Dodane, monument historique
Là se situe l’épicentre de la création horlogère.
Architecture horlogère
Aujourd’hui encore, les plus grandes manufactures construisent de véritables cathédrales pour souligner qui leur puissance, qui leur authenticité, qui leur modernité. Mais des bâtiments horlogers classés, français, oeuvres de grands architectes, il n’y en a qu’un. Il fête aujourd’hui ses 70 ans. C’est l’usine horlogère
historique de la marque familiale Dodane 1857.
C’est la seule usine jamais construite par l’architecte Auguste Perret. Depuis 1986, elle est l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques.
Perret est une figure tutélaire de l’architecture moderne. Sans le savoir, tout le monde connaît son oeuvre : le Théâtre des Champs Elysées, les nouveaux ateliers des Beaux Arts, le CEA, les bâtiments de la Marine dans le 15ème arrondissement de Paris, etc.
Souvenirs de Guerre
L’Usine Dodane est construite durant une période particulièrement délicate : 1938 – 1944. « La présence de allemands était une réalité aux abords de notre usine », se souvient Laurent Dodane, 4ème génération, qui a aujourd’hui laissé les commandes à son fils Cédric. Il a habité ce bâtiment unique jusqu’à 25 ans. « Mon père a d’ailleurs maintes fois été réquisitionné pour fournir nos montres à l’occupant. Ce qu’il a fait…en oubliant malencontreusement d’y mettre de l’huile ce qui a eu pour conséquence qu’il a été emprisonné », s’amuse aujourd’hui Laurent Dodane. Le fait que l’usine ait tourné à plein régime, même pendant la guerre, lui a permis de rester en dehors de l’occupation. « Les allemands ont bien tenté de réquisitionner l’usine presque finie pour y implanter la kommandantur , mais la veille de leur installation mon père a déménagé l’ancienne usine pour emménager dans les nouveaux locaux afin que le moindre centimètre carré soit utilisé. Comme un décret empêchait l’occupant de prendre possession d’une usine en pleine production, nous sommes ainsi restés libres », poursuit Laurent Dodane.
Manufacture d’avant‐garde
Perret était l’un des pionniers de l’usage moderne du béton. Dans le cas de l’usine Dodane, il avait également pris en compte les spécificités du métier…et de la tradition. Ainsi, comme le veut l’usage en horlogerie, toutes les fenêtres sont orientées plein Nord, afin d’offrir un maximum de lumière indirecte – les reflets directs d’une exposition Est – Ouest gênant l’assemblage des montres. « Perret avait également inventé un système de cloisons amovibles pour pouvoir ménager plus librement les espaces », poursuit Laurent Dodane. « Même les sols étaient conçus de manière à ne pas être électro‐statiques. Dans les années 40, il n’y avait pas d’équivalent ». Construire une usine en béton avant 1940 relevait d’ailleurs de l’exploit. L’agrémenter d’un jardin à la française était même visionnaire, Perret ayant toujours su conjuguer les styles modernes et historiques. Famille et ouvriers cohabitaient pleinement dans l’usine Dodane.
Spacieuse, et conformément aux usages, elle offrait de vastes appartements dans ses étages, là où résidait la famille fondatrice. « Perret avait également fait construire piscine et tennis, ouverts aux ouvriers », se souvient Laurent Dodane. Son fils Cédric, inversement, passait ses dimanches à jouer dans les ateliers,
lors du repos des ouvriers… 25 ans plus tard, il dirige à son tour la société familiale, créée quatre générations plus tôt, en 1857. Aujourd’hui, l’usine historique horlogère Dodane reste la pierre première de l’entrée de la marque dans l’ère moderne.
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