complètement remontée, la montre reste trente secondes dans chaque position et sa précision moyenne est vérifiée par le biais d’un micro. La réserve de marche est ensuite réduite à un tiers de sa capacité maximale puis vérifiée à nouveau, ce qui permet de s’assurer que la précision reste fiable lorsque la montre n’est pas complètement remontée.
L’écart de marche de la montre dans six positions
Ce test est semblable au test précédent et permet de déceler tout écart de marche lorsque la montre est placée dans six positions différentes, là encore à la façon des six faces d’un dé. Le test dure trente secondes dans chaque position et les résultats sont enregistrés par un micro. Le fait de placer une montre dans différentes positions permet de garantir que les performances de la montre ne varient pas en fonction de ce que le porteur est en train de faire, qu’il soit assis à un bureau ou en pleine activité physique intense.
METAS dispose d’un espace réservé à l’intérieur de la manufacture de Bienne afin de mener et superviser les différentes étapes du protocole.
Cette certification, mise au point conjointement par Omega et METAS, est dénommée : « Master Chronometer ». Elle est disponible pour n’importe quelle marque horlogère qui souhaite soumettre ses montres et mouvements aux huit tests.
La première montre certifiée « Master Chronometer » est la montre Omega Globemaster. Symboliquement, M. Bock, directeur de METAS, a remis à M. G.N. Hayek la première montre certifiée « master Chronometer » par l’Institut METAS à l’issue d’une conférence de presse le 21 octobre 2015.
Cette conférence de presse à laquelle participaient MM. G.N. Hayek (CEO de Swatch Group), S. Urquhart (CEO d’Omega), A. Hobmeier (vice-président du département production et achats d’OMEGA) et C. Bock (président de METAS), a permis à Omega d’annoncer sa volonté d’étendre cette nouvelle certification à toutes ses montres à mouvement mécanique d’ici 2020.
Pour M. Hayek, ce nouveau label doit permettre d’accroître la qualité des montres Omega mais également de renforcer la confiance des acquéreurs dans les produits Omega.
M. Bock, quant à lui, a bien précisé que chaque montre passait les tests pour recevoir la certification « Master Chronometer » et confirmé qu’Omega n’avait aucune exclusivité sur ce label. Celui-ci est accessible à toutes les marques horlogères.
M. Hobmeier a indiqué que les principales difficultés rencontrées pour la mise au point des tests furent l’automatisation et la centralisation des mesures. Il a fallu concevoir des nouvelles machines avec plusieurs fabricants et cela pas uniquement en Suisse. A cette occasion, M. Hayek a renouvelé ses remerciements à l’égard de l’Institut METAS qui a su travailler avec Omega dans un esprit pionnier.
Les premières montres Globemaster certifiées Master Chronometer seront disponibles en boutique au mois de novembre 2015. Chaque exemplaire sera livré avec sa carte de garantie reprenant les résultats des tests de la montre.
D’ici un an, le site de production Omega de Bienne comportera un bâtiment supplémentaire actuellement en construction.
Juste en face de la manufacture Omega de Bienne, se trouve le musée dédié à la marque horlogère. Le conservateur actuel du musée, M. Petros Protopapas, se révèle être un guide hors pair pour commenter la visite du lieu recélant plusieurs pièces magnifiques.
Outre les très connus partenariats avec la NASA, les Jeux Olympiques et les films du célèbre agent britannique James Bond, plusieurs montres anciennes valent le coup d’œil.
Merci à Omega et METAS pour leur accueil et notamment à Otalia.
Texte et photos : Michel PV pour Passion Horlogère.
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