Retour sur le dernier Salon Belles Montres, où Passion Horlogère a eu l’immense chance d’être reçu par Richard Mille, afin de découvrir d’un peu plus près l’univers de la Maison, qui allie avec une grande maîtrise la technicité, l’esthétique et l’esprit sportif dans la réalisation de ses montres.
L’esprit sportif est très marqué sur le stand. Dès l’entrée, les portraits de Felipe Massa (Formule 1), Yohan Blake (Athlétisme), Rafael Nadal (Tennis) et Roberto Mancini (Football) accueillent les visiteurs.
Le modèle sur lequel nous reviendrons un peu plus tard est également bien mis en avant. Il s’agit de la RM 038 dit Bubba Watson, qui trône à l’entrée, d’une blancheur immaculée.
Nous sommes chaleureusement accueillis par Denis Chauvé, responsable de la boutique Paris Vendôme mais également du réseau retail France. Ouvert et franc, celui-ci a accepté le principe d’une petite interview.
Julien : Denis, bonjour et merci de nous recevoir. Comment définiriez-vous techniquement RM ?
Denis Chauvé : Ce qui est très important chez nous, c’est que tous les mouvements sont en fait vissés à la carrure. En règle générale, dans une construction classique, les mouvements sont emboités, ils sont calés souvent avec une bague en métal dans les boitiers, et ensuite nous arrivons à faire en sorte qu’on ne les distingue pas. Chez Richard Mille, les mouvements sont systématiquement vissés au boitier, gage d’une fiabilité supérieure.
Julien : Parlons un peu plus spécifiquement de la fameuse Booba RM 038. Quelle a été l’implication de Bubba Watson sur ce modèle et sur l’aspect du développement technique ?
Denis Chauvé : Alors c’est très simple. En fait lorsque nous développons une montre avec un sportif, on la développe pour lui mais surtout avec lui. En fait il y a une ligne directrice donnée par le sportif. Pour Nadal par exemple, c’était la légèreté, il souhaitait une montre extrêmement légère, et résistante. Pour Bubba, le poids n’avait pas d’importance. Nous n’avons pas fait une montre ultra légère. Le blanc vient du fait que l’univers du Golf est souvent assez blanc dans ses codes. Aujourd’hui lorsque nous faisons un prototype, nous développons la montre, nous laissons le prototype en test au sportif et ensuite nous corrigeons selon ses remarques. Ensuite, après ces phases de tests, nous fabriquons. Mais pour tout vous dire, sur la montre de Bubba, il y a eu de grosses modifications sur l’alliage. Si vous regardez avec attention les fiches techniques, plusieurs paramètres ont été modifiés entre le moment où la montre a été présentée et le moment où elle a été commercialisée.
Julien : Pourquoi avoir modifié l’alliage ?
Denis Chauvé : L’alliage originel contenait une certaine part de magnésium. Or, le magnésium en proportion trop importante est très sensible à la corrosion. Nous avons donc dû modifier l’alliage.
Michel : Et pour ce qui est des chocs ? On dit souvent que la pratique du Golf est propice aux chocs, qui altèrent la mécanique. Comment avez-vous travaillé la RM 038 pour la rendre portable ?
Denis Chauvé : En fait si vous regardez le créneau RM, c’est le tourbillon de sport. Lorsque Richard Mille a présenté sa première montre, il a développé la RM01 sur le principe d’un tourbillon sportif. L’idée de départ est de faire une montre technique certes mais une montre qui pouvait être portée ! Faire des montres qui passent leur vie au coffre, ça n’a aucun intérêt. RM c’est peut-être, parmi les marques les plus haut de gamme, la marque la plus portée aujourd’hui. Car les montres ont été pensées pour ça et les gens ont plaisir à les porter. Le confort a tout de suite été mis en avant. Aujourd’hui cela rentre petit à petit dans l’esprit de tout le monde mais à l’époque, c’était révolutionnaire. Pour en revenir au défi technique de la Bubba, le dessin du mouvement est fait de telle sorte que vous avez des parties qui doivent être extrêmement rigides et d’autres plus souples pour encaisser les chocs. Et le principal élément de la montre qui doit être protégé, c’est le balancier. Réussir à faire un tourbillon qui peut être utilisé dans un contexte sportif a été un vrai défi, que nous avons relevé.
Julien : De combien de temps en moyenne avez-vous besoin, en termes de design mais surtout de Recherche et Développement pour un nouveau modèle ?
Denis Chauvé : Environ 5 ans. Il faut savoir que parmi la masse qui est en développement, beaucoup de projets n’arrivent jamais à terme à cause de contraintes techniques. Toutes les montres RM sont en perpétuelle évolution en fait.
Michel : Parmi vos ambassadeurs, il n’y a en fait que des sportifs ?
Denis Chauvé : Tout à fait. Richard Mille c’est quelqu’un qui a eu l’audace de mettre sa montre en danger. Quand vous travaillez avec Felipe Massa, avec Raphaël Nadal… c’est un vrai défi ! Les gens regardent pendant les matchs si la montre de Nadal est encore à l’heure ! Richard Mille, c’est une démonstration plus qu’un discours.
Julien : Et quelle est aujourd’hui la stratégie marketing de RM ? Avez-vous une cible type ? Ou bien le foot, le polo, le golf ne sont que des rencontres avec des personnes, des sportifs, des univers ?
Denis Chauvé : Au départ, il n’y avait pas de marketing, nous improvisions selon les coups de cœur. Le succès de la marque a surpris Richard Mille car il n’a rien fait de plus que de développer une montre qu’il aimait. Il a développé une montre qui lui plaisait, selon sa vision. Il s’est donné carte blanche. L’innovation chez RM vient de ce côté no limit. Nous n’avons pas d’histoire et donc pas le poids qui va avec. Chez RM, nous n’avons aucune limite à part la technique.
Julien : Et justement, quelle est la prochaine étape pour RM ? Vos envies ?
Denis Chauvé : Malheureusement, il est difficile de vous répondre. Mais je pense que, de toutes façons, si vous regardez les dix dernières années il y a des choses qui n’ont jamais changé chez RM, ce sont l’innovation, l’exclusivité et jamais de concession ! De ce point de vue, je pense que ce sont des notions qui ne changeront jamais, c’est l’ADN de la marque. Les gens achètent RM pour ces raisons et rachètent pour ces mêmes raisons, avec comme dénominateur commun la passion ! RM a été un bol d’air pour l’horlogerie car il a apporté quelque chose de nouveau. Beaucoup de marques se sont développées car RM a su faire quelque chose de moderne, du XXIe siècle. Pourquoi continuer à faire des montres en 2000 comme en 1900 ? Alors que nous allons sur la Lune, que nous avons des smartphones… Nous avons réussi à faire rêver les gens !
Julien : Et qu’attendez-vous de ce salon Belles Montres ?
Denis Chauvé : Sincèrement : le partage. En boutique, beaucoup de gens ont du mal à passer la porte, alors qu’une fois à l’intérieur ils se rendent compte que nous aimons partager notre passion. Nous nous sommes toujours voulus accessibles et passionnés. Nous sommes très jeunes, nous aimons ce que nous faisons, surtout nous savons pourquoi nous le faisons ! Les gens viennent chez nous pour cet état d’esprit et cette démarche. C’est un partage et un échange.
Julien : Merci beaucoup de votre accueil.
Place donc à la RM038 dit Bubba. Les superlatifs manqueront sûrement pour qualifier cette montre donc laissons plutôt parler les photos :
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