Une invitation pour venir découvrir la dernière merveille à complication inédite chez Jaquet Droz ne se refuse pas. Vraiment. Et lorsque l’on connait les gênes de la firme, et notamment son expertise dans la réalisation d’automates, il y a de quoi être tenté.
Nous voilà donc chaleureusement accueillis par Michel Salmont à la boutique Jaquet Droz dont il est responsable, rue de la Paix à Paris. Nous sommes invités à nous rendre au salon à l’étage, où la montre en question va nous être dévoilée. La voilà enfin, cette Bird Repeater, délicatement montée sur un support en bois creux faisant office de caisse d’amplification. Car si amplification il doit y avoir, cela veut dire que nous avons affaire à une montre à complication sonore. Et pas n’importe laquelle, une Répétition Minutes, l’une des complications les plus difficiles à réaliser. Mais cette montre ne se résume pas qu’à cela, même si l’on s’en serait volontiers contenté. Non, Jaquet Droz a voulu nous en offrir davantage, et c’est ici qu’intervient tout l’héritage de cette Belle Maison, pour nous présenter une parfaite synthèse de son histoire.
Cette Bird Repeater se distingue par son affichage complexe, en relief, composé d’un cadran heures/minutes recouvrant en partie un paysage de forêt et de rivière, d’un indicateur de fonctionnement prenant la forme d’une cascade, et d’une scène en relief regroupant deux oiseaux penchés au-dessus d’un nid dans lequel se trouvent des oisillons et un œuf, le tout finement décoré. Du jamais vu sur une montre, aussi compliquée soit-elle.
Mais ce visuel a une vraie signification, une vraie cohérence. Tout d’abord, la disposition du cadran heures/minutes en onyx noir, décentré à 12h, est totalement en accord avec la majorité des réalisations de la marque.
La décoration n’est pas en reste, car cette particularité fait partie intégrante de l’ADN de Jaquet Droz, mettant en avant tous les métiers d’art manuel maitrisés en son sein, tels que la gravure, la peinture, le travail de la nacre ou encore la finesse de la décoration.
De plus, cette Bird Repeater n’oublie pas son héritage, en rendant un hommage éloquent à son fondateur, Pierre Jaquet-Droz. Effectivement, le paysage en arrière-plan représente le Jura Suisse dans lequel il a vécu, et où se trouve la Cascade du Saut du Doubs, haute de ses 27m. Elle est représentée ici sur un disque rotatif dont la partie dévoilée par un guichet simule son écoulement, tout en assurant la fonction d’indicateur de fonctionnement de la montre. Astucieux !
Enfin, les oiseaux modélisés ne pouvaient être que des mésanges, oiseaux symboliques de cette région qu’est le Jura. La symbolique ne s’arrête pas là puisque ces mêmes oiseaux furent en partie initiateurs, pour Pierre Jaquet-Droz, de cette volonté de copier et de miniaturiser le vivant sous forme d’automates, de pendules et de montres animées et chantantes.
Vient alors le désir irrépressible d’actionner la gâchette présente sur le flanc gauche. Et l’émerveillement survient, tout comme les bouches bées et le silence de l’audience, qui contraste avec le tintement cristallin du timbre cathédral de la Répétition Minutes. Mais cet émerveillement est également dû au ballet minutieusement orchestré de ces mésanges, l’une se penchant au-dessus du nid pour donner la becquée, tandis que l’autre dévoile une partie de son aile aux multiples reflets, tout en inclinant la tête. Les oisillons ne sont pas inactifs pour autant, s’agitant dans le nid tandis que l’œuf se brise pour dévoiler le dernier rejeton. Le spectacle est de toute beauté, invitant le contemplateur à actionner une nouvelle fois la gâchette pour assister de nouveau à la représentation. Et là, surprise, l’animation n’est pas identique, et l’on nous apprendra qu’il existe en tout huit cadencements différents, ce qui achève de nous convaincre, s’il en était nécessaire, que le travail réalisé sur cette merveille est époustouflant.
Epoustouflant comme les dimensions de cette Bird Repeater qui, si elles peuvent sembler conséquentes avec un diamètre de 47 mm et une épaisseur de 18,4 mm, représentent tout de même un exploit. Il ne faut effectivement pas oublier que ce boitier contient un mécanisme de Répétition Minutes et un mécanisme d’animation d’automate, sans compter la surépaisseur que requiert la scène des oiseaux en relief.
Cette Bird Repeater, forte de ces quelques 508 composants, a réclamé plus de deux ans et demi de travail pour son développement, et plus de 3 mois pour sa réalisation, compilant des disciplines manuelles comme l’horlogerie, la sculpture, la décoration et peinture, le travail de la nacre ou encore l’assemblage final.
Son calibre Jaquet Droz Répétition Minutes, cadencé à 18000 alt/h est à remontage manuel et comporte un barillet unique lui permettant d’assurer 48 heures de réserve de marche.
Disponible en or gris serti de diamants ou en or rouge, à 8 exemplaires chacune, la Jaquet Droz Bird Repeater, véritable témoignage de l’histoire de cette Belle Maison, et jalon incontestable de l’histoire de la Haute Horlogerie, n’a pas fini de nous envouter.
Au nom de Passion Horlogère, nous tenons à adresser nos remerciements les plus sincères à Michel Salmont et son équipe pour l’accueil formidable et les conditions de reportage dont nous avons pu bénéficier lors de notre visite.
Laurent A (Photos) et Olivier G (Texte), pour Passion Horlogère.
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