Le Datograph est un chronographe à part qui, depuis plus d ‘une décennie, fait battre le coeur des amateurs de Haute Horlogerie. Lancé en 1999, ce modèle devient rapidement l ‘une des pièces emblématiques de la Manufacture saxonne. Un garde temps exceptionnel, un véritable concentré d ‘élégance et de raffinement, la confirmation (si besoin en était !) du retour de Lange sur le podium des plus prestigieuses marques de Haute Horlogerie, quelques années à peine après la résurrection de l ‘entreprise en 1990.
Les concepteurs et designers de ce nouveau Datograph UP/DOWN ont su brillamment faire évoluer cet icône qui passe de 39 à 41 millimètres de diamètre et arbore désormais des index bâtons en or rhodié, en lieu et place des chiffres romains de l’ancien modèle.
L ‘HISTOIRE
Après la seconde guerre mondiale, l ‘entreprise fondée en 1845 par Ferdinand Adolph Lange est saisie par le gouvernement est-allemand. La famille Lange est expropriée. Walter Lange, arrière petit fils du fondateur, est contraint de fuir son pays. L ‘affaire familiale est intégrée avec d’autres entreprises de Glashütte au combinat d’Etat « VEB Uhrenwerk Glashütte ».
par les bombardements alliés le 8 mai 1945.
Le 7 décembre 1990, après la chute du mur et la réunification allemande intervenue quelques mois auparavant, Walter Lange revient à Glashütte et réenregistre la marque A. Lange & Söhne dans le monde entier. Il signe alors l ‘incroyable renaissance de l ‘entreprise après une pause de plus de 40 ans et la destruction quasi intégrale de l ‘outil de production : en moins de 4 ans, la Manufacture A. Lange & Söhne se hisse à nouveau au sommet de l ‘art horloger.
Je ne peux m ’empêcher, en écrivant ces lignes, d ‘imaginer avec admiration la somme de travail, de sacrifices, de talent dont il a fallu faire preuve pour parvenir à un tel résultat sur un laps de temps si court.
L ‘UNION DES CONTRAIRES : UN CONCENTRÉ DE TRADITION ET D ‘INNOVATIONS
La fabrication de chronographes chez A. Lange & Söhne n ‘est pas récente. En 1868 déjà, Adolph Lange construisait des chronographes à roue à colonnes. Ces montres de poche dotées de mécanismes d ‘arrêt sont aujourd ‘hui considérées comme des merveilles par les collectionneurs.
Pour les concepteurs de la grande maison saxonne, proposer un nouveau Datograph et par là même faire honneur à ce double passé prestigieux – d ‘abord celui de ces montres de poche conçues par le fondateur de la marque, puis celui de la première version du Datograph – était un exercice périlleux. Ils ont su relever le défi avec panache, et ce Datograph UP/DOWN, grâce à une série de développements, est maintenant doté d ‘une réserve de marche de 60 heures (contre 36 heures pour la version précédente), d ‘un indicateur de réserve de marche magnifiquement intégré au cadran, et d’un système oscillant intégralement développé par la manufacture.
Comme évoqué plus haut, le boîtier en platine passe à 41 mm de diamètre et le cadran en argent massif est désormais orné d ‘index bâtons en or rhodié, en lieu et place des chiffres romains de l’ancien modèle.
Ces nouveaux index apportent, à mon sens, une touche supplémentaire de sobriété bienvenue, puisqu ‘elle permet de contrebalancer habilement la présence, à 6 heures, de l ‘indicateur de réserve de marche, et donc de préserver la grande lisibilité du cadran. Cet indicateur portant la mention « AB/AUF » – en anglais « UP/DOWN » – (pour remonté/désarmé), indique le temps restant avant que l’autonomie de marche ne soit épuisée. Ce n ‘est qu ‘à partir du troisième jour, quand la flèche de la réserve de marche se trouve dans la zone rouge, que le mouvement doit être remonté.
avant que l’autonomie de marche ne soit épuisée.
Pour accompagner le passage à 41 mm de diamètre du boîtier, les dimensions du guichet de la désormais célèbre grande date ont été augmentées de quatre pour cent. Subtil détail révélateur d ‘une constante recherche de perfection chez Lange qui permet au design du cadran de conserver des proportions parfaitement équilibrées. À 10h se trouve le poussoir qui actionne le réglage rapide de la grande date : un système ingénieux breveté par la marque qui, par une simple pression, permet de passer au jour suivant.
Pour le reste, ce nouveau modèle a su préserver les fondamentaux qui ont fait la réputation de son illustre prédécesseur : lisibilité et équilibre du cadran, transmission par roue à colonnes, compteur de précision à minutes sautantes (l ‘aiguille avance d ‘un saut à l ‘instant précis où l ‘aiguille centrale du chronographe franchit la barre des 60 secondes) et fonction retour-en-vol (flyback). Le dispositif retour-en-vol, utilisé aux débuts de l ‘aviation notamment permet – pendant un chronométrage en cours – de commander la remise à zéro et le redémarrage instantané des aiguilles du chronographe en pressant et en relâchant un seul et même poussoir.
LE MOUVEMENT
et est entièrement décoré et assemblé à la main.
Le Datograph UP/DOWN est équipé du calibre à remontage manuel Lange L951.6 – sans doute l ‘un des plus beaux mouvements que l ‘on puisse admirer – visible au travers d ‘une glace saphir traité anti reflets.
