Un secteur en mutation, des tendances qui s’affirment, et une hiérarchie qui se redessine. Le rapport Juste à Temps de Watchfinder & Co. dresse un état des lieux précis du marché de l’horlogerie de luxe sur le segment de l’occasion, en analysant plusieurs critères clés : recherches en ligne, influence des célébrités, impact des réseaux sociaux, volumes de ventes, fluctuations des prix et reconnaissance des marques. Ces informations sont un complément précieux à celles délivrées le mois dernier par le rapport Morgan Stanley au sujet des ventes de montres de luxe 2024 neuves.

Entre domination indiscutable de Rolex, ascension de Cartier et repositionnement stratégique d’Audemars Piguet, cette édition 2024 marque une étape clé pour comprendre les dynamiques à l’œuvre.
Rolex : Une domination sans partage
Si l’on ne devait retenir qu’une marque cette année encore, ce serait Rolex. La marque genevoise continue d’imposer sa suprématie dans presque toutes les catégories d’analyse. Sa montre la plus populaire ? La Datejust, qui s’impose comme la référence absolue sur le marché de l’occasion. Avec plus de 1,56 million de recherches Google supplémentaires par rapport à l’année précédente et près de 15 % des ventes globales de Watchfinder, la Datejust occupe la première place en termes de ventes, d’impact médiatique et de notoriété sociale.
Derrière cette locomotive, Rolex place cinq autres modèles dans le top 10 :
- La Submariner, référence ultime des montres de plongée,
- La Daytona, toujours aussi convoitée,
- La GMT-Master, valeur sûre du voyageur,
- L’Oyster Perpetual, qui a su séduire une clientèle plus jeune,
- La Day-Date, grand classique du luxe horloger.
Rolex se hisse aussi en tête du classement des montres les plus discutées sur les réseaux sociaux. Avec un volume impressionnant de mentions sur Instagram, Facebook et X, la marque bénéficie d’un effet boule de neige marketing qui renforce sa présence en ligne et sa position de leader incontesté.
Cartier, l’autre grand vainqueur de l’année
En parallèle du règne de Rolex, une maison horlogère a su tirer son épingle du jeu : Cartier. La marque parisienne a connu une année exceptionnelle, se démarquant particulièrement dans deux catégories : l’appréciation des prix et l’intérêt des clients pour ses modèles vintage.
La grande gagnante est la Panthère de Cartier, qui s’impose comme la montre ayant connu la plus forte hausse de valeur sur le marché de l’occasion (+15,1 %). Autre modèle phare, la Cartier Santos, qui enregistre la deuxième plus forte progression des recherches Google après la Rolex Datejust, avec une hausse de 36 % (+ 1 345 000 recherches par rapport à 2023).
Le marché français en est la parfaite illustration : alors que Rolex domine aux États-Unis et au Royaume-Uni, c’est la Cartier Santos qui prend la tête des ventes hexagonales, suivie par la Cartier Tank. Plus qu’un simple effet de mode, ce regain d’intérêt pour Cartier témoigne d’un basculement progressif des amateurs vers des montres au design élégant et intemporel. Les « montres de forme » reviennent très fort sur le marché français, comme l’illustre aussi la troisième place occupée par la Royal Oak. Et nous recommandons à nos lecteurs de surveiller la Jaeger-LeCoultre Reverso qui devrait bientôt intégrer ce classement (NDLR).
Audemars Piguet : La puissance de l’influence
Si Rolex et Cartier dominent en termes de ventes et de recherches, Audemars Piguet s’impose comme la marque la plus influente auprès des célébrités.
La Royal Oak reste la montre la plus vue au poignet des stars, avec un volume de publications médiatiques et sociales presque deux fois supérieur à celui de la Rolex Daytona. Le modèle s’est affiché sur les poignets de John Mayer, Travis Scott et d’hommes d’affaires influents comme Anant Ambani, qui a marqué les esprits en offrant des Royal Oak à ses garçons d’honneur.
Cette exposition médiatique exceptionnelle propulse la Royal Oak à la troisième place du classement général et confirme son statut de montre culte dans le milieu du sport et du divertissement.
Le marché de l’occasion : Un équilibre trouvé après une correction
Après les envolées spéculatives de 2021-2022, le marché de l’occasion amorce une stabilisation naturelle.
La correction touche principalement les marques les plus spéculatives :
- La Patek Philippe Nautilus accuse une baisse de -42 % sur le marché secondaire,
- La Vacheron Constantin Overseas recule de -23 %,
- Les Rolex Day-Date et Daytona enregistrent aussi des baisses à deux chiffres.
Toutefois, ces ajustements ne traduisent pas un désintérêt du public, mais plutôt un retour aux fondamentaux après une bulle sans précédent.
À l’inverse, Cartier, Jaeger-LeCoultre et certaines références d’Omega et Breitling affichent des prix en légère hausse, preuve que le marché valorise aujourd’hui des modèles aux fondamentaux solides et moins soumis aux phénomènes spéculatifs.
Tudor : La belle surprise
Parmi les outsiders, Tudor réalise une percée impressionnante.
Malgré une notoriété plus discrète que Rolex ou Omega, la Tudor Black Bay se classe onzième du classement général, devant des icônes comme la Cartier Tank, la Rolex Explorer ou encore la TAG Heuer Carrera.
Trois facteurs expliquent ce succès :
- Un excellent rapport qualité-prix, qui en fait une alternative crédible aux modèles Rolex,
- Une forte présence sur les réseaux sociaux, qui contribue à séduire un public plus jeune,
- Une couverture médiatique renforcée, qui légitime la marque auprès des amateurs et collectionneurs.
L’horlogerie de luxe : Vers un nouvel équilibre ?
Ce rapport Watchfinder 2024 met en lumière des tendances clés qui dessinent le futur du marché :
- Le retour à des fondamentaux solides, après une période d’extrême spéculation,
- L’impact des célébrités (à ne pas confondre avec les ambassadeurs des marques) et des réseaux sociaux, qui continuent d’influencer les achats,
- L’émergence d’un segment de luxe plus accessible, avec des marques comme Cartier et Tudor en forte progression,
- Une polarisation toujours plus forte, où Rolex, Patek Philippe et Audemars Piguet concentrent l’essentiel de l’attention.
Dans cet univers en perpétuelle évolution, la montre ne se contente plus d’être un objet de collection ou un investissement : elle est un symbole, un reflet des aspirations, et une pièce maîtresse d’une identité personnelle.
Le marché de demain sera-t-il dominé par l’héritage ou par l’innovation ? Seul le temps nous le dira.
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