Comme l’année dernière, Passion Horlogère a eu le plaisir de rencontrer Benoît Mintiens de chez Ressence. Baselworld 2013 est l’occasion pour Ressence de présenter son nouveau modèle : la Type 3.
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Dès le premier regard, cette montre intrigue : mais où diable est passée la couronne ? Celle-ci a été habilement supprimée et remplacée par un ingénieux système se trouvant au dos de la montre : le verre du fond de boîte fait office de couronne !
Dans le fond de la montre se trouve sur la lunette, à l’arrière, un indicateur triangulaire orange qui, lorsqu’il est en face de son jumeau au centre de la montre, signifie que la montre est en position neutre. Si l’on tourne le saphir arrière dans le sens horaire jusqu’à ce que l’indicateur extérieur soit sur le « W », on est en position remontage manuel. Celui-ci s’opère en effectuant des allers-retours sur la zone « W ». En continuant la rotation de l’indicateur extérieur vers la zone marquée « D », la montre est en position modification de la date. Pour atteindre la mise à l’heure, il est nécessaire de revenir à la position neutre et de tourner dans le sens anti-horaire jusqu’à la position « T ».
Une fois l’indicateur sur la position souhaitée, il faut retourner la montre à l’endroit pour que la date ou l’heure puisse être changée. En effet, le mouvement repose sur un système gravitationnel permettant que lorsque la montre est à l’envers, cela n’influe pas sur l’affichage. Grâce à cela, une fois l’heure modifiée, il est possible de remettre la montre en position neutre sans dérégler l’heure.
Le disque se trouvant entre les deux triangles oranges est en réalité le rotor. Le mouvement, basé sur une ETA 2824, conserve son fontionnnement par remontage automatique.
En observant le profil de la montre, on constate la présence d’une carrure portant les deux modules que sont l’affichage à l’avant et le mouvement à l’arrière. Ces deux modules profitent chacun d’un dôme en verre saphir avec un traitement antireflet intérieur pour l’arrière et extérieur pour l’avant.
Et là, autre question : comment se fait la transmission de la force du mouvement au module d’affichage ?
Cette question se transforme en casse-tête lorsque Benoit Mintiens nous présente la carrure en question ! Elle est pleine !!! pas un trou…
Après avoir vu mon étonnement, Benoit Mintiens a sans doute pensé que quelques explications ne seraient pas superflues.
Le secret : le magnétisme ! En effet, le module mouvement comporte un système d’aimants dont le magnétisme est canalisé vers le module d’affichage afin de ne pas influer négativement sur la bonne marche du mouvement. Afin de neutraliser totalement le magnétisme résiduel, le mouvement est positionné dans une cage de Faraday.
En complément, la transmission se fait par un système de roues dentées positionnées sur l’extérieur de la boite. Grâce à cela, le milieu de la montre est libéré permettant de contenir l’épaisseur de la montre.
Cela nous amène au module avant : l’affichage.
Le cadran porte les indications heures, minutes, secondes (qui sont d’ailleurs indexées sur les minutes, faisant que les secondes et les minutes passent à 60 en même temps), jours de la semaine (le week-end est distingué des autres jours par des indexes vides) et le quantième sur le disque se trouvant à l’extérieur de la montre.
Reprenant le concept de la SERIESONE, l’affichage de la Type 3 repose sur des disques qui, contrairement à ceux de la SERIESONE, sont galbés. Cette volonté esthétique pose un certain nombre de problèmes techniques. L’un d’eux porte sur les axes alimentant ces disques : comment chasser un axe de manière perpendiculaire aux disques alors que ces mêmes disques ne sont pas parallèles à la carrure ? Et bien ils l’ont fait en perçant les platines inclinées.
Autre spécificité de ce module d’affichage : il baigne intégralement dans de l’huile.
Pourquoi de l’huile ? Ce choix comporte trois avantages majeurs :
– La lubrification. En comparant le module avec et sans huile, la version immergée gagne près de la moitié de l’amplitude du mouvement par rapport à la version classique. Cela vient donc contribuer très fortement à la précision de la montre.
– L’huile a également un coefficient de dilatation très faible. La dilation de l’huile est faible mais malgré tout présente. Pour compenser cette faible dilation, le module est équipé d’une valve. Grâce à cela, la montre ne présente pas de sensibilité aux variations de température.
– Pour finir l’huile ne s’évapore pas ce qui garantit l’absence d’air et doit limiter les services.
Pour réaliser ce module d’affichage, le mécanisme est immergé plusieurs jours dans l’huile afin de supprimer totalement l’air présent dans les différents composants.
Benoit aurait pu opter pour l’utilisation de solvants en lieu et place de l’huile. Cette option n’était plus envisageable à compter du moment où il a été décidé d’utiliser du Luminova pour l’affichage.
L’année dernière, j’avais eu la chance de voir le prototype de la Type 3. La version finalisée présentée cette année n’a plus rien en commun, d’un point de vue technique, avec le prototype. Autant dire que le travail abattu sur les mois passés est considérable pour aboutir sur cette montre magnifique faite de plus de 400 composants !
Cette montre suscite réellement de très fortes émotions !
Preuve est faite lorsque l’on entend les personnes passant devant le stand de Ressence s’estomaquer à grand renfort de « Crazy Belgian ! ».
Je tiens à remercier chaleureusement Benoit Mintiens pour le temps qu’il m’a accordé, sa grande accessibilité et la passion qui l’anime ! Je souhaite conclure en partageant ma joie à rencontrer des personnes comme Benoit, qui font vivre l’horlogerie actuellement et qui font vibrer les passionnés que nous sommes.
Texte et photos Fabrice C. pour Passion Horlogère
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