C’est dans un hangar abritant habituellement des aéronefs, équipé d’un micro pour nous dispenser des explications hautement techniques, voire technologiques, parfois entrecoupées d’une « musique » émanant d’un moteur vrombissant comme il aime à l’appeler alors que d’autres parleraient de « bruit assourdissant », que Jean-Paul Girardin accueille les quelque 160 invités s’étant déplacés tout spécialement pour découvrir ces deux nouveautés. La première d’entre elles, l’Emergency II, nous en entendons parler depuis de nombreux mois. Elle a été présentée à Bâle en avril 2013. Mais il s’agit ici de sa version définitive et commercialisée, celle que chacun d’entre nous peut s’acheter dans une boutique de la marque. Elle s’est fait attendre, et pour cause, Breitling a relevé des défis incroyables pour nous la présenter aujourd’hui. La seconde est une montre semblant de prime abord moins « spectaculaire » que l’Emergency II, mais qui en fait signe l’entrée de la marque dans l’ère du « tout Manufacture ». Et bien que cela ne soit pas encore tout à fait le cas, on en sent les prémices. Tentons de découvrir ces nouveautés et de décrypter ce qu’elles annoncent.
Breitling Emergency II
Cette montre peut être considérée comme étant un équipement de survie. C’est LA montre qu’il faut emporter en expédition sur terre, sur mer, ou dans les airs. L’Emergency II fait suite à un premier modèle produit 15 années durant et ayant été vendu à plus de 40 000 exemplaires. N’ayant déclenché aucune fausse alarme à ce jour, cette première version aura eu le mérite d’avoir sauvé 20 vies humaines durant sa carrière. Preuve s’il en est qu’elle a rempli sa mission.
La nouvelle mouture présente de nombreuses évolutions. Il s’agit en fait d’une montre totalement différente. Elle peut être considérée comme étant la balise de détresse personnelle la plus performante au monde. Pour cela il aura fallu relever les défis de la miniaturisation (pour que cela reste une montre), de l’autonomie, et des certifications.
Cette balise est munie de deux émetteurs dont l’antenne en deux parties autonomes et de différentes longueurs se compose de pas moins de 35 éléments assemblés. Un émetteur envoie un signal toutes les 50 secondes sur une fréquence de 406 Mhz pour donner l’alerte, et un autre émet en continu sur la fréquence 121.5 Mhz pour guider la recherche. Un code avec l’enregistrement du propriétaire permet de savoir qui a actionné la balise de détresse. En s’inscrivant auprès de Breitling lors de l’achat de la montre, on donne les coordonnées d’une personne référente qui est appelée en cas de balise déclenchée pour pouvoir vérifier l’authenticité de l’alerte. Ceci est réalisé en quelques minutes à peine.
Le système utilisé est le Cospas-Sarsat. Jusqu’à présent, la plus petite balise « PLB » avait la taille de 2 paquets de cigarettes. Avec cette Emergency II, Breitling a repoussé les limites de la miniaturisation d’une telle technologie.
Pour ce faire, il aura fallu faire appel au CEA à Grenoble afin de créer une batterie qui offre 50% de plus de charge que les plus performantes du marché. Les ingénieurs de Breitling auront dû collaborer avec de nombreuses compétences ignorées jusqu’alors, de l’aveu de leur CEO. Le résultat en est édifiant !
Le travail de développement et de création de la montre aura pris quelque 4 années de travail. Mais à cela il fallut ajouter 14 mois pour obtenir les certifications dans la majorité des pays dans lesquels la montre est proposée à la vente. Etant un produit hautement sensible, voire considéré comme « stratégique » dans certains pays, un agrément est indispensable dans chacun de ceux où sa commercialisation est envisagée. La mondialisation ici n’opère pas. C’est donc à un véritable parcours du combattant qu’est confrontée la marque. Il ne reste à Jean-Paul Girardin qu’à « boucler » les USA pour avoir obtenu toutes les certifications désirées, celles des plus gros marchés.
Ensuite il ne restera plus aux aventuriers qu’à aller dans une boutique Breitling de leur pays de résidence pour acheter cette montre / balise de détresse en prévision d’une expédition ou d’un porté quotidien, au choix du client, en l’ayant préalablement chargée et testée sur le support fourni dans sa valise qui fait office d’écrin. Une charge tous les deux mois permettra de vivre quelques aventures en toute quiétude.
Breitling Cockpit B50
L’idée originelle de cette montre était de proposer la montre parfaite pour les pilotes. Le genre de défi qu’aime relever Breitling !! La Cockpit B50 a été présentée en avant-première aux Reno races le 10 septembre dernier.
Pour la première fois, Breitling a développé et produit un mouvement quartz en interne. Il s’agit là d’une véritable révolution ! Breitling qui produit depuis 5 ans déjà son propre mouvement mécanique est désormais totalement autonome. Et si ce n’est pas encore effectif, ça le sera dans quelques années.
Cette montre multifonctions est dédiée aux pilotes et aux voyageurs. Le chronographe est lié à l’heure mettant en mémoire l’heure et la date. Il peut ainsi mémoriser jusqu’à 20 vols pour avoir l’heure de décollage, le temps de vol, et l’heure d’atterrissage. Trois informations fondamentales pour les pilotes. Autres fonctions importantes présentes dans cette version, l’heure utc, le local Time, et un troisième fuseau horaire. Cette montre est rétro-éclairée, fonction qui s’active automatiquement quand on tourne le poignet de plus de 30 degrés. La batterie est rechargeable en 2 heures pour 1 à 5 mois d’autonomie. La montre est en titane ou titane dlc pour une finition un petit peu plus aventureuse.
