Des étoiles aux murs et dans les yeux…
Cela faisait plusieurs mois que nous préparions cet événement. Depuis le salon Baselworld 2010 exactement. Ce devait être à la hauteur de la passion que suscite ZENITH dans le petit monde des amateurs d’horlogerie car Jean-Frédéric DUFOUR nous offrait sa confiance, et Manuel JACOB, son amitié. De longs mois de préparation s’écoulèrent. Rien ne se décida dans la précipitation. Tout fut orchestré de façon magistrale par Andréa & Claire, le duo communicant de la manufacture.
Puis vint le moment pour 20 membres de Passion Horlogère de se retrouver pour partager deux jours de passion. Ce fut l’occasion de découvrir le sens de l’accueil, le patrimoine et la gastronomie de cette région frontalière entre Villiers-le-Lac en France, et le Locle en Suisse. Mais ce fut surtout l’occasion de vivre quelque chose d’inédit. Ce devait être beau, ce devait être bien, ce fut juste… extraordinaire…
Thierry GASQUEZ
Président
C’était une première fois. Une première fois pour Passion Horlogère mais aussi pour « Elle ».
« Elle », c’est la Manufacture ZENITH… qui, pour la première fois, ouvrait ses portes au public pour accueillir en son sein un groupe de passionnés réunis sous la bannière de l’association Passion Horlogère. Ce qui annonçait une visite d’une remarquable qualité.
Nous étions donc vingt ce matin-là à avoir rendez-vous au Locle devant ce bâtiment qui abrite depuis 1865 l’ensemble de la production des montres ZENITH. L’endroit dégage un parfum particulier. Celui de ces lieux qui conjuguent tradition et modernité mais aussi récompenses et innovation. Cela, nous le découvrirons tout au long de notre visite.
L’ensemble du groupe fut pris en charge par Claire FERRIER dans un rôle de conférencière et par Manuel JACOB, directeur de la filiale France / Bélux pour nous guider tous deux au travers des différents ateliers où sont conçus, étape après étape, le cœur des montres ZENITH par deux cent cinquante magiciens.
Dès nos premiers pas dans les coulisses de la manufacture, nous remarquons les copies des 2 333 prix dont 1 447 premiers prix de chronométrie affichés aux murs. Soit 145 ans d’histoire… La visite commença donc par le bureau développement-mouvement. C’est ici que s’engagent les réflexions sur l’avenir des mouvements créés à la manufacture. De la création à la prototypie, du dessin à la conception technique, c’est là que se joue la réputation d’excellence de la marque. Les horlogers, les dessinateurs et les concepteurs 3D qui travaillent à la création et au développement sont assistés par des appareils de mesure dernier cri et régulièrement renouvelés afin de travailler le plus en amont possible sur la détection et la résolution des difficultés. Nous avons pu ainsi assister à la démonstration de passages de dates et de remises à zéro par le biais d’une caméra à haute vitesse / fréquence. La prise de vue à 30 000 images/seconde étant absolument incroyable pour la décomposition du mouvement des éléments en action.
Dans cet atelier, nous ferons connaissance avec le concepteur de la « Christophe Colomb », Yves Corthesy. Nous aurons même la chance de rencontrer trois exemplaires de cette merveille, sur une série limitée de 25 pièces, à différents stades de réalisation (tarif unitaire de 154 000 €). Caractérisée extérieurement par deux hémisphères, cette montre ne présente aucun inconfort au porté, ce que quelques-uns d’entre nous auront pu vérifier personnellement.
Quelques explications techniques nous sont prodiguées :
Le tourbillon est une complication horlogère destinée initialement à compenser les effets du port vertical des montres à gousset dans une poche. Et donc sur un axe uniquement.
Le port au poignet implique une technologie multi-axes. L’objectif n’était pas ici de travailler sur la moyenne des erreurs relevées, mais sur la suppression de celles-ci. Le constat a été fait que la position la plus fiable, générant le moins de variation, était l’horizontale, à +/- 15 °. Deux séries de rouages sont utilisées pour la transmission, une seule pour le captage des rotations.
