Six mois plus tard, Nick et Giles étaient de nouveau dans les airs ! Ils avaient retiré de cette funeste expérience que la vie valait la peine d’être pleinement vécue et que les aventures devaient être menées jusqu’au bout. Un second incident aérien survenu deux ans plus tard, à bord d’un vieux biplan de 1930, mena les garçons tout droit chez un agriculteur champenois qui les recueillit après leur atterrissage d’urgence. L’homme était lui-même un ancien pilote de chasse durant la Seconde Guerre Mondiale et amateur d’horlogerie. Il s’appelait Antoine Bremont.
Cette histoire retranscrit bien l’ADN de la toute jeune marque née en 2002 à Henley-on-Thames. Cinq années de recherche et développement furent ensuite nécessaires pour concevoir des montres fiables, précises et robustes, s’inspirant pour la plupart des modèles du monde de l’aéronautique, si cher aux Anglais.
Le fruit d’une des plus belles collaborations de Bremont fut exposé lors du Salon Belles Montres de 2014. En approchant une autre société britannique, Martin-Baker, leader mondial des sièges éjectables et fournisseur de près de 70% des forces armées aériennes, Bremont souhaitait prouver sa capacité à produire des montres parmi les plus robustes. En effet, les modèles de la collection Bremont-MB ont été testés dans les mêmes conditions que les sièges éjectables, afin de vérifier leur intégrité après l’exposition à de longues périodes de vibrations, des brouillards salins, des températures et pressions extrêmes. Ces montres survivent même à de réels essais d’éjection ! Elles sont bien « Tested Beyond Endurance ».
Un des grands noms de l’horlogerie britannique a été appelé pour assurer la direction de la conception de cette collection : Peter Roberts. Ce dernier, après un passage chez IWC à Schaffhausen et Rolex à Genève, a enseigné au Hackney College de Londres durant treize ans, notamment à un certain Peter Speake-Marin ou encore à Stephen Forsey…
Dans sa quête de précision, cette marque « so british » s’est également associée avec la célèbre manufacture helvétique La Joux-Perret pour concevoir les mouvements de ses montres, tous certifiés COSC. Pour les modèles de la collection MB, la bonne tenue de la précision est assurée par des dispositifs de protection contre les champs magnétiques, les vibrations et les chocs.
Outre l’utilisation de matériaux paramagnétiques pour la fabrication de certains des organes comme l’échappement, le mouvement est encastré dans un anneau, couvert côté rotor d’une plaque en fer doux et côté face d’un sous-cadran. Anneau et plaques sont en Mumétal et l’ensemble fait alors office de cage de Faraday. Le mouvement dans son coffrage est ensuite calé dans le boîtier par un anneau fabriqué dans un matériau souple, offrant une bonne absorption des chocs et des vibrations qui pourraient altérer le bon fonctionnement de la montre.
Trois modèles de la collection MB, nommés simplement MB I, MB II (présenté dans cet article) et MB III sont disponibles au public. Enfin, trois… ou presque. En réalité, pour être candidat à l’acquisition d’une MB I, il « suffit » de s’être éjecté d’un aéronef avec un siège Martin-Baker ! Les heureux propriétaires seront alors distingués par la couleur rouge de la bande de carrure, contrairement aux modèles de série MB II et III, sur lesquels cette bande, en aluminium anodisé, est orange (voir ci-dessous), verte ou anthracite.
Pour assurer une bonne prise en main, ce gaufrage est également appliqué sur les deux couronnes proéminentes et aux têtes polies et décorées, situées à 2 et 4 heures. L’ensemble, d’une finition remarquable, donne un aspect solide et quasi-industriel au boîtier, cet effet étant renforcé par le fond plein, gravé des noms et logos de Bremont et Martin-Baker, tenu et fixé par six vis aux têtes polies.
Cette collection conçue par des aviateurs pour des aviateurs ou amateurs d’aéronautique, offre la lisibilité propre aux « pilot watches » : une grande ouverture du cadran couplée à une lunette de largeur modeste pour une montre de 43 mm, de larges aiguilles rappelant celles des instruments de bord, de grands chiffres et index blancs et nets sur un cadran noir. Les trois aiguilles des modèles MB I et MB II sont accompagnées d’un double quantième à 3 heures indiquant la date et le jour de la semaine, également en blanc sur un fond noir. La plus récente MB III offre en outre une fonction GMT, avec une aiguille noire supplémentaire, à la pointe blanche entourée de rouge.
Outre le logo Martin-Baker qui figure sur le cadran de la MB I, une référence aux productions de l’industriel britannique figure sur le contrepoids de l’aiguille des secondes, sous la forme d’une petite boucle jaune et noire rappelant celle déclenchant l’éjection des sièges.
Sur les modèles de la collection MB, comme sur ceux de la plupart des autres collections de la marque, se trouve une lunette interne tournant dans les deux directions et graduée de 1 à 60 minutes. Cette lunette est actionnée grâce à la couronne située à 4 heures et au système breveté « Roto-Click », qui permet son ajustement avec une précision à la minute.
Comme évoqué ci-dessus, la robustesse et la durabilité font partie des qualités principales des montres Bremont. En l’occurrence, l’acier des boîtiers est traité par un procédé spécial afin de le rendre plus dur, donc moins sujet aux rayures que la plupart des boîtiers du marché. Plus précisément, cette dureté est de 2000 Hv (échelle de Vickers), soit jusqu’à sept fois plus que de l’acier non traité.