Les photos sont à même de démontrer que ce calibre est un véritable chef-d’œuvre de micromécanique ! …Même s ‘il est extrêmement difficile de capturer cette sensation de profondeur étonnante apporté par cette « dentelle mécanique « .
Avec une fréquence de 18 000 alternances par heure, entièrement décoré et assemblé à la main, le L951.6 comporte pas moins de 451 composants et mesure 30,6 mm de diamètre pour 7,9 mm d ‘épaisseur.
Il comporte un réglage de précision dans cinq positions, des platines et ponts en maillechort décoré de fines côtes de Glashütte, et un coq de balancier finement gravé à la main. Son balancier antichoc à masselottes excentrées permet un réglage d ‘une extrême précision et le spiral de balancier est fabriqué par la manufacture.
L ‘ESSAI
Place à l ‘essai de cette nouvelle version du fameux « Dato », comme le surnomment les amateurs.
La première heure, il n ‘est pas évident de s’accoutumer au port d ‘une montre d ‘une telle valeur qui ne vous appartient pas : on y fait tellement attention qu ‘on mesure chacun de ses mouvement. Puis, une fois ce moment d ‘hésitation et d ‘extrêmes précautions passé, le « Dato » devient petit à petit « votre » montre… même si on ne cesse de se dire que l ‘on a au poignet une véritable légende : un sentiment étrange où se mêle l ‘admiration, une grande satisfaction et un profond respect pour ce garde-temps d ‘exception.
Au porté, la cette pièce sait se faire oublier, et malgré son poids important – la boîte est en platine ndlr – elle tombe parfaitement sur le poignet. Son poids devient vite un atout, une sensation très agréable : la belle est présente mais pas trop, on sent le fabuleux calibre L951.6 battre sur son poignet. Croyez moi, on ne s ‘en lasse pas.
Je n ‘ai pas quitté la montre tout au long de cet essai (ce qui est rare pour moi), et sincèrement je ne lui trouve que des qualités, tellement on touche, avec ce Datograph UP/DOWN, à la perfection faite montre !
Petit détail amusant : je travaille et évolue dans un monde qui ignore tout de l ‘horlogerie (et c ‘est tant mieux, j ‘aime que ma passion reste discrète). Depuis toutes ces années d ‘amateur d ‘horlogerie je n ‘ai jamais eu de remarque sur une montre que j ‘avais au poignet. Avec le Datograph, les compliments, les questions, les félicitations ont été quotidiennes.
Il s ‘agit pourtant d ‘une montre au design classique, censée, selon moi, passer presque inaperçue… j ‘en suis arrivé à la conclusion qu ‘elle dégage « quelque chose en plus « , quelque chose d ‘inexplicable qui fait tourner les têtes.
Sans doute cela vient-il du design sobre et équilibré… de la grande date, des reflets particuliers du platine, de ses dimensions harmonieuses… bref, un ensemble de détails qui font de ce modèle un garde-temps hors du commun !
A l ‘utilisation, le confort du porté, l ‘incroyable souplesse de déclenchement de ses poussoirs, la lisibilité parfaite, l ‘indicateur de réserve de marche avec ses 60 heures d ‘autonomie, la fonction Flyback, en font une montre idéale quel que soit votre activité. L ‘hybride idéale : une « montre-outil » croisée avec une pièce de luxe résolument tournée vers le raffinement absolu.
POUR FINIR
Si vous avez lu cet essai jusque là, ce ne sera pas une surprise pour vous, j ‘ai eu pour ce garde-temps un vrai coup de coeur !
Pas un coup de coeur comme un autre, non… (Pour le passionné que je suis, il n ‘est pas rare que j ‘apprécie plus que de raison une montre), il s ‘agit plutôt d ‘un véritable coup de foudre. J ‘ai bien conscience que, pour beaucoup, une telle émotion pour un objet manufacturé puisse sembler excessive, car il ne s ‘agit là finalement que d ‘une montre… mais quelle montre !
A l ‘instant où j ‘ai passé ce Datograph au poignet, me sont revenus les détails de l ‘histoire de la Manufacture, j ‘ai imaginé les hommes et femmes qui ont participé à la fabrication de ce Datograph UP/DOWN, leur passion, leur talent… les connaissances nécessaires, transmises de Maître à apprenti au fil des années, pour concevoir et fabriquer une telle pièce. Bref, j ‘ai littéralement été transporté et je me suis perdu pendant de longues minutes, et ce à plusieurs reprises, dans la contemplation des détails de ce chronographe.
Bien sûr, il existe, y compris au sein de la production de A. Lange & Söhne, des montres encore plus prestigieuses… mais comment expliquer un coup de foudre ? Peut-être, pour faire référence au titre de cet essai, en comparant l ‘émotion que j ‘ai eu à porter ce garde-temps, à celle que l ‘on peut ressentir à la vue d ‘un pur sang en liberté : sa finesse, son élégance, sa puissance toute en retenue accompagnée d ‘une beauté à couper le souffle. Un ensemble de sensations, d ‘images qui resteront gravées en vous… En conclusion, la montre d ‘une vie qu ‘on aimerait pouvoir transmettre à l ‘un de ses descendants, tout simplement !
Récit et photos Jacques-Olivier
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