Comment une montre est devenue, au fil des ans, une référence absolue ? L’histoire de la Rolex Cosmograph Daytona qui va célébrer ses 60 ans l’année prochaine donne des éléments de réponse.
Le dernier coup de marteau donne le tournis. Le chiffre annoncé aussi. 15,3 millions de dollars. 17,8 si l’on y ajoute les taxes. Ce 26 octobre 2017 à New York, la nouvelle se diffuse hors de la salle des ventes aux enchères à la vitesse des réseaux sociaux. En 15 minutes, la Rolex Cosmograph Daytona trouve acquéreur pour une montre achetée 500 dollars dans un autre temps. Pour comprendre cet engouement, un voyage géographique et dans le passé s’impose.
Life is a beach !
Daytona Beach. 74 000 âmes au dernier recensement. Une plage. Un circuit automobile. Voilà pour la carte postale. Une station balnéaire comme une autre ? Pas vraiment ! La ville de Floride voue un véritable culte à l’automobile. Pour 10 dollars, n’importe qui peut se rendre à la plage avec sa voiture.
Tout commence en 1904. Le rivage composé de sable dur se métamorphose en circuit et accueille sa première course auto. D’autres ont suivi. Un homme va jouer un rôle prépondérant dans le développement des compétitions, Bill France Sr. Il crée en 1947 la National Association for Stock Car Auto Racing, désormais mondialement connue par son acronyme, la NASCAR.
La première épreuve du championnat, entre 1948 et 1958, débute sur la plage de Daytona. L’urbanisation du front de mer, la construction de nombreux hôtels et la capacité limitée de l’accueil au public poussent l’organisation et la ville à édifier un circuit à part entière. Le 22 février 1959, à Daytona Beach, est inaugurée la piste tri-ovale de 2,5 miles qui va rapidement devenir le temple des courses marathons. Plus de 100 000 passionnés peuvent alors vibrer à l’unisson. Cela tombe bien. Au début des années 1960, le sponsoring d’événements par des entreprises prend son essor. Rolex, toujours en quête d’innovations techniques et marketing, se positionne comme la première marque à apposer son logo sur une compétition : les 24 heures de Daytona. Dès lors, les deux noms deviennent intimement liés. Pour la manufacture, celui de son futur chronographe sportif est tout trouvé. En 1963, elle dévoile le Cosmograph Daytona portant la référence 6239.
Début de règne
Les débuts s’avèrent difficiles. Les modèles en boutique ne parviennent pas à s’écouler. Pourtant, le chronographe élaboré à l’aide d’un boîtier de 37mm de diamètre possède déjà de nombreux atouts. Le contraste créé entre le cadran noir et les compteurs blancs offre une mise en scène dynamique et moderne. La personnalité sportive est valorisée par une lunette rehaussée d’une échelle tachymétrique. Les poussoirs en forme de pistons actionnent le calibre 72B dérivé du Vajoux 72 à remontage manuel.
À partir de 1965, la mention Daytona vient orner le cadran. Celle-ci se retrouve sur une variation, dite exotique ou encore Panda, blanche associée à des compteurs noirs. Cette disposition aurait été conçue pour dynamiser les ventes.
En poussant les portes de Tiffany & Co., le temple du luxe de Big Apple, l’actrice Joanne Woodward cherche un cadeau pour son mari qui n’est autre que Paul Newman. On ne sait s’il s’agit de son prix, du caractère sportif du garde-temps, de sa minuterie rouge, ou de ses index carrés,… voire s’il s’agit de la somme de ces détails qui l’ont séduite. Quoi qu’il en soit, elle ressort avec une Rolex Cosmograph Daytona sur laquelle elle fait graver au dos sur trois lignes : « Drive Carefully Me ». Un message attentionné pour son époux passionné de vitesse qui débuta la compétition automobile en 1968. C’est cette pièce qui en 2017 fut adjugée pour plus de 15 millions de dollars.
Jusqu’en 1987, les références s’enchaînent avec son lot d’évolutions esthétiques ou d’innovations techniques : les lunettes sont en bakélite ou en acier, les échelles tachymétriques portent diverses inscriptions, les poussoirs et la couronne sont vissés ou pas. La mention Daytona en rouge arbore une police plus ou moins grande. La dernière référence produite durant cette période possède pas moins de six variations de cadrans différents.
Toutes sont désormais devenues des collectors en puissance. Les plus recherchées des amateurs sont celles, rares, associées au nom de Paul Newman, dotées d’un cadran exotique avec des chiffres sur les compteurs et des index de style art déco.
Passage à l’automatique
À partir de 1988, la Daytona change d’envergure. Son boîtier, désormais de 40mm, intègre un nouveau calibre à remontage automatique. Les références 16 500, puis les 16 520 présentes au catalogue jusqu’à la fin du siècle, sont animées par une évolution du Zenith El Primero. Celle-ci se distingue du mouvement original par sa fréquence abaissée à 28 800 alternances par heure. Ses performances sont toutefois au rendez-vous avec une chronométrie certifiée par le COSC.
