8h15 : Après une bonne nuit de sommeil, Yann Guichard s’offre un petit déjeuner consistant et équilibré, composé entre autre d’une assiette de pâtes pour faire le plein de sucres lents. Durant cette journée marathon, il n’aura en effet pas l’occasion d’avaler autre chose qu’un gâteau énergétique préparé spécialement par son fidèle équipier Xavier Revil, en charge de l’alimentation à bord de Spindrift 2 pour cette Route du Rhum.
8h30 : Il partage sa table avec ses proches et l’un de ses deux routeurs Richard Silvani de Météo France qui lui confirme les conditions pour le départ et la première nuit. Un front passera au moment du coup d’envoi à 14 heures avec un vent de Sud-Sud Ouest d’une quinzaine de nœuds qui obligera les concurrents à tirer des bords pour rejoindre la marque de parcours du Cap Fréhel, située à 18 milles (environ 30 kilomètres) de la ligne de départ.
9h00 : Le skipper rejoint la cale de la Gare Maritime de Saint-Malo où un semi-rigide l’attend pour l’emmener à bord de son trimaran qui a passé la nuit au mouillage devant Dinard avec les sept autres multicoques de la Classe Ultime. Avant d’embarquer, l’émotion est forte pour les membres du team qui entourent Yann.
9h10 : Dernière interview : Les yeux du skipper sont ceux du compétiteur, déjà projeté dans la course, décidé à faire parler la puissance de sa machine, tout en gardant en tête la priorité donnée à la sécurité : « J’ai bien dormi et la pression monte doucement. Les conditions météo sont les mêmes que celles annoncées il y a trois jours avec 24 premières heures difficiles. On sait que, sur l’Atlantique, la route Sud sera la plus rapide, c’est une bonne chose pour nous. Il va falloir faire le dos rond en début de course avant de pouvoir débrider et accélérer le long du Portugal. Ce qui va être critique aujourd’hui, c’est d’aller à Fréhel avec la foule présente sur l’eau. Ensuite, il faudra surtout bien se préparer pour le début de nuit car nous attendons 30 à 40 nœuds de vent. Maintenant, j’ai surtout très envie qu’il soit 14h00. »
10h30 : Les équipiers hissent les voiles et préparent le bateau en configuration course. Pendant la phase d’attente, le trimaran a trois ris dans la grand-voile pour rester le plus maniable possible. Yann fait un dernier point sur la procédure de départ avant de s’allonger quelques minutes pour se détendre et visualiser la chronologie de l’après-midi.
12h30 : Le skipper poste une photo sur Twitter avec ce message : « Merci à tous ! Maintenant c’est a moi de jouer. Thank you for all the support ! »
13h00 : En ouverture du journal de 13 heures de TF1, l’expert météo de la chaîne, Louis Bodin, est aux côtés de Yann à bord de Spindrift 2. Le journaliste est en combinaison de survie car il sautera à l’eau dans quelques minutes avec les huit autres équipiers qui seront alors récupérés par les semi-rigides d’assistance de l’écurie.
En direct à une heure du top, Yann est serein et très concentré, alors que des centaines de bateaux ont déjà rejoint le plan d’eau : « Cette journée concrétise un an de travail de toute l’équipe de Spindrift racing. Les conditions du départ s’annoncent un peu plus clémentes que prévu, il ne faut pas faire d’erreur jusqu’au Cap Fréhel car je suis moins manœuvrant que certains dans ces conditions. Je vais y aller à mon rythme, gérer ce début de course au plus raisonnable et, après, ce sera full speed vers les Açores. »
13h50 : Les navigants de Spindrift racing finissent de remettre de la toile avant de débarquer. Le départ se fera sous 1 ris dans la grand-voile et trinquette, soit près de 500 mètres carrés de voilure au total.
13h56 : Quatre minutes avant le coup de canon, les équipiers plongent dans une mer malmenée par les bateaux spectateurs alors que le vent souffle à une vingtaine de nœuds en approche du front. Yann est désormais seul à bord.
14h00 : Bon départ ! Tous les concurrents se sont élancés parfaitement dans le timing, prêts pour une transat de 3 542 milles vers Pointe-à-Pitre !
14h15 : Le vent forcit à 25 nœuds dans le front. On voit au loin une impressionnante masse nuageuse devant les étraves des concurrents. Les skippers s’arrachent à bord pour border les voiles, les bateaux accélèrent.
14h45-15h15 : Comme prévu, la rotation du vent ne permet pas de passer Fréhel sur un seul bord. Yann enchaîne deux virements, des manœuvres physiques et délicates sur une si courte distance. Pour la deuxième manœuvre, il doit même traverser la zone spectateurs. Précis dans ses gestes qu’il a répétés des centaines de fois, le skipper s’en sort efficacement.
15h30 : Au passage du Cap Fréhel, la flotte est menée par Lionel Lemonchois, suivi de Sidney Gavignet et Thomas Coville. Prudent comme il l’avait annoncé, Yann enroule donc le Cap Fréhel en septième position, parfaitement ‘safe’.
15h45 : Dernière communication VHF avec les équipiers qui l’escortent avec les semi-rigides. Le skipper est heureux d’avoir négocié cette phase de départ. Il est temps pour lui d’entrer en mode ‘solitaire’ et de préparer les heures à venir.
Cette nuit : Les concurrents vont traverser la Manche face au vent, avec une houle de 3 à 4 mètres. Un front dépressionnaire étalé de l’Angleterre au Cap Finisterre passera au-dessus des bateaux entre minuit et trois heures du matin, avec 30 nœuds de vent moyen. Après la Pointe Bretagne, il faudra bien placer son virement pour entamer ensuite une descente rapide dans un flux d’Ouest-Nord Ouest très instable, avec des rafales possibles à 40 nœuds. L’objectif sera alors de gagner au Sud au plus vite, pour se glisser sous l’anticyclone des Açores et retrouver du vent portant.
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