Après avoir gravi quelques marches d’escalier, c’est au cœur de la production des mouvements ZENITH que nous plongeons. C’est d’abord au département produit-habillage que nous sommes conduits. Le département Produits travaille bien sûr en étroite collaboration avec le département Mouvements, sur la définition en interne des besoins et la réalisation.
Le travail dans les ateliers s’effectue avec des machines CNC, les découpages difficiles nécessitant des machines semi-automatiques. Les matériaux d’une grande dureté impliquent la conception et la réalisation interne d’outils spéciaux. Ce qui permet une certaine indépendance de la marque, avec de plus un gain d’efficacité et de temps.
A l’atelier Décoration, après la découpe, le contrôle, le polissage, et le perlage sont réalisés manuellement, l’automatisation n’étant pas possible sur de si petites dimensions. Ici, c’est le règne de la concentration, du geste précis et de la dextérité au service du beau et du bien. Le polissage est ici un savoir-faire primordial.
Les « recettes » des différents mélanges de solvants utilisés dans les centrifugeuses, en fonction des matériaux, alliages, etc. sont intégralement enregistrées et précieusement conservées. Une grande partie des opérations sont effectuées à la main : anglage, satinage, diamantage, etc.
Nous sommes maintenant dans le département des ébauches, seuls ateliers climatisés du site, l’amplitude annuelle de température variant de -20 à + 30 degrés.
Les machines, avec une tolérance d’usinage allant de 0 à 2 microns, ont été assemblées sur place, et installées sur…un parquet ! LE fameux parquet de la manufacture ZENITH. Probablement la dernière manufacture en activité, de cette importance, avec un parquet originel dans ses ateliers.
L’Histoire et la technologie sont ici mêlées…
De nombreux investissements sont réalisés pour maintenir l’outil industriel à un haut niveau. Comme à chaque étape, des contrôles au moyen de binoculaires sont effectués, chacun des ouvriers étant responsable de sa série.
A l’extérieur le bâtiment principal a conservé son apparence au fil des ans. Sur la façade se trouvent les inscriptions « ZENITH » et les initiales de Georges FAVRE-JACOT, le fondateur de la marque. Ces murs ont accueilli jusqu’à 2 000 mains.
Inspirés par l’outil industriel américain et plus particulièrement par l’usine FORD, ils présentent la particularité, outre celle d’inclure les initiales du fondateur Georges FAVRE-JACOT, de comporter de grandes fenêtres, ce qui n’était guère la règle architecturale de cette région.
Le souci d’industrialisation des installations se retrouvait aussi dans les rails qui traversaient les ateliers et permettaient aux ouvriers de se déplacer sur leurs sièges d’un poste de travail à l’autre. A l’époque, les machines-outils fonctionnaient à la vapeur.
Autour de la manufacture, il existait même un quartier complet de logements qui appartenait à la marque, permettant d’héberger le personnel.
Concernant la découpe des composants, cette dernière se fait à partir d’étampes, développées en propre, selon les différents matériaux et alliages, dans des dimensions et épaisseurs multiples.
Zénith dispose d’un savoir-faire lui permettant de créer et réparer ses outillages, dont les coûts s’élèvent à plusieurs milliers d’euros chacun.
Ces étampes constituent le « patrimoine » de la marque, lui ayant permis de redémarrer une activité condamnée par le directoire américain détenteur de Zénith à l’époque de la poussée du quartz horloger. L’histoire est bien connue, mais fait partie de la légende : Charles VERMOT, employé de la marque, refusa d’obéir aux ordres de destruction des étampes, outillages, machines, etc. Il écrivit plusieurs courriers de protestation et finalement stocka ces éléments dans les greniers de la manufacture, y compris dans ses propres locaux, ainsi que les plans et gammes de fabrication et d’assemblage.
Cette désobéissance lui valut en 2010 la réalisation d’une montre en hommage.
Cette action courageuse, au péril de son emploi, permit la sauvegarde du calibre « El Primero ». Né en 1969, il nécessite aujourd’hui avec son évolution Striking 10th 296 mains expertes, 142 étapes de production, 61 phases de contrôle qualité, et un temps cumulé de 60 semaines pour son élaboration. Les 36 000 alternances/heure sont à ce prix… Rolex utilisa ce calibre en le modifiant un peu dans ses chronographes Daytona.
