Les voies de la Passion sont multiples, pleines de détours, mais sûrement pas impénétrables… Amateur de couteaux, j’ai l’habitude de me rendre chaque année au SICAC, le Salon International du Couteau d’Art et de Collection, qui se tient en septembre sur Paris, et depuis peu dans l’Espace Charenton.

L’histoire commence sur un « rêve de gosse », selon ses propres termes : avoir une montre, jusque là tout est simple, mais une montre en damas. Ce qui complique un peu la chose… Très peu de montres sont réalisées sur ce principe, du fait des difficultés techniques et des allergies pouvant résulter d’un contact de ce matériau avec la peau. Il a donc fallu deux ans à Pierre pour constituer l’équipe qui allait réaliser sa montre.
Et oui, lorsque certains ont un projet, leur passion les aide à franchir des obstacles qui rebuteraient le plus grand nombre !
Chad Nicholson, forgeron américain, réalise le damas utilisé pour les boîtiers et couronnes, sur la base de deux aciers inox (304 L et AEB-L), et sans adjonction de feuilles intercalaires en nickel.
La boîte (d’un diamètre de 45 mm, épaisse de 13 mm pour une longueur de corne à corne de 55 mm), contient un mécanisme 2824, assemblage et emboîtage suisses effectués par Its Time, Pierre Supper s’étant aussi rapproché de Paul Wsis, horloger.
Une première série, la « 0 », comporte 75 montres numérotées, car la réalisation d’une seule montre aurait été d’un montant trop élevé. Attaché à la réalisation de ses désirs, Pierre en a donc fait plusieurs exemplaires.
Au total, six damas différents, associés à deux types de guichets de date, avec ou sans index, permettent plusieurs combinaisons, des verres saphir plat ou minéral bombé venant compléter la diversité des visuels.
Une série encore plus limitée, à cinq exemplaires, est réalisée en mokumé (feuilles de cuivre et de laiton pliées à la forge), personnalisée avec des cadrans en acier 316L, révélant à l’acide un « Arbre de Vie », créé par Sylvie Muller, une artiste peintre.
Une prochaine série de cinq exemplaires est projetée sur une base titane, le « Mokutai ». Un bracelet métallique, lui aussi en damas, pourrait venir compléter les actuels bracelets cuir. Commercialisées sous la marque Layer, les tarifs de ces montres en damas vont de 4 000 à 5 000 €, selon les versions. Certains pourront critiquer la « banalité » du mouvement, sa petite taille par rapport à celle du boîtier de la montre ou considérer le tarif comme assez élevé. Mais l’élément le plus important est sans contestation possible la passion qui a caractérisé la démarche d’un amateur de montres, attaché à la réalisation de son projet.
Quand la Passion est en marche, rien ne peut l’arrêter ! Pierre Supper, importateur et distributeur bien connu dans le domaine de la coutellerie, en est une démonstration supplémentaire.
Thierry D. Pour Passion Horlogère
Laisser un commentaire