Quel est le point commun entre Milan, Londres, Tokyo, Paris et Mexico ? Toutes ces grandes métropoles ont déjà eu le privilège d’accueillir le Grenier Club. Clin d’œil à l’acte de rébellion mené en 1975 par l’horloger Charles Vermot pour dissimuler dans le grenier de Zenith les ébauches servant à la fabrication du mouvement El Primero. Le Grenier Club est un rendez-vous sélect qui convie 50 invités triés sur le volet, passionnés d’horlogerie, collectionneurs de montres, et amis de la marque. Il donne l’occasion de célébrer sous toutes les longitudes le jubilé de l’emblématique mouvement chronographe automatique. Durant chaque soirée, un trio de garde-temps collector est présenté ainsi qu’une exposition retraçant les évolutions de cette icône à l’aide de modèles historiques, allant du premier chronographe à haute fréquence offrant une précision au 1/10e de seconde original à l’introduction en 2017 du El Primero 21 qui assure une mesure des temps au 1/100e de seconde.
La manufacture n’a pas toutefois attendu 1969 pour rencontrer le succès, ni pour présenter des garde-temps à la chronométrie et à la précision redoutables.
Frappés de lettres rouge, les murs des bâtiments s’ornent de ses initiales. Plus qu’un nom, c’est en état d’esprit qu’a légué G.F.-J alias Georges Favre-Jacot. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. Très jeune, il prend son destin en main. Marié à 20 ans, le jeune homme fait édifier deux ans plus tard un atelier de fabrication d’ébauches à son nom au Locle. Celui-ci constitue en fait la première pierre d’un édifice qu’il imagine bien plus grand et dans lequel tous les métiers qui œuvrent pour l’horlogerie pourraient enfin être réunis. Le concept contemporain de manufacture germe déjà dans la tête de ce génie novateur.
En 1865, le village alpin ne cesse d’accueillir des horlogers. Ils sont disséminés sur de multiples sites. De 702 en 1800, on en dénombre 3053 en 1860. À partir de 1869, l’atelier est déjà métamorphosé et ressemble plus à l’idée ambitieuse de son créateur. Toutefois, il faut attendre 1881 pour que s’élèvent les murs de la future manufacture. Quatre-vingts savoir-faire sont alors réunis pour assembler des montres à gousset. Entre 500 et 1 000 personnes œuvrent aussi à la fabrication de pendules et des instruments dédiés à l’aide à la navigation en mer.
L’entrepreneur a l’intuition que pour arriver à ses fins, il doit pouvoir maîtriser aussi bien la fabrication des composants d’un mouvement que leur assemblage. Il en est de même pour la production des cadrans et des boîtiers. Ces prémices d’une industrialisation optimisée assurent la réalisation de montres fiables. En 1896, Georges Favre-Jacot se voit décerner une médaille d’or à l’Exposition nationale suisse de Genève. Quatre ans plus tard, un hommage lui est rendu durant l’Exposition universelle de Paris. En 1903, la manufacture remporte le premier prix du concours de chronomètres de l’Observatoire de Neuchâtel. Plus de 2 300 autres récompenses lui seront par la suite décernées dans le domaine de la chronométrie. Un record ! Entre-temps, et plus précisément en 1898, le premier calibre développé et assemblé dans les ateliers est dévoilé. Sa conception moderne apporte un nouveau souffle commercial. Le mouvement reçoit le nom de Zenith. La légende raconte que ce nom est venu à Georges Favre-Jacot lors d’une promenade une nuit sous un ciel étoilé.
Le nez dans les étoiles et les pieds sur terre, le fondateur travaille par ailleurs avec un architecte renommé, Alphonse Laverrière. Leur coopération se concrétise dans le Werkbund, un mouvement entre l’art et l’industrie qui vise à conférer aux produits industriels une dimension esthétique. Leur objectif est alors d’établir un rapport harmonieux et complémentaire avec la gamme de produits. Tous les éléments décoratifs des magasins sont uniformisés afin de créer une identité visuelle forte. Toujours en avance sur son temps, Georges Favre-Jacot définit les bases de l’image de marque.
Avec l’expérience, l’autodidacte Georges Favre-Jacot devient un redoutable capitaine d’industrie. En 1911, il cède l’entreprise à son fils et décide de baptiser la manufacture d’un nom international, Zenith. Six ans plus tard, Georges Favre-Jacot, après une vie bien remplie, rejoint toutes les étoiles qu’il a créées.
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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