Lors du dernier Salon Belles Montres, Passion Horlogère a souhaité sortir des sentiers battus. Quoi de plus innovant et incroyable dans ce cas que la marque aux fluides, HYT ? HYT pour The Hydro Mechanical Horlogist, le nom de la marque installée à Bienne est déjà tout un programme. Nous avons eu l’immense chance de rencontrer Ion Schiau, Vice-Président Sales & Marketing. D’une grande simplicité, ce véritable passionné nous livre une partie du mystère.
L’idée de base est à la fois simplissime et d’une complexité technique hors normes : mélanger mécanique et fluides dans une montre-bracelet. « Jamais depuis les clepsydres des pharaons on n’avait réussi à s’affranchir des lois de la gravité pour transposer cette énergie dans une montre portable. HYT l’a fait. »

Découverte, en exclusivité pour Passion Horlogère, de cet OVNI horloger, « la H1 (…) qui nous fait entrer de plain-pied dans la légende de la haute horlogerie 2.0. »
INTERVIEW
Julien : Ion Schiau, bonjour et merci de nous recevoir. Parlez-nous de votre H1 svp.
Ion Schiau : Merci à vous. Passion Horlogère, très joli site, très sympathique. Donc parlons de la H1, avec ses deux hémisphères très distincts. Nous avons un hémisphère nord purement horloger. On a soigné les finitions sur ce mouvement 65h de réserve de marche, cotes de Genève, ponts anglés. Et c’est ce mouvement qui va donner la force nécessaire pour actionner le bloc fluidique. Ce que nous appelons le bloc fluidique, est composé de deux soufflets d’un alliage spécial en métal, qui sont flexibles et complètement hermétiques et contiennent chacun un liquide. Un liquide vert et un liquide transparent. Un avec une base aqueuse et l’autre avec une base huileuse. Leur densité étant différente, ils ne peuvent pas se mélanger. La suite du bloc fluidique est évidement prolongée par le capillaire, ce petit tube en verre. Un verre pyrex qu’on fait d’une seule pièce, en suspension à partir de la base du bloc, qui fait le tour du cadran et qui indique les heures. On a en fait un liquide qui va monter sur 12h et, arrivé à 12h, le liquide blanc sera totalement en surcompression dans ce petit soufflet. Après 12h, le mouvement horloger va donner la force inverse et le déclic pour que le rétrograde engage le mouvement du liquide blanc en retour, repoussant le liquide vert dans son contenant.
Michel : Ce qui fait que vous avez une position 0 du liquide à 6h ?
Ion Schiau : Tout à fait, à 6h. A travers un mouvement de la couronne vissée, on tire et on fait un mouvement de mise à l’heure tout simple. Vous lisez les minutes sur le petit cadran à midi et le liquide va bouger d’autant.
Julien : Bluffant !
Ion Schiau : Le liquide vient, comme une vague, se mettre en position. On peut évidemment revenir et le liquide repart. Maintenant pour la démonstration, je vais monter jusqu’à 5h59 et vous avez la pression maximum exercée sur le soufflet au plus bas. Vous pouvez voir au moment du déclic et du rééquilibrage du soufflet, un petit mouvement du bas de ce soufflet qui va en fait donner une pression et celui-ci va remonter. L’énergie est à son maximum, donc cela va aller assez vite puis plus gentiment en 54 sec, le temps de la circulation des fluides.
Michel : c ‘est d’autant mieux que cela prenne du temps pour mieux profiter du spectacle !!
Ion Schiau : On en a longuement débattu. Nous pensions au début que c’était trop long mais maintenant nous constatons que la majorité des gens nous font le même retour. Plus longtemps on le voit, mieux c’est.
Michel : Comment est transmise l’énergie entre la chaine systématique du barillet et les cylindres de compressions de fluide ?
Ion Schiau : On le voit un peu. Mais en fait il y a un palpeur qui s’actionne et qui dirige la force sur le piston de gauche, car le droit est passif, restituant lui-même la force.
Julien : Si vous deviez décrire HYT en deux mots, quels seraient-ils ?
Ion Schiau : Simplement car notre vision est claire : les Fluides et la Mécanique. Depuis le départ, nous sommes les seuls à avoir amené les fluides en horlogerie et c’est cette vision que nous souhaitons exprimer.
Julien : Et qu’attendez-vous du Salon Belles Montres ? Une rencontre avec le public ?
Ion Schiau : Les rendez-vous entre Basel et Basel sont devenus de plus en plus nets et Paris est incontournable. Le marché français est extrêmement important pour l’horlogerie Suisse, de plus en plus raffiné, avec de plus en plus de connaisseurs. C’est notre premier marché d’exportation en Europe. Le salon est de très haut niveau et c’est une façon d’être proche de nos partenaires et de notre public. Nous touchons un public large avec HYT, dont beaucoup de jeunes fatigués de l’horlogerie classique.
Julien : Vous avez récemment créé le buzz avec vos vidéos, sur Youtube notamment, était-ce une stratégie voulue ?
Ion Schiau : Quand,avant le SIHH, nous avons dévoilé la montre dans le film, pour être honnête nous avons été dépassés. Nous venons tous de l’horlogerie, nous connaissons les effets d’un film, mais après deux jours, le matin 8 000 vues, le midi 20 000 vues, le soir 80 000 vues… 200 000 vues après 4 jours. Nous nous sommes dit : là il se passe quelque chose. Les gens sont beaucoup plus perméables à cette nouvelle technologie, c’est plus intuitif, plus simple d’approche que ce que nous pensions. On a entretenu, non pas le buzz, mais l’intérêt de communiquer avec une dynamique différente, une musique différente que nous avons composée avec des amis…
Julien : Pour vous, communiquer différemment, c’est donc poursuivre cette stratégie de vidéo ? C’est Facebook ? les forums ?
Ion Schiau : Je crois qu’aujourd’hui, la transparence est une clé. Au sein de HYT nous avons une identité horlogère, mais aussi des nouvelles technologies, des ingénieurs… Nous avons envie que les gens partagent une expérience avec nous. Donc tout ce que nous faisons va dans cette direction. Les médias sociaux bien utilisés sont des vecteurs intéressants, les passionnés d’horlogerie sont stratégiques pour la compréhension… Je ne sais pas si on peut parler de stratégie propre car c’est très intuitif.
Julien : Merci beaucoup de votre accueil Ion Schiau.
Ion Schiau : Merci à vous.
Michel P.V. et Julien C. pour Passion Horlogère
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