Ces deux magnifiques nouveautés ne devaient pourtant pas occulter la présence d’une héroïne contemporaine de l’aviation. La jeune Aude Lemordant du haut de ses 32 ans est une véritable passionnée d’aviation en train d’écrire sa légende. De sa passion, elle en a fait son métier en étant pilote de ligne chez Air France, aux commandes d’un Boeing 777. Son temps de loisirs est aussi dévolu à l’aviation. Elle n’est autre que la championne du monde de voltige aérienne en titre, championne d’Europe, et quadruple championne de France. Un palmarès encore en construction qui vient de lui ouvrir les portes de « la famille Breitling » comme elle aime à l’appeler.
La rencontrer a ceci de particulier qu’elle vibre de passion pour tout ce qu’elle entreprend. Très rapidement un climat détendu et de confiance s’installe. Et elle vous livre quelques anecdotes entrecoupées d’éclats de rire communicatifs dont elle a le secret. A propos de Breitling, elle a commencé par me raconter comment elle a été impressionnée par l’implication à tous les niveaux dans tous les projets : « Je venais de signer mon partenariat avec Breitling. Je pensais à un sponsoring comme on a l’habitude d’en voir dans le milieu sportif de haut niveau. En fait j’ai compris qu’en entrant chez Breitling, on trouvait comme une deuxième famille. Mon designer venait de me livrer les plans de la nouvelle peinture de mon avion aux couleurs de Breitling. Je les ai envoyés à la marque pour validation. Habituellement c’est une formalité quand on respecte les codes couleurs et que la marque est bien visible. Quelle fut ma surprise de recevoir un coup de fil de Teddy Schneider lui-même (président et propriétaire de la marque ndlr) qui venait tout reprendre en détail avec moi. Et ceci avec un plaisir non dissimulé. Il est même allé jusqu’à me demander de changer la couleur de la peinture de ce que j’appelle les « babouches » de mon avion. Il s’agit du carénage des roues. Là j’ai compris qu’il connaissait l’aviation et qu’il savait de quoi il parlait ! »
Cette anecdote lui a semblé à l’image d’un univers qu’elle découvrait alors. Celui de l’horlogerie. On ne peut prétendre fabriquer le meilleur chronographe au monde sans maîtriser les moindres détails. Fût-ce la couleur des « babouches ». Cet épisode, de son aveu, l’a à la fois impressionnée et rassurée. Elle se sait désormais véritablement soutenue. Entretien !
Thierry Gasquez : Aude, comment vous présenteriez vous ?
Aude Lemordant : J’ai 32 ans, je suis pilote de ligne à Air France sur long courrier, sur Boeing « triple 7 », et en parallèle je fais de la voltige aérienne. J’ai commencé à voler en compétition en 2005, et ai effectué mon premier championnat du monde en 2009. Question palmarès j’ai été vice-championne du monde en 2011, titrée championne d’Europe freestyle en 2012, championne du monde en individuel, par équipe, et en freestyle en 2013, et cette année je suis vice-championne d’Europe. Je suis aussi championne de France en titre depuis 2011.
TG : Comment considérez-vous votre discipline ?
AL : Je suis pilote avant tout ! La voltige en compétition c’est la facette sportive de l’aviation. Mais ce n’est qu’une facette. J’espère être amenée à faire, plus tard, d’autres choses dans l’aviation. Pas uniquement de la voltige. Car c’est vraiment l’aviation en général qui me passionne.
TG : Vous êtes désormais une ambassadrice de la marque Breitling. Qu’est ce qui vous a convaincue à le devenir ?
AL : C’est cette présence dans l’aviation qui date de très nombreuses années. Breitling associe son nom à la voltige, à une patrouille acrobatique, à de l’aviation ancienne… Bref à tout ce qui compose l’aviation. Cette marque a l’aviation dans ses gènes. Ils n’avaient pas de femme pilote pour les représenter, donc je pense que cela complète aujourd’hui la variété de leurs représentations.
TG : Avant de les avoir pour partenaire, connaissiez-vous les montres Breitling ?
AL : Oui bien entendu. Breitling c’est LA montre du pilote par excellence. Je m’étais lancé un défi, celui de gagner une montre Breitling. Il fallait pour cela être championne du monde. C’est chose faite ! J’aurais peut-être mieux fait de me l’acheter, cela m’aurait coûté moins cher,… entre nous (rires).
TG : Connaissez vous les collections Breitling, et surtout quel est votre modèle favori ?
AL : Oui je connais les montres Breitling, et ma préférée est celle que je porte, c’est celle que j’ai gagnée !! La Chronomat, un modèle mythique de la marque ! Il y en a plein d’autres superbes, mais celle-là a quelque chose de tout particulier.
TG : Quel est le programme à venir avec Breitling ?
AL : Breitling est un sponsor idéal dans la mesure où il me laisse beaucoup de latitude. Le but est avant tout de se faire plaisir sachant que la voltige n’est pas mon métier, et j’essaie que cela colle également avec les besoins de la marque. Ce qui est important c’est d’avoir une variété entre les meetings, les événements de représentation, et la compétition. Je serai la semaine prochaine à Athènes, ensuite je fais les Breitling Awards en Thaïlande, puis je reprends la compétition et les championnats du monde l’année prochaine.
TG : Breitling semble vous accompagner totalement. Comment cela se passe-t-il ?
AL : En fait tout le monde est très accessible. On a un sentiment de famille où tout le monde est aux petits soins et essaie de donner le meilleur de lui-même. Si cela bloque à un niveau, une autre personne prendra le relais pour, dans tous les cas, apporter la solution.
Thierry Gasquez, pour Passion Horlogère
Photos ©Stephan Ciejka, Breitling, et Thierry Gasquez
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