Durant toute la décennie, la production des Cosmograph Daytona affiche des disparités esthétiques. Les lunettes sont en acier ou métal précieux, graduées jusqu’à 200 ou 400 unités, parfois avec la présence d’un 225 sur l’échelle. Les typographies varient. Les mentions apposées sur le cadran également. Seul point commun, la Rolex Cosmograph Daytona est définitivement devenue une Oyster.
Souvent imité, jamais égalé, le chronographe Cosmograph Daytona entre dans le 21e siècle avec un atout majeur. Mars 2000, Baselworld ouvre ses portes et comme à chaque édition, les nouveautés de la manufacture à la couronne sont très attendues. Cette année, Rolex présente son chronographe équipé pour la première fois du calibre 4130, entièrement développé et assemblé en interne. La référence 116520 se différencie en outre de la 16520 par des index plus longs, et des compteurs argentés. Le compteur totalisant les secondes a par ailleurs changé de place, passant de 9h à 6h. Durant 16 ans, cette référence conserve quasiment les mêmes atours. Certains modèles possèdent toutefois des aiguilles plus fines, d’autres, à partir de 2006, un rehaut gravé.
Le sport toujours plus chic
Durant la décennie 2010, Rolex présente toujours des innovations. En 2015, la manufacture dévoile une révolution : son premier bracelet en caoutchouc, l’Oysterflex. Cette arrivée signe aussi la fin des bracelets en cuir qu’il était possible encore de trouver associés à l’élégante référence 116 518 munie d’un cadran en nacre et de chiffres arabes. Cette même année, la céramique fait son apparition. Une lunette Cerachrom combinée à une boîte en or rose participe à rendre la réf. 116 515 particulièrement séduisante. Pour les 50 ans de la Daytona en 2013, la manufacture célèbre l’anniversaire avec une pièce d’exception : boîtier et bracelet en platine, cadran bleu, lunette en céramique couleur chocolat.
Les matières précieuses sont désormais omniprésentes. Ainsi, outre le modèle en Oystersteel, l’acier Rolex, le Cosmograph Daytona est disponible en Rolesor, en acier et or jaune, en or Everose, en or jaune ou encore en or gris.
Génération contemporaine
Avec la référence 116500LN dévoilée en 2016, Rolex inscrit son Cosmograph Daytona dans son époque. La nouvelle évolution entrée au catalogue conserve l’ADN du chronographe original avec son boîtier Oyster de 40mm de diamètre, étanche jusqu’à 100 mètres de profondeur et son bracelet Oysterflex, tous deux usinés en acier 904L. Deux variations de cadrans sont proposées, l’une blanche, l’autre noire. La lisibilité de données temporelles est optimale. Dans l’obscurité, le Chromalight à diffusion bleue apposé sur les aiguilles et les index fait merveille.
L’esprit « Panda » inhérent aux modèles Paul Newman revit et vient réveiller la corde sensible des amoureux de la marque. D’autant plus, qu’aux accents vintage, la manufacture a l’excellente idée d’apporter aussi une touche de modernité. Celle-ci prend forme avec la lunette noire désormais en céramique. Doté d’une finition moins brillante en comparaison avec les précédentes lunettes en acier, le matériau offre une résistance aux rayures à toute épreuve. Son échelle tachymétrique moulée, graduée jusqu’à 400 kilomètres par heure, ne risque pas de s’estomper avec la patine du temps, comme par le passé.
Toutes les montres sont équipées d’un calibre 4130 optimisé (72 heures de réserve de marche), certifié Chronomètre Superlatif, avec écart de précision par jour de -2 / + 2 secondes, bien au-delà des standards déjà élevés du COSC. Le mouvement à remontage automatique assure la mesure des temps au 1/8eme de seconde. Quant à son système stop seconde, il garantit une mise à l’heure exacte.
L’association d’un design toujours autant emblématique et d’une mécanique performante provoque le désir. La ferveur est au rendez-vous. Cependant, face à la forte demande, les listes d’attente s’allongent chez les revendeurs. Certains n’hésitent pas à annoncer des délais allant de 5 à 7 ans avant de pouvoir se procurer une Rolex Cosmograph Daytona neuve.
Au printemps 2021, une pluie de météorites s’abat sur la planète Rolex. Trois Cosmograph Daytona arborent des cadrans aux motifs uniques. La pierre interstellaire utilisée, composée essentiellement de fer et de nickel, a subi durant son voyage de plusieurs millions d’années une recristallisation constituant les figures de Widmanstätten. L’impact visuel est fort, l’exclusivité est portée à son acmé.
À l’aube de ses 60 ans, la Daytanomania bat son plein. Quintessence du chronographe sportif et élégant, le Cosmograph fait fi des tendances et des modes. Sa personnalité intemporelle en a fait un véritable mythe parmi les icônes horlogères.
Texte, Dan Diaconu pour Passion Horlogère
Photos, Alexandre Tarall pour Passion Horlogère
Toujours intéressant elle me manque malgré mon dernier cadeau pour rolboy juste avant Noël seul le rêve est gratuit bonne fetes
J’ai gaffé le terme est roloboy bonne fêtes et surtout de la santé et des rêves