Bon nombre d’amateur d’horlogerie, si ce ne sont tous, ce sont un jour mis dans l’idée de changer le bracelet de leur montre fétiche. Que ce soit pour l’assortir à une tenue, pour lui donner un côté plus sport (comme James Bond et sa Rolex portée sur un Nato), ou tout simplement pour lui redonner un petit coup de jeune.
Bracelet tissus type Nato ou Zulu, bracelet caoutchouc, ou bracelet cuir, les options sont multiples.
Quand il s’agit de porter son choix sur un bracelet cuir, on peut commander un bracelet industriel sur un site de vente en ligne, ou faire appel à une grande maison de sur mesure, pour un tarif assez exclusif.
The French Bracelet – Qualité et personnalité
The French Bracelet veut être une alternative médiane à ces 2 mondes. En se basant sur ces cuirs de grande qualité, et en s’appuyant sur le savoir faire d’une manufacture de maroquinerie horlogère basée à Besançon, chaque bracelet estampillé TF.B (le logo et acronyme de The French Bracelet) est produit à la main, et en 25 exemplaires seulement, par taille et par couleur. Une touche d’exclusivité pour un produit de grande qualité, mais qui sait préserver un tarif raisonnable.
Chaque bracelet The French Bracelet est en effet livré dans une marmotte, avec l’outil permettant d’enlever votre ancien bracelet, monté sur des pompes « presto » (qui ne nécessitent pas d’outil pour le montage), et monté sur une boucle double déployante gravée du logo de la marque.
Un plus suffisamment rare pour être signalé ! Avec un prix moyen de 170€ selon les modèles, considérant qu’une boucle double déployante se vend allègrement autour de 50€, on se rend bien compte que le rapport prestations/prix est loin d’être déséquilibré.
La marque se positionne également sur un plan environnemental et pérenne. Par le choix des peaux utilisées et de leur provenance, mais également dans la stratégie produit mise en place, qui vise à optimiser la durée de vie du bracelet. Chaque modèle est ainsi doublé d’un cuir Nappa rouge, la signature de la marque, pour éviter le noircissement de l’intérieur du bracelet.
Enfin, et surtout, The French Bracelet est une marque française, manufacturée en France par des mains françaises ! Dans le renouveau de l’horlogerie française que l’on peut constater jour après jour, cette marque vient renforcer cette offre que l’on espère encore grandissante dans les mois à venir !
Avouons qu’une Yema Superman équipée avec un bracelet TF.B serait un superbe combo 100% français !
Cependant, dans le contexte actuel, qu’est-ce qui a bien pu pousser Morgan Chabaud, son créateur, à se lancer dans une telle aventure ?
C’est la question, parmi d’autres, que je me suis posé. Et qui d’autre pour me donner la réponse, que l’intéressé lui-même.
Interview :
– Morgan, quel est ton parcours ?
J’ai travaillé pendant huit ans dans le secteur de la restauration en tant que responsable multi-sites. Il y a environ 2 ans j’ai décidé de devenir un entrepreneur engagé et de créer un business dans une de mes passions, l’horlogerie.
– Comment en es-tu venu à te passionner pour l’horlogerie ?
Je suis passionné d’horlogerie et plus particulièrement de montres-bracelet depuis l’enfance. Le design, la minutie du travail des matières et la miniaturisation de mécaniques parfois extrêmement complexes, m’ont toujours fasciné. Plus tard, quand je suis devenu adulte c’est ajouté à cela l’idée que cet objet est intemporel et peut « vivre » plus qu’une vie d’homme. Et la « durabilité » (dans les deux sens du terme ) est pour moi une valeur à laquelle je suis profondément attaché à l’heure où énormément d’objets qui nous entourent sont condamnés à l’obsolescence programmée… L’horlogerie me permet d’être en symbiose avec mes valeurs et un objet unique que je chéris !
– Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer une marque de bracelets, sur un marché déjà plutôt bien représenté en France et dans le monde ?
Ayant été souvent déçu de la qualité, et du confort des bracelets d’origine ou achetés à des AD pour du remplacement pour mes montres, j’ai décidé de créer une collection de bracelets-montres répondant à ces faiblesses. Mon ambition a été de créer la marque de bracelet-montre qui soit la référence du marché en haute maroquinerie horlogère par sa qualité, sa « durabilité » et par à même de promouvoir ce savoir-faire historique français, souvent peu mis en avant .
