Fondée à Genève en 2005, la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH) s’est imposée comme un acteur de référence pour défendre, expliquer et transmettre la culture de la haute horlogerie dans le monde entier. Née de l’initiative de grandes maisons suisses, elle accompagne aujourd’hui une industrie en pleine mutation, entre héritage séculaire et nouveaux usages numériques.
Une présentation vidéo réalisée par Amandine Saez, étudiante à l’ISG Luxury Management Paris, vient compléter cet article et offrir un regard pédagogique sur le rôle de la FHH.
Une fondation née au cœur de Genève
La Fondation de la Haute Horlogerie a été créée en 2005 à Genève, berceau historique de l’horlogerie d’excellence. À cette époque, plusieurs grandes maisons ressentent la nécessité de se regrouper pour défendre une vision exigeante du métier face à la mondialisation et à la montée d’un discours essentiellement marketing. Trois acteurs sont à l’origine de cette initiative : Audemars Piguet, Girard-Perregaux et le groupe Richemont, propriétaire notamment de Cartier, Jaeger-LeCoultre ou Vacheron Constantin.
La FHH est constituée comme une organisation à but non lucratif, indépendante et neutre, conçue pour servir de point de référence sur tous les sujets liés à l’horlogerie de haute qualité. Son ambition est clairement posée : faire reconnaître la montre d’excellence comme un objet de culture, d’art et de savoir-faire, au-delà de sa fonction d’instrument de mesure ou de signe extérieur de statut.
Dès l’origine, plusieurs grandes missions structurent son action. Il s’agit d’informer le public sur ce qu’est réellement la haute horlogerie, de former les professionnels, de labelliser et de clarifier le périmètre de la haute horlogerie, et d’organiser des événements majeurs permettant à la profession de se rencontrer et de dialoguer.
Trois piliers pour faire rayonner la culture horlogère
Au fil des années, la FHH a affiné son rôle et sa gouvernance. Dans le sillage de la création, en 2022, de la Watches and Wonders Geneva Foundation (WWGF), désormais chargée d’organiser le salon Watches and Wonders Geneva, la FHH se concentre aujourd’hui sur trois grands piliers : Watches and Culture by FHH, la FHH Academy et le FHH Forum.
Watches and Culture by FHH : contenus, expositions et journal
Sous la bannière Watches and Culture by FHH, la Fondation produit et diffuse une large palette de contenus éditoriaux : articles de fond, vidéos, dossiers thématiques et portraits d’artisans, accessibles sur son site. L’ancienne plateforme HH Journal est devenue une référence pour les amateurs et les professionnels souhaitant comprendre les tendances, les innovations techniques ou les enjeux de durabilité de l’horlogerie contemporaine.
À ces contenus s’ajoutent des expositions physiques, souvent itinérantes, qui sont présentées dans de grandes villes comme Genève, Paris, Shanghai, Tokyo ou Dubaï. Ces expositions permettent au grand public de découvrir la haute horlogerie sous un angle culturel, artistique et historique, en mettant en scène mouvements, complications, métiers d’art et icônes du design.
En 2025, à l’occasion de ses vingt ans, la FHH inaugure à Genève l’exposition « Watch Makers », symbole d’une nouvelle ère d’ouverture et de médiation culturelle auprès d’un public toujours plus large.
FHH Academy : la formation et la certification horlogère
La FHH Academy constitue le pôle pédagogique de la Fondation. Depuis 2014, cette entité se consacre à l’enseignement horloger et à la certification des connaissances. Des cours modulaires sont proposés à différents niveaux, du programme d’initiation Watch Essentials aux formations plus avancées menant à la FHH Certification, reconnue au niveau international.
Ces formations s’adressent aux équipes de vente, aux détaillants, aux distributeurs, mais aussi aux amateurs éclairés qui souhaitent approfondir leur compréhension des calibres mécaniques, des complications (tourbillon, chronographe, calendrier perpétuel, etc.) et des métiers d’art comme la gravure, l’émail ou le sertissage. Des sessions en ligne et des roadshows, comme ceux organisés à Paris, permettent d’élargir encore ce rayonnement pédagogique au niveau international.
Par cette Academy, la Fondation veille à ce que celles et ceux qui représentent les marques de haute horlogerie maîtrisent non seulement les caractéristiques des produits, mais aussi le langage, la culture et l’histoire du temps mesuré.
FHH Forum : une plateforme pour penser l’avenir de l’horlogerie
Le troisième pilier, le FHH Forum, fonctionne comme un laboratoire d’idées pour l’industrie. Cet événement réunit chaque année dirigeants, créateurs, experts et penseurs venus de l’horlogerie, du luxe, de la technologie ou du design, afin d’échanger sur les grands enjeux de demain : durabilité, innovation, expérience client, évolution des comportements de consommation ou transformations géopolitiques.
L’objectif n’est pas seulement de commenter l’actualité, mais de contribuer à façonner l’industrie de demain, en confrontant les points de vue et en incitant les maisons à se projeter au-delà du cycle des nouveautés annuelles. Dans ce contexte, la Fondation joue un rôle de catalyseur, en favorisant un dialogue ouvert entre des acteurs qui n’ont pas toujours l’occasion de se rencontrer dans un cadre non commercial.
La vidéo réalisée par Amandine Saez, intégrée à cet article, s’inscrit dans cette volonté de pédagogie et de réflexion. Elle permet d’illustrer concrètement, par le regard d’une étudiante en management du luxe, la manière dont la FHH se positionne comme ambassadrice, gardienne et passeuse de la culture horlogère.
Un repère dans un paysage horloger en pleine mutation
L’environnement dans lequel évolue la Fondation de la Haute Horlogerie a profondément changé en deux décennies. L’essor des montