Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me suis vu proposer l’essai d’une montre de plongée par Thierry Gasquez, Président de Passion Horlogère, pour honorer notre partenariat avec la Revue des Montres. La surprise était d’autant plus grande que je ne possède pas moi-même de montre de plongée, étant plus attiré par des montres orientées Racing ou Aviation. Curieux, et me retrouvant pleinement dans l’envie de lire des comptes-rendus d’essai de montres, j’ai accepté le défi, et réceptionné ainsi une des plongeuses les plus typées qui puisse exister, à savoir la Porsche Design Diver P ‘6780.
Un peu d’histoire
Tout commence par un peu d’histoire, notamment celle de deux marques horlogères qui furent liées, je veux bien évidemment parler de Porsche Design et d’Eterna. En effet, Eterna, manufacture à la longue et riche histoire, appartenait depuis 1995 et jusqu’à il y a quelques jours encore à Porsche Design, dont elle était responsable de la collection, tout en assurant la fabrication de ses propres montres et mouvements. Ainsi, l’histoire débute en 2005, lorsqu’Eterna, marque synonyme d’aventure, présenta à Bâle un concept d’instrument de plongée extrême et innovant, la Kon-Tiki Diver, qui fut commercialisée l’année suivante. C’est de cette Kon-Tiki Diver qu’est dérivée la Porsche Design qui m’a été confiée, et dont elle reprend intégralement l’architecture.
Concept
Le principe de cette plongeuse hors normes consiste dans le montage articulé de la carrure, contenant mouvement, calibre, cadran, lunette et glace, dans un brancard sur lequel est fixé le bracelet. Ce choix technique est dicté par la vocation sous-marine de la pièce. Le plongeur, avant de s’élancer sous l’eau, fait pivoter la carrure hors de son logement à l’aide de deux poussoirs, définit son temps de plongée via la lunette unidirectionnelle, puis repositionne la carrure dans son brancard, scellant ainsi son réglage de durée. Ainsi fermée, l’indication du temps de plongée est totalement sécurisée, car à l’abri d’une mauvaise manipulation lors de la plongée.
L’autre point rendant cette pièce hors du commun concerne ses mensurations, à savoir un diamètre de 46.8mm, une épaisseur de 17.5mm, mais surtout une masse de 192g.
La pièce est donc assez imposante, mais les proportions restent harmonieuses, ce qui fait que cette montre n’apparaît ni trop épaisse, ni trop imposante concernant son diamètre. Et surprise, mon petit poignet de 17cm de circonférence, certes assez plat, s’en accommode plutôt bien, sans que cela dénote vraiment.
Description / finition
La montre, techniquement très affirmée, se compose tout d’abord d’un boîtier en acier inoxydable, contenant un mouvement ETA 2892-A2, recouvert d’un cadran noir mat, de ses trois aiguilles, de sa lunette interne et d’une glace saphir inrayable traitée anti-reflets sur ses deux faces. Cette carrure s’articule sur un brancard ajouré en Titane microbillé. Les matériaux sont reconnaissables à leur nuance de gris, clair pour l’Acier, sombre pour le Titane.
Le déverrouillage de cette carrure s’effectue par l’intermédiaire de 2 poussoirs imposants à 11h et 1h.
Une fois déverrouillée, des appuis à billes montées sur ressorts maintiennent cette carrure basculée pour le réglage du temps de plongée et l’accès à la couronne de remontage. Celle-ci, moletée et de taille imposante, est très agréable à manipuler. A noter que cette couronne n’a pas besoin d’être vissée pour que la montre soit étanche à 1000m.
Quant à la lunette interne et unidirectionnelle, manipulable grâce à son moletage externe, ses crans sont francs et inspirent confiance. Le verrouillage de la carrure dans son brancard est ferme et donc sécurisant. Des axes, à empreinte spécifique, assurent les articulations de la carrure et des End-links du bracelet sur le brancard.
Le bracelet, lui, est en caoutchouc, et est verrouillé par une solide boucle déployante double en Titane comportant une rallonge de plongée.
Concernant la pièce dans sa globalité, la finition est à l’avenant, l’ajustement des composants entre eux est rigoureux, l’ensemble est très soigné et respire la qualité.