– Quel est le “plus produit” de The French Bracelet ? Qu’est-ce qui différencie la marque de ses concurrents ? Penses-tu développer d’autres produits maroquiniers liés à l’horlogerie ou non ? (marmotte, besaces…)
Déjà, la première des différences c’est que TF.B est une marque et non une offre de bracelets-montres d’un strap-maker qui va faire du « sur-mesure » selon la demande de son client (acteurs très répandus dans ce secteur). Chez nous notre collection a une signature unique, le client y adhère ou non, comme pour une paire de Jordan par exemple, on offre une proposition artistique …
Ensuite, chaque bracelet est numéroté (le client ici a le choix du numéro sous réserve que celui-ci soit encore disponible) et enfin l’intégralité de notre collection est habillée sur l’intérieur d’un cuir NAPPA rouge unique qui permet d’avoir une signature unique et différenciante de ce que propose la concurrence. Le NAPPA rouge permet aussi que le bracelet ne noircisse par sur l’intérieur et ne se détériore pas, comme très souvent sur les bracelets-montres en cuir… Pour finir nos pompes PRESTO et la double-boucle déployante sont intégralement recouverts de PVD noir, ce qui donne encore un peu plus d’originalité à l’ensemble. EXCLUSIF & DIFFÉRENT ! Aujourd’hui nous ne souhaitons pas développer d’autres produits, j’en profite pour ajouter que chaque bracelet est livré avec une marmotte de transport ainsi qu’un outil pour pouvoir retirer son bracelet d’origine facilement .
– L’une des particularités de la marque est cette doublure rouge en cuir nappa. TF.B se veut-il le Louboutin du bracelet ? Ou est-ce juste un clin d’œil amusant ?`
Très honnêtement, l’idée du NAPPA rouge est venu plutôt de la sellerie des FERRARI décapotables ( type 360 spider ) des années 90, qui embarquaient ce type de cuir car ils résistaient mieux au soleil, à la transpiration, et à la chaleur que d’autres types de cuir. Concernant Louboutin, pour la petite anecdote en sortant du Salon EPHJ 19 ( après avoir décidé d’habiller notre collection de NAPPA rouge) à Genève et allant faire un tour Rue du Rhône, je me suis arrêté devant la boutique LOUBOUTIN et je me suis dis que ça rendrait pas mal ce « bracelet-montre au cœur rouge » comme l’a fait C.LOUBOUTIN avec sa semelle mythique.
– Quel est l’avenir de la marque, quelles sont les nouveautés à venir dans les mois à venir ?
Aujourd’hui l’idée est d’accroître la visibilité de la marque en Europe, aux US, en Asie et au Moyen-orient dans un moment économiquement compliqué et qui risque de durer. Nous recherchons les bons partenaires pour notre développement sans perdre notre identité d’artisanat français engagé et « durable ».
– J’ai eu la chance que tu me confies un bracelet pour un test longue durée, et sa qualité, sa souplesse et son confort sont indéniables. C’est un vrai bonheur au porté. Mais il est assez difficile de s’en rendre compte à travers ton seul site internet. N’as-tu pas peur que la vente en ligne soit un frein au développement de la marque ?
Merci… Aujourd’hui le fait de proposer un modèle de distribution 100% digital juste avant la crise du covid 19, en ayant eu plus de ventes pendant la crise, nous a permis de nous dire que le modèle économique est pertinent même dans des périodes difficiles, et il le sera encore plus dans les mois qui viennent. Cependant, n’ayant pas les ressources financières pour la communication tel un mastodonte horloger, il est vrai que pour avoir un site en corrélation avec le niveau de qualité et de finitions de nos bracelets, cela demande des investissements dans le digital plus importants que ceux déjà réalisés pour notre plateforme. C’est pour cela aussi que nous recherchons des partenaires pour nous aider à grandir, depuis notre lancement nous avons amélioré les visuels et contenus de notre site officiel (MAJ en SEPTEMBRE) . Nous devons continuer de grimper !