L’intégration du verre, de la carrure et du fond plein suit un procédé breveté : le procédé « Trip-Tick », dont l’avantage est de permettre d’utiliser aisément différents matériaux pour les différentes parties du boîtier. Comme sur la collection Bremont-Boeing, conçue en collaboration avec l’avionneur américain, et dont quelques-uns des modèles furent présentés au Salon Belles Montres 2014.
L’hommage de Bremont à l’aviation et à son histoire est récurrent. Il se traduit ici par les noms des modèles qui font référence à des avions Boeing : le Model 1 est non seulement une trois-aiguilles avec un quantième simple à 4 h 30 et une couronne décentrée à 4 heures, mais également le premier avion dessiné par William Boeing. Quant au Model 247, la version chronographe bi-compax, celui-ci fait référence au Boeing 247 qui, en plus d’intégrer un nombre important d’innovations pour l’époque comme les trains rétractables et le pilote automatique, est un des premiers avions fabriqués entièrement en métal.
Des efforts conséquents furent fournis par Boeing dans la recherche sur des matériaux toujours plus résistants. De leur partenariat avec l’Advanced Manufacturing Research Center (AMRC) de l’Université de Sheffield, sont nés différents matériaux pour les besoins des constructions aéronautiques, dont un acier inoxydable, le plus dur de ceux disponibles dans le commerce et particulièrement résistant à la corrosion : le Custom 465. Cet alliage, ainsi que le Titane Ti-64 utilisé par Boeing sont tous deux proposés pour la Bremont Boeing Model 1 et la Model 247. De plus, un traitement DLC est appliqué sur les parties latérales de la carrure, rappelant subtilement un piston oscillant entre le fond aux bordures arrondies et les rainures obliques de la lunette rotative.
Les codes des montres d’aviateurs sont également repris ici : une grande ouverture du cadran accentuée par une lunette de largeur modérée pourtant rotative, couronne proéminente et rainurée pour une meilleure préhension, tout comme les côtés de la lunette et les protections vissées des poussoirs. Des références implicites à Boeing figurent sur le cadran, notamment par les différentes touches de bleu retrouvées sur le symbole du dispositif anti-chocs figurant au-dessus de la mention « CHRONOMETER », sur les surpiqûres du bracelet, et par la voile blanche et bleu sur la pointe de l’aiguille des secondes, représentative du logo de Boeing.
Pour animer les aiguilles de la version chronographe, un mouvement Valjoux 7750, retravaillé par Bremont, est emboîté et se laisse admirer par le fond. En plus des décorations des ponts et du bleuissage des vis, le mouvement est squeletté afin de se découvrir au maximum. Le rotor, également squeletté, est quant à lui exclusif. Traité avec un revêtement DLC, il rappelle les aubes de soufflante des turboréacteurs. Une référence au partenaire Boeing figure sur la bordure du fond vissé.
Toujours dans la veine des chronographes d’aviateurs, la Bremont Alt1-C était également présentée au Salon. Sa version entièrement polie est présentée ici. Avec le chronographe Bremont-Boeing, la collection Alt1-C de 43 mm de diamètre constitue l’autre ensemble de chronographes bi-compax, avec toutefois le guichet du quantième situé à 6 heures, entre les mentions « CHRONOMETER » et « LONDON », offrant ainsi d’avantage de symétrie au cadran.
Outre le boîtier entièrement poli, les chiffres inscrits dans une police avec empattement, le cadran blanc, les aiguilles feuilles et le bracelet croco en font une montre résolument plus habillée. Seul le repère des 12 heures en rouge contraste avec le reste du cadran et apporte une petite touche d’originalité sur ce modèle plutôt « classy ».
Comme sur l’ensemble des modèles de la marque, l’intégration du boîtier bénéficie de la technologie Trip-Tick et l’acier durci est particulièrement résistant aux rayures… ce qui est plutôt utile sur un boîtier poli ! Comme sur les Bremont-Boeing, la bande de carrure est rainurée et traitée avec un revêtement DLC.
D’autres points communs avec le modèle Boeing : le fond vissé est transparent, permettant d’admirer le Valjoux 7750 retravaillé par Bremont. Le rotor est ici également squeletté mais avec des formes différentes, le distinguant ainsi du modèle Boeing.
Que nous réserve Bremont pour les mois à venir ? Pourquoi pas un bel hommage à l’aviation et à deux autres frères ayant marqué son histoire : les frères Wright, pionniers de l’aviation avec leur Wright Flyer, premier aéronef ayant effectué un vol motorisé et contrôlé un jour de décembre 1903. La collection Bremont–Wright Flyer leur est dédiée. Celle-ci regroupe des montres en édition limitée et pour cause : chaque pièce contient un petit morceau de toile ayant appartenu à l’avion des frères Wright !
Cette dernière collection vient renforcer les liens qui unissent la toute jeune marque horlogère Bremont avec l’univers de l’aéronautique, ancien et moderne. Elle contribuera sans doute à inscrire Bremont, dans les années à venir, au palmarès des grandes marques horlogères.
Merci à Stephen Lee et Jan Bart Bodenhausen pour leur accueil sur le stand Bremont lors du salon Belles Montres 2014
Pour Passion Horlogère, texte Rasika F. et photos Thierry D.
bonjour,
amateur de belles montres et après avoir utilisé une Omega speedmaster de 1976 toujours en état de marche (avec 2 révisions seulement) puis 2 montres Sinn et une Hamilton, je découvre la marque Bremont et plus particulièrement le modèle S301 qui me fascine par sa simplicité et son petit diamètre.
Pourriez-vous me dire si il est possible d’en acheter une en France ou sur un site qui représente la marque.
Merci
Cordialement
Cordialement