Essai
Commençons par la lisibilité. Cette montre, de par sa vocation, se devait d’être particulièrement lisible. Contrat rempli : le cadran noir mat, aux index appliqués, met parfaitement en évidence ses musculeuses aiguilles d’heure, blanche cerclée de gris, et de minute, plus épaisse encore (car primordiale en plongée), blanche cerclée de jaune. Cette même couleur jaune est appliquée sur le rehaut de la lunette interne, afin de marquer les 15 premières minutes du temps de plongée.
Ces aiguilles sont bien entendu recouvertes de SuperLuminova, (trotteuse comprise), rendant cette montre particulièrement lumineuse dans l’obscurité.
Vient ensuite le confort au porté. Pas évident de juger une montre de plongée hors de son élément de prédilection, à savoir l’eau. Le seul test “grande profondeur ” que j’ai pu faire subir à cette Porsche Design Diver se limita à une épreuve d’étanchéité lors d’une séance de plonge sans concessions. Des conditions qui nous apportent une preuve supplémentaire de sa grande lisibilité.
Plus sérieusement, dans la vie de tous les jours, une fois le bracelet parfaitement ajusté (nous reviendrons sur ce point délicat), cette montre se laisse porter. Je m’explique : les 192g d’acier et de titane (surtout d’acier !) ne se font pas totalement oublier, mais restent cohérents avec la fonction première de cette montre ultra sportive, tout en ne la rendant pas inconfortable pour autant. Les cornes articulées et le fond de boite parfaitement plat font que cette pièce se “cale ” parfaitement sur le poignet.
L’important est surtout de bien régler le bracelet, et cet aspect se montre particulièrement délicat ici, car son principe est discutable. Pour parvenir au bon réglage, il faut raccourcir proprement les extrémités reliées à la boucle à l’aide d’un cutter, et il s’agit donc de ne pas se tromper, ni d’être trop gourmand. De par ce fait, il s’avère impossible de revenir en arrière une fois le bracelet coupé, obligeant le propriétaire à racheter les parties caoutchouc le composant. On aurait apprécié un dispositif de réglage fin intégré à la boucle, pour plus de confort. Car cette boucle, lorsque le bracelet est trop ajusté (pour ceux qui aiment porter serré), finit par marquer l’intérieur du poignet, à cause de certaines géométries un peu agressives situées à l’intérieur de celle-ci.
Cela dit, il s ‘agit de garder à l’esprit que cette pièce est avant tout destinée à être portée par-dessus le néoprène d’une combinaison de plongée. Il ne s’agit pas de la blâmer pour un éventuel inconfort au porté dans la vie de tous les jours, même si selon moi, cette boucle aurait dû se montrer plus ergonomique.
Relevés chronométriques
Pierre-Yves Martinez, responsable de la Boutique Mister Chrono, a gentiment mis à disposition son outillage spécifique afin de réaliser des relevés chronométriques (dans plusieurs positions) de cette Porsche Design Diver P ‘6780.
Bilan
A l’heure du bilan, la Porsche Design P ‘6770 Diver est une montre extrême, massive, virile, créée avant tout pour évoluer dans des conditions tout aussi extrêmes. Sa technicité apparente, son poids, sa lisibilité et sa fonctionnalité en attestent, et je l’ai portée en connaissance de cause, conscient que les conditions de cet essai ne lui rendraient pas forcément grâce.
Malgré cela, j’ai trouvé cette montre attirante, car atypique, et originale, qualificatifs qui me correspondent plutôt bien. J’ai apprécié son look affirmé et massif, ses petites touches colorées, sa finition, le rendu des matériaux, sa grande lisibilité et son antireflets à toutes épreuves, et l’ingéniosité technique de cette sécurisation du temps de plongée, tout aussi utile pour la cuisson des pâtes, utilisation quotidienne oblige. Et j’ai finalement pris plaisir à la porter souvent, malgré ses quelques petits défauts inhérents à sa vocation (poids, et confort de la boucle, notamment).
Remerciements
Je tenais à remercier, tout d’abord Stephan Ciejka pour la mise à disposition de la montre. Ensuite, je tenais à remercier Thierry Gasquez, président de Passion Horlogère, pour le travail qu’il accomplit au quotidien, mais aussi pour la confiance qu’il a su me donner lorsqu’il m’a confié cette mission. Et enfin, merci à Pierre-Yves Martinez pour la mise à disposition de l’outillage nécessaire aux relevés chronométriques.
Par Olivier GILO, alias The Dude
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