– On commence à être sur des budgets respectables pour un bracelet, et certains clients peuvent sans doute réfléchir à deux fois avant de valider leur panier. Un partenariat avec quelques sites de ventes physiques est-il envisagé ?
Le prix, se veut être juste ni plus, ni moins ! Un bracelet-montre de notre collection demande la réalisation d’une trentaine d’étapes dont la plupart sont réalisées à la main. Le coût de la main d’oeuvre en France est logiquement plus élevé que dans d’autres pays, de plus les cuirs italiens (TOSCANS) sélectionnés sont parmi les plus beaux et les plus solides au monde. Donc ce ne sont pas les moins chers ! La qualité et le travail se payent. Comme lorsqu’on décide d’acheter une montre mécanique plutôt qu’une montre à quartz… Oui je souhaite créer à très court terme des partenariats avec quelques boutiques physiques sur un modèle « pop up » store.
– On sent un vrai renouveau de l’horlogerie française à travers de jeunes marques dynamiques, mais aussi la renaissance de marques iconiques. Une association serait-elle possible, pour une série limitée ou une authentique FRENCH WATCH jusqu’au bout du bracelet ?
Aujourd’hui les clients TF.B sont plus orientés à équiper des vintages et des montres de mécanique suisse ou allemande qui ont quelques années déjà, car ils aiment ce qui a une histoire et qui dure … Si un projet va dans ce sens en France ça me plairait beaucoup de faire une collab’ . La montre mécanique 100% française c’est un rêve auquel j’aimerais participer bien évidemment si un jour ça arrive !
– As-tu été impacté par la crise du COVID que ce soit en terme d’approvisionnement, ou de vente par exemple ?
D’approvisionnement, non car tout est fait et stocké à Besançon chez notre partenaire SIBRA MANUFACTURE. Et pour les ventes non plus car c’est la période où nous avons eu le plus de ventes grâce à notre modèle de vente digitale. Cependant les délais d’expéditions sur cette période ont été allongés ou reportés quand il s’agissait de livraison hors UE.
– Merci Morgan pour cette belle aventure que tu as eu le courage de lancer il y a un peu plus d’un an, et j’ai hâte de voir ce que l’avenir te réserve !
Quel confort !
Comme évoqué dans l’interview, Morgan a eu la gentillesse de me laisser choisir un bracelet dans sa gamme, pour un essai au porté. Mon choix s’est fait sur « Le Brun » en 20mm de largeur, que j’ai monté sur une modeste Undone Basecamp (le bracelet vaut la moitié du prix de la montre !). Choix qui peut paraître étonnant, mais la couleur du bracelet matche parfaitement avec celles des index pour un rendu vraiment parfait. La boucle double déployante noire rappelle la lunette, et je ne voulais pas que la montre l’emporte sur le bracelet ou inversement. Ce binôme se complète, pour former un tout cohérent et assorti.
Au porté, ce qui surprend, c’est la souplesse du bracelet. Il n’est absolument pas rigide, et offre un confort exemplaire dès les premières minutes au poignet. La boucle double déployante se ferme de manière précise et sûre, et elle est très confortable. Le logo de la marque gravé apporte une petite touche d’exclusivité, exclusivité encore avec le numéro individuel du bracelet (le n°24 pour moi).
La tranche du bracelet est finie en rouge. Rouge également la doublure en cuir Nappa, comme évoqué en début d’article et dans l’interview. Certes, je n’ai pas porté ma Undone de manière intensive, ayant une rotation importante, mais je l’ai portée dans des conditions assez extrêmes : par forte chaleur, je me suis lavé les mains, j’ai même fait du sport avec, et la doublure est aussi rouge qu’au 1er jour. Promesse tenue donc.
Quand au cuir brun extérieur, un cuir de vachette pleine fleur toscan, il s’est patiné légèrement, mais, il ne s’est pas tâché, même s’il a été occasionnellement mouillé.
Ce French bracelet est donc d’excellente compagnie. Sa qualité de fabrication, son confort et son design valent la somme demandée. Et puis il est fait en France (même si les cuirs sont italiens) ! Et en ces temps où la mondialisation à le vent de face, ce n’est pas la moindre de ses qualités !
Richard Ségault pour Passion Horlogère
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