Samedi 20 février, le programme se voulait moins « technique » mais tout aussi riche. Pour débuter, nous nous sommes rendus à la boutique Tiffany de la rue du Rhône, pour une visite et pour la présentation des collections horlogères de la marque. Nous y avons été accueillis très chaleureusement par Mathilde Triquet et par Pietro Milani qui nous ont accompagnés pendant toute la visite. Ce fut l’occasion de découvrir l’histoire horlogère, débutant en 1847, de cette marque qui a collaboré de nombreuses années durant avec de très grandes maisons horlogères dont Patek Philippe. L’horloge monumentale de Tiffany à New York, représentant Atlas portant non pas le monde mais une horloge, a servi d’heure étalon à des générations entières de New-Yorkais.
Après cette visite qui fut l’occasion de petites emplettes, Mathilde et Pietro nous ont fait pénétrer dans le salon horloger de la boutique. Nous y avons découvert la très jolie collection CT 60, dont Passion Horlogère avait couvert la soirée de lancement à Paris :
Celle qui a retenu l’attention des participants est l’originale Est-West destinée aux « pilotes » automobiles. Lors de sa présentation à Paris, François-Jean Dahen (rédacteur en chef de Montres Magazine) avait vu un autre avantage à cette orientation du cadran pour les hommes quittant leur montre lorsqu’ils sont installés à leur bureau : elle permet une lecture de l’heure sans avoir à pencher la tête.
Retrouvez cette montre présentée sur Passion Horlogère.
Cette découverte étant terminée, nous quittons les rives du Léman pour aller du côté de Plan-les-Ouates, à quelques kilomètres de Genève. Nous nous rendons dans un endroit insolite abritant de bien belles mécaniques. Il s’agit de la concession automobile Lamborghini.
C’est Stéphane Greco qui nous accueille. Cet ingénieur hautement qualifié n’est pas horloger. Il est en fait le fondateur de Rhodior, entreprise spécialisée en décoration et en galvanoplastie horlogère. Parallèlement à ce travail de sous-traitance pour de grands noms de l’horlogerie, il a fondé l’an dernier sa marque, à laquelle il a donné son nom. Plus qu’une marque, c’est un univers bien particulier qu’il nous présente.
Amoureux de tout ce qui est mécanique, ce passionné s’est lié d’amitié avec « Pépino », le responsable de la concession Lamborghini de Genève. Ce dernier, lorsqu’il a appris le projet de création de marque de Stéphane, l’a invité à l’héberger au sein de la concession, dans un endroit à l’abri des regards. C’est dans cette antre que Stéphane nous a accompagnés. Et c’est dans une ambiance surréaliste que nous avons pénétré. Musique de fond mystérieuse, décoration entre le rétro-futurisme et le psychédélisme une fois la magie opérée. Car Stéphane Greco est le grand spécialiste de la fluorescence. Ses montres au design déjà très marqué cachent toutes un secret révélé par les lumières à ultra-violets du lieu. Elles s’animent toutes dans le noir avec des couleurs fluorescentes à souhait. Cela crée une animation unique au poignet. Une montre qui pourrait faire le bonheur des DJ les plus en vue !
Stéphane est le seul horloger au monde à utiliser un procédé chimique unique en son genre. Il s’agit du produit utilisé dans la fabrication des éléments anti-contrefaçon des billets de banque. Il a la jouissance d’un stock limité pour cause d’antériorité du procédé. Une fois ce stock épuisé, il ne pourra plus produire ces montres fluorescentes. Autant vous dire qu’il tient ce trésor à l’abri de toute mauvaise intention dans un lieu secret, surveillé et réglementé. Faisons confiance aux suisses pour être maîtres en la matière…
Depuis la création de sa marque courant 2014, Stéphane Greco, qui fabriquait des montres depuis des années a mis en avant l’une d’entre elle jusqu’à devenir désormais sa marque identitaire. Il s’agit d’une montre en forme d’écrou. Cette idée lui est venue à l’occasion d’une opération de maintenance sur une de ses machines où, pour plaisanter, il a disposé un énorme écrou sur son poignet. Il s’est dit qu’il devrait essayer avec un élément mieux proportionné. C’est ainsi qu’il a choisi un écrou de 43 mm pour boîte de sa collection « Les Temps Modernes ». Le clin d’œil à l’univers mécanique va encore plus loin en associant à cette boîte un bracelet en caoutchouc reprenant le dessin d’un pneu de voiture. La boucle est bouclée, et Stéphane réussit à conjuguer ses deux passions : l’horlogerie et l’automobile.
