Depuis 2011 Mathias Buttet, responsable de ce département de la Manufacture de Nyons, collabore à percer le secret de la machine d’Anticythère. La marque horlogère a ainsi contribué à découvrir que des vestiges dormant depuis 1901 dans un musée en Grèce étaient en fait des morceaux du plus ancien « calculateur astronomique » de l’humanité, et, partant, de la plus ancienne machine liée au temps dont nous avons connaissance à ce jour. Hublot a accompagné la présentation et la mise en valeur de ce trésor de l’humanité depuis trois ans, et aujourd’hui l’horloger est partie prenante dans la seconde expédition archéologique sous-marine menée par le plongeur-archéologue américain Brendan Foley. L’occasion de tester un matériel hautement technologique permettant en une semaine d’exploitation de faire un travail équivalent à une campagne annuelle d’archéologie sous-marine. Quand le futur se met au service du passé.
La combinaison EXOSUIT semble tout droit sortie d’un film de science-fiction. Ce que le long-métrage Abyss prospectait pour un futur encore lointain semble avoir pris la forme de cet équipement hautement technologique aux couleurs d’Hublot. Pesant 240 kg, mesurant 2 mètres et permettant une autonomie de 50 heures par 300 mètres de fond, cette armure en alliage d’aluminium totalement étanche décuple les possibilités d’exploration sous-marine. Les plongeurs-archéologues peuvent travailler plus longtemps sur site, sans être soumis à la pression des fonds marins, sans utiliser de mélanges gazeux pour respirer, donc sans avoir de contraintes liées à la décompression, pouvant ainsi enchaîner des plongées dans des délais records. Les amateurs de plongée pourront la découvrir sur le stand Hublot au Baselworld 2015.
Afin d’équiper le plongeur d’un instrument mécanique fiable et totalement adapté, Hublot a crée une série spéciale EXO4000 de sa montre de plongée King Power Oceanographic qui avait demandé 18 mois de mise au point entre 2010 et 2011. Un premier prototype nous a été présenté à cette occasion, prototype non encore abouti qui devrait encore subir quelques modifications cosmétiques. Cependant ses qualités techniques demeureront inchangées. 48 mm de diamètre, boîte en titane satiné microbillé ou en fibres de carbone, glace saphir de 6,5 mm d’épaisseur, étanchéité de 4000 m (testée jusqu’à 5 000 m selon les normes NIHS), pour une réserve de marche d’environ 42heures. Cette montre a une vocation professionnelle bien affirmée et est mise à disposition d’un instrument bien différent ayant passé quelques 21 siècles par 60m de fonds !
La machine d’Anticythère est à la montre Hublot Oceanographic 4000 ce que la phalange grecque est au char Leclerc. Elles n’ont en commun qu’une segmentation du temps, et l’environnement dans lequel elles se retrouvent. Pour le reste, la plus grande différence qui les oppose, c’est l’approche de la notion de temps qui rappelle la thèse de Fernand Braudel opposant temps court et de temps long. Il n’est pas question ici de décrire dans le détail ni d’expliquer cette mécanique ultra-sophistiquée composée de 33 rouages en bronze dont les dents triangulaires faisaient 1 mm de hauteur, mais d’en rappeler l’importance et d’évoquer les questions qu’elle continue de poser aujourd’hui.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances, je vous invite à lire l’excellent article de Morgane Kergoat dans Science & vie n°1155 de décembre 2013 qui aborde parfaitement le sujet sous l’angle historique et scientifique, ainsi qu’à visionner le documentaire diffusé par la chaîne Arte ou encore à lire le superbe livre de Constantin Stikas « Antikythera Mechanism ».
La découverte de 82 fragments d’une étrange machine par des pêcheurs d’éponges en 1901 était restée des décennies durant dans les réserves du musée national d’archéologie d’Athènes. Ce n’est qu’au début des années 2000 que la communauté scientifique a compris la valeur de ce trésor. Le projet AMRP a été lancé en 2004 pour percer le mystère de la machine d’Anticythère. De très nombreuses compétences scientifiques, techniques, et technologiques ont alors été mobilisées pour mener à bien ce projet. La reconstitution en 3D du mécanisme de la machine et la collaboration du laboratoire R&D d’Hublot ont permis de démontrer que ce calculateur astronomique autorisait une variation d’un jour tous les 76 ans, soit 0.12s par jour. Une précision pouvant faire pâlir de jalousie tous les horlogers contemporains. Un train de 30 engrenages réalisés en bronze permettait le fonctionnement de cette machine complexe, et il a été démontré que le centre de certains de ces engrenages n’était pas fixe. Un procédé inédit qu’est en passe de reproduire Hublot afin de présenter une montre complètement folle qui marquera l’histoire de l’horlogerie. Pour Mathias Buttet qui s’est pris de passion pour cette aventure, « Anticythère est une nouveauté mécanique vieille de 2000 ans ! ». Cette machine remet en question les éléments fondamentaux enseignés dans les écoles d’horlogerie et d’ingénieurs. Les premiers systèmes d’engrenages horlogers ne dateraient pas de la renaissance, mais de l’antiquité !
C’est pour rendre hommage à ce génie humain qu’après quatre ans de travaux acharnés, Mathias Buttet désormais responsable du laboratoire R&D d’Hublot a présenté à Bâle en 2012 la représentation horlogère de cette formidable machine. Editée en 4 exemplaires, aucune ne sera commercialisée. Seule une interprétation, la MP-08 Antikythéra SunMoon a été produite en 20 exemplaires en titane et 20 autres en or. Mais le véritable hommage devrait intervenir au prochain Baselworld. Mathias Buttet nous a promis une belle surprise avec pour seuls indices quelques 18 000 composants utilisés. Une folie !
La machine d’Anticythère n’a pas fini de nous livrer ses secrets. Ni même l’embarcation de 60 mètres qui la transportait. L’expédition scientifique « Return to Anticythere » soutenue par Hublot et dirigée par Brendan Foley devrait permettre d’aller plus loin encore dans la connaissance scientifique. Peut-être cela permettra d’aider Yanis Bitsakis physicien, membre de l’AMRP, et interlocuteur privilégié d’Hublot, à comprendre comment une civilisation antique a pu maîtriser un tel savoir-faire, et surtout pourquoi cette technique incroyable s’est perdue ? Cette découverte augure de nombreuses autres d’une ampleur insoupçonnée dormant probablement dans les réserves des musées du monde entier. C’est en cela que le progrès technologique trouve tout son sens, quand il nous permet de mieux comprendre notre histoire, pour enfin pouvoir l’expliquer.
Thierry Gasquez
Président
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