Il y a quelques mois, Raymond Weil dévoilait sa première montre destinée aux pilotes, réalisée en collaboration avec Piper Aircraft Inc. Il s’agit d’un chronographe automatique avec fonction GMT et date qui offre des proportions généreuses pour une lisibilité parfaite.Il m’a été offert de porter ce chronographe pendant plusieurs semaines afin de me rendre compte de sa qualité de réalisation.
C’est donc avec plaisir – et en alternance avec mes montres personnelles – que j’ai réalisé cet essai de montre. Deux points sont essentiels à mes yeux lorsque je porte une montre. Je la veux belle, ce qui j’en conviens est terriblement subjectif, et confortable. Ceci sous-entend que soient réunies qualités esthétiques et qualité de réalisation, ce que d’aucuns nommeraient la “bienfacture”.
Il ne sera pas ici question d’évoquer en profondeur la technique horlogère liée à ce modèle. La marque Raymond Weil n’est pas une manufacture et ne prétend pas l’être. C’est une marque qui propose des montres très jolies, parfaitement réalisées, estampillées du label “Swiss made” et proposant un excellent rapport qualité-prix au sein du marché actuel de l’horlogerie suisse.
Le mouvement emboîté sur ce modèle est de base Valjoux 7750, un mouvement que tous les amateurs d’horlogerie connaissent déjà et rencontrent régulièrement dans de nombreuses montres de luxe. A sa fonction chronographe, qui permet le calcul des temps courts, est adjoint un second fuseau horaire destiné aux voyageurs. Les pilotes d’aéronefs Piper étant amenés à réaliser des vols continentaux ou transatlantiques, la fonction GMT devient essentielle pour conserver le repère de l’horaire de départ et adapter les aiguilles du principal fuseau au lieu d’arrivée. Réglable par la couronne vissée et située à 3h, cela devient un jeu d’enfant de changer l’heure de cette Freelancer Piper lorsque nécessaire. La couronne a une bonne préhension et l’ordre d’utilisation selon les crans est le suivant :
– dévissage pour remontage du ressort de barillet,
– changement de date rapide,
– réglage de l’aiguille GMT,
– réglage heures et minutes.
L’esthétique générale de la montre est le fruit de nombreux détails.Tout d’abord le boîtier, aux dimensions généreuses avec ses 45 mm de diamètre. Sur un poignet de taille moyenne, cela reste étonnamment confortable. Ces dimensions permettent en outre d’offrir une lisibilité optimale pour un chronographe, utile pour ceux qui, comme moi, n’ont pas une grande habitude d’utilisation de ce type de chronographe. Bravo !
L’ouverture du cadran a été travaillée elle aussi pour une lisibilité optimale. La lunette tachymétrique graduée offre une finesse nécessaire à l’adjonction d’un rehaut destiné à la lecture du second fuseau horaire. Et il est lisible d’un simple coup d’œil ! Afin de faciliter la lecture de l’heure “maison”, les horlogers de Raymond Weil ont partagé ce rehaut gradué sur 24h en deux sections de couleurs différentes. une blanche dans la partie basse pour symboliser les heures de jour et une noire dans la partie haute du cadran pour symboliser les heures de nuit. De cette manière, aucune raison de faire la confusion en voulant prendre des nouvelles des enfants depuis l’autre bout du monde. Il suffit d’observer la grande aiguille se finissant par un triangle rouge.
A l’intérieur du cadran se trouvent trois compteurs à 6h, 9h et midi reprenant les indications habituelles des chronographes pour deux d’entre eux et la petite seconde ou indicateur de marche pour celui se trouvant à 9h. Petite subtilité en rapport avec le monde de l’aviation, ce compteur reprend le design de l’indicateur d’assiette se trouvant dans les avions Piper, ce qui n’est pas pour me déplaire. L’aiguille indicatrice des secondes a la même longueur de part et d’autre de l’axe d’enchâssement. Une partie est plus visible que l’autre du fait de la peinture rouge utilisée pour bien distinguer l’indication de marche. Cette forme d’aiguille, outre son aspect visuel du plus bel effet, permet une prise de repère rapide pour un temps court. Sur ce compteur, à midi, un repère rouge permet d’indiquer le point de départ et la minute écoulée et, à 10h, on retrouve une vis semblant maintenir le rehaut de ce compteur comme jadis les aiguilles rendant solidaire le cadran du mouvement.
Dans l’axe midi – 6 heures, toutes les aiguilles sont teintes en bleu. Avec le rouge présent sur l’aiguille GMT sur la petite aiguille des secondes, et sur deux inscriptions, cela donne un côté “sport” à la montre qui est du plus bel effet.
Le cadran horaire de couleur noire est lui aussi très lisible avec ses chiffres arabes. Celui devant marquer la sixième heure est absent pour cause d’indication “swiss made” et celui à douze heures est coupé comme on peut souvent le voir sur les chronographes. C’est toujours un regret que je manifeste concernant les chronographes. Je préfère encore les index bâtons plutôt que des chiffres arabes ou romains coupés. Mais l’incidence est ici limitée au chiffre 12, quand parfois on peut constater quatre chiffres tronqués sur des indications avec compteurs à 3h, 6h et 9h.
Les aiguilles des heures et des minutes méritent une attention toute particulière avec une charge de Superluminova en leur centre et deux bandes blanches rappelant les extrémités des hélices d’avion. C’est très discret sur la montre, mais c’est aussi une superbe réussite. On se surprend à imaginer le bel effet sur le cadran qu’aurait l’emballement des aiguilles. Enfin, à 4 heures se trouve le guichet dateur, point de repère essentiel pour tout globe-trotteur.
Ce chronographe réalisé en titane et acier est donné pour une réserve de marche de 46 heures. En fait, à l’usage, j’ai pu constater qu’il fonctionnait encore après plus de 50 heures de repos sur ma table de chevet. Il ne devrait donc pas trahir ses propriétaires le laissant posé tout un week-end. Monté sur son bracelet en cuir de veau percé pour lui donner une allure sport-chic, ce chronographe est vraiment très agréable à porter. Sa boucle déployante se veut discrète et efficace. Tout est fait pour le confort au porté. C’est une montre bien pensée et bien née qui fait plaisir à porter, que l’on soit pilote d’aéronef Piper, collectionneur de montres ou simple amateur de beaux objets.
Thierry Gasquez
Remerciements à Antoine Horiot de Troyes Aviation, distributeur des avions Piper en France pour sa participation active
Photos Thierry Gasquez et Dominique Horiot pour Passion Horlogère
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