Ces Daytona sont d’ailleurs les seuls disposant de l’indication de la date…sous le cadran !
Le disque Zénith est effectivement présent, même s’il n’est pas utilisé sur ces montres.
Plusieurs étapes rythment la progression vers la sortie d’une montre assemblée, dotée de son bracelet.
Depuis le début de la production, le pré-assemblage, la pose des rubis, l’assemblage des mouvements, la pose des masses oscillantes, des cadrans, jusqu’à l ’emboîtage.
Chacune de ces étapes fait l’objet de contrôles séparés.
L’atelier d’assemblage et de sortie des mouvements finis est en charge du contrôle et de la lubrification. Un contrôle final s’assure de la réception, et de la vérification de l’étanchéité.
Ces opérations, dans les différentes positions, nécessitent des retouches dynamiques, par des horlogers régleurs.
Nous avons fini notre visite par les ateliers du Département mécanique, où sont effectuées les opérations de maintenance d’outillage, le développement d’étampes, ainsi que le travail de « Posage », socles spécifiques à chaque opération.
A l’issue de la visite qui nous a permis de pénétrer au cœur de la manufacture, Jean Frédéric DUFOUR nous a fait l’immense honneur de nous recevoir dans le salon. Il nous a présenté bien évidemment ZENITH qu’il a rejoint en juin 2009. Mais il a aussi été question de la fantastique aventure humaine à laquelle s’associe la marque dans la tentative de record du monde de saut en chute libre de l’autrichien Felix BAUMGARTNER. Jean-Frédéric DUFOUR a évoqué les contraintes extraordinaires que cet exploit représente tant pour l’homme que pour la montre ZENITH qui l’accompagnera.
Nous sommes ensuite invités à déjeuner autour d’un buffet italien. Ce fut pour nous l’occasion d’échanger en toute décontraction avec J.F. DUFOUR sur son expérience et sur l’actualité de ZENITH. On a même pu essayer la montre du CEO de ZENITH.
Ensuite, vint l’heure tant attendue du tirage au sort de la montre ZENITH Elite Ultrathin mise en jeu. C’est Jean-Frédéric DUFOUR lui-même qui nous fit une présentation de la montre avant de tirer au sort le numéro de l’heureux vainqueur.
La main heureuse du CEO de ZENITH tirera parmi 130 billets le « lucky number »… Le numéro 88, suivi immédiatement du cri de joie du gagnant présent parmi nous.
Il s’agit de Michel, membre de Passion Horlogère, dont nous vous proposerons de faire sa connaissance à l’occasion d’une autre publication.
Enfin, Jean-Frédéric DUFOUR nous fit l’honneur et la joie de nous annoncer qu’il rejoignait Passion Horlogère en tant que Membre d’Honneur, suite à la proposition que nous lui avions faite. Cette annonce fut suivie d’une salve d’applaudissements et d’un cadeau de notre Président au CEO de ZENITH.
S’ensuivit une présentation de la collection ZENITH sous nos regards attentifs et émerveillés. Puis le temps de reprendre la route était arrivé.
Résumer en quelques lignes la qualité de la visite et de l’accueil que nous a réservé la manufacture ZENITH est une gageure. Mais à travers cet article, nous voulions partager notre joie et notre plaisir d’avoir pu approcher au plus près ceux qui font vivre nos rêves et notre passion. Nous remercions très sincèrement l’ensemble du personnel des ateliers de la manufacture ZENITH, qui, malgré la gêne que consiste le passage d’un groupe de visiteurs, a su faire preuve de patience et nous a toujours offert quelques sourires complices.
Enfin, nous souhaitons à M. DUFOUR d’emmener à son tour cette manufacture au ZENITH*
*(ndlr : il s’agirait, selon la légende des origines du nom ZENITH, la phrase qu’aurait prononcée GFC lorsqu’il serait un jour sorti de l’atelier sous un ciel étoilé.)
Récit : Emmanuel L., Thierry D., et Thierry G., pour Passion Horlogère.
Photographies : Jaques R. et Nicolas N., pour Passion Horlogère
Passion Horlogère remercie ses partenaires et amis :
www.zenith-watches.com
www.misterchrono.com
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