Non content d’être abrité au sein de la concession Lamborghini, ce féru de mécanique est l’heureux possesseur d’une Lamborghini Gallardo dont le moteur préparé n’affiche pas moins de 735 ch. De quoi le mettre sur orbite à chaque fois qu’il enfonce la pédale d’accélérateur. Et ce voyage dans l’espace, il y songe… non pas pour lui, mais pour l’une de ses créations. En effet, Stéphane s’est spécialisé dans le traitement des météorites dont il arbore un fragment autour du cou. Ce matériau ferreux venu du ciel peut coûter jusqu’à 30 fois le prix de l’or. Stéphane a inventé un procédé de révélation chimique lui permettant de travailler pour de nombreux horlogers dont Antoine Preziuso que nous avons rencontré à l’occasion de ce voyage genevois.
Il travaille aussi pour de très grandes marques. Pour l’une d’entre elles, il est capable de produire un cadran météorite en 2 mn quand il fallait plusieurs jours au mastodonte horloger. Il est donc LE spécialiste de l’usinage et du traitement de la matière sidérale. C’est ce qui fait, entre autres, son succès aujourd’hui. Il a donc créé une montre entièrement en météorite qu’il hésite à renvoyer dans l’espace. Il s’en amuse, lui a créé un coffret en forme de Spoutnik et a commandé à l’artiste Alain Pers un décor qui représente un portail spatio-temporel. Bref, ce grand enfant ne s’autorise que la limite de son imagination pour satisfaire ses envies. Et nous l’encourageons à cela tellement il est bon de se laisser porter dans son univers.
Nous avons pu échanger deux heures durant avec ce passionné dont la sympathie n’a d’égale que le sens de l’accueil, avant de devoir le quitter pour la dernière étape de notre séjour à Genève : le musée Patek Philippe.
Ce musée est le passage obligé de tout amateur d’horlogerie dans la République et Canton de Genève. C’est un véritable trésor parmi les trésors. Ce musée est privé, entièrement propriété de la maison Patek Philippe, et abrite plus de 2000 oeuvres horlogères majeures. De nombreuses marques y sont représentées dans des écrins de verre et de bois d’orme. La visite guidée a duré une heure, suivie d’une libre balade pour les participants dans ce paradis horloger. Hélas, cette année, il ne nous a pas été autorisé de prendre des photographies.
Mais il est vivement conseillé aux amateurs de montres de collection de se rendre sur le site internet du musée. Ou mieux encore, d’aller le visiter. On y découvre des merveilles mécaniques, des automates en parfait état de marche, des montres décorées par les meilleurs artistes miniaturistes, des complications horlogères tous azimuts, et de nombreuses pièces levant le voile sur certains mystères ou délivrant une vérité parfois oubliée. Ces trésors font de ce musée une sorte de gardien du Temple horloger mondial.
Il est 17h30 lorsque nous reprenons le train pour Paris. Toutes et tous fatigués, mais heureux par tout ce que nous avons vécu. Et c’est dans une ambiance conviviale que nous nous dirigeons vers la capitale française pour ensuite nous quitter en nous promettant de bientôt nous revoir. Bravo à Samir et Jean-Yves d’Objectif Horlogerie pour avoir su proposer un programme très éclectique à même de fédérer des tendances différentes au seul bénéfice de la passion horlogère.
Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter les sites internet de tous les protagonistes que nous remercions.
Roger Dubuis, Antoine Preziuso, Tiffany & Co, Greco Genève, Musée Patek Philippe, Objectif Horlogerie.
Thierry Gasquez
Président
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