Pour les amateurs d’horlogerie, la Chine présente une industrie horlogère variée et en constant progrès. Et parmi les marques les plus réputées, il en est une particulière qui brille par son audace et son indiscutable savoir-faire :
Beijing Watch Factory – BWAF pour les connaisseurs.
Fondée en 1958 et actuellement reconnue en Chine comme la meilleure, cette manufacture produit de bien jolies choses, déjà présentées depuis 3 ans à Bâle, et que l’on peut également découvrir sur son site Internet.
En particulier, la firme pékinoise – dont le logo reproduit le célèbre portail d’entrée de la Cité Interdite, Tian An Men – est connue pour ses complications, ses tourbillons et son travail sur les cadrans, notamment avec des émaux. Alors quand, par l’intermédiaire d’un ami, nous avons eu la possibilité de visiter cet automne cette manufacture installée à une cinquantaine de kilomètres au nord de Pékin, à Changping, nous n’avons pas hésité une seconde. Et un bonheur restant rarement seul, le lien amical qui nous permettait cette visite des ateliers nous a laissé libre de photographier à volonté, exceptionnel privilège pour qui connaît la Chine !
Voici donc le compte-rendu subjectif de cette visite toute particulière…
L’entrée des locaux, baignée de l’ardent et bas soleil automnal, typique de Pékin, portant au fronton : Servir le peuple
(la fameuse citation de Mao, reproduisant sa calligraphie d’origine !)
Le show-room, juste à côté du vestibule d’entrée…
Un coup d’œil sur les modèles présentés.
Ici, des tourbillons…
Les cadrans émaillés – grande spécialité – sont splendides…
(138 000 RMB représentent ± 16 000 €)
La figure populaire de DENG Xiaoping, très vénéré successeur de MAO Zedong…
Toutes les pièces présentées semblent très bien finies…
Le sérieux, la qualité et la finesse du travail sautent aux yeux…
Cette jolie montre de poche me plaît beaucoup (vendue un peu moins de 200 €…)
Sur son dos est gravé : 1949-2009 – 60ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine
Mais je suis venu surtout pour ces modèles particuliers, les SB 18 (à gauche) et SB 18-3 (à droite). Ce dernier est une série limitée de 2008 exemplaires, sortie en 2008 à l’occasion du 50ème anniversaire de la marque.
Un fond saphir permet de découvrir ce mouvement à remontage manuel, très joliment réalisé…
Je suis vraiment sous le charme ! Je n’ai pas résisté à ce SB 18-3, vendu ± 410 €, et je vous en proposerai prochainement la revue.
Le même mouvement actionne ces deux jolies montres, aux cadrans émaillés magnifiques de luminosité. Ma femme est très sensible à la blanche et son bracelet crocodile… et la bleue sur lézard noir est celle, personnelle, du directeur technique de BWAF.
Mais je n’ai pas fait les présentations !
De gauche à droite : mon épouse, un ami entrepreneur (grand amateur d’horlogerie et de photo), Monsieur XU Xuejun, PDG de BWAF, Monsieur MIAO Hongbo, le directeur technique, et un autre ami entrepreneur (grand amateur de vin et de montres)…
Oui, celle-là lui plaît beaucoup !
Moi, j’ai l’œil attiré par cette beauté chinoise, qui n’est pas sans évoquer une classique référence helvéto-lusitanienne… Son registre des petites secondes est en nacre, opalescent du plus bel effet.
Ici posée à côté de la Lange und Söhne de notre ami…
En la retournant, on découvre que son mouvement à remontage manuel est corrélé par deux balanciers-spiraux ! Et cette beauté en or rose s’échange contre ± 8 000 €…
Et maintenant, voici une pièce maîtresse de la production de BWAF ( en série limitée de 30 exemplaires). Un double tourbillon orthogonal, dont un tourne en 1 minute et l’autre en 7…
Réserve de marche à 1h, registre du quantième à 7h, et une complication étonnante (et je trouve très intéressante) à 11h : la durée de fonctionnement de la montre, mesurée en année par une aiguille anti-horaire sur un registre marquant 12 années !
Et au dos de cette merveille (vendue 50 000 € !), on découvre une discrète phase de lune…
Et puis il y a aussi celle-ci (également série limitée de 30) :
Double tourbillon, et platine intégralement en saphir (une vraie prouesse technique !)…
Les aiguilles trahissent comme une bouffée subliminale d’Ulysse Nardin…
Une splendeur arachnéenne !
Et maintenant, un rare privilège : nous partons visiter les ateliers, ceux-là mêmes où sont fabriquées les plus belles montres de la marque… !
Ce slogan de 2 mètres sur 4 est affiché dans le hall d’entrée. Il est écrit : Notre politique de qualité : avec la méthode la plus économique, faire des produits de bonne qualité, satisfaisants pour le client, et en s’efforçant de réussir au premier essai. Typique phraséologie du temps passé, à lire dans un esprit plutôt bon enfant…
Au mur, de grands panneaux lumineux affichent fièrement les fleurons de la production…
L’horloge murale au-dessus de la porte du premier atelier affichant au centre l’heure de Pékin, à gauche celle de Tokyo et à droite celle du méridien de Greenwich.
L’ambiance est studieuse, et le personnel surtout féminin…
À notre passage, de discrets sourires, surpris mais accueillants… Les étrangers ne sont pas fréquents par ici !
Les locaux (le bâtiment date de la fondation de BWAF, en 1958) et l’outillage me semblent peut-être un peu vieillots, mais comme souvent en Chine, « c’est dans les vieilles casseroles que l’on fait la meilleure soupe. » Du reste, la toute dernière technologie est également présente ici, comme on le verra.
Ici, le polissage d’une roue se finit à la main sur un cuir…
Là, on usine des rondelles de titane pour en faire des chariots de tourbillon…
…sur cette très performante machine-outil Made in China…
D’ailleurs si les machines ne manquent pas ici…
…la main et l’œil restent bien entendu indispensables.
Par dessus les épaules, je peux découvrir les mouvements dans leur intimité…
…et photographier ce qui me plaît. Totale confiance !
Ici, une toute nouvelle graveuse numérique à contrôle laser, chinoise bien entendu…
…et ces outils-là sont dédiés à sa maintenance…
L’atmosphère est très sérieuse, concentrée, mais détendue…
…ce qui permet aussi la complicité…
Je suis également saisi par la beauté des machines…
Voilà une photo à conserver dans mon cœur !
En changeant d’atelier, on découvre en passant quelques vieux outils, toujours pratiques et toujours utilisés !
Mais ici, nous accédons au « saint des saints » : la cellule de conception des mouvements de BWAF,
dans une ambiance de haute technologie à la chinoise. Toutes les solutions stratégiques y sont définies et élaborés.
On travaille sur les modèles de l’année 2013…
Et sur la table, dépliés devant nous, s’étalent les plans secrets de Beijing Watch Factory pour conquérir le monde horloger !
Bon, après cet air raréfié, et juste avant de partir, nous allons visiter un autre atelier, tout bruissant et ronronnant d’impressionnantes machines en batterie…
Au fond est écrit : Servir l’entreprise et être responsable devant les actionnaires…
Et ici : Réussir au premier essai.
Décoration du plafond en tôle perforée…
Et puis ces machines splendides…
…servies par quelques ouvriers attentifs…
Ces outils expriment une esthétique un peu « steam-punk » pour l’ignare que je suis…
J’adore !
Nous nous faisons expliquer quelques bribes…
Un dernier coup d’œil, et… Ah, ce sont des tours à cames suisses, des références réputées dans leur domaine !
Bon, il est l’heure de rentrer à Pékin.
Beijing Watch Factory : un nom à retenir…
Merci de m’avoir suivi dans cette visite.
Récit et photos Brice L. pour Passion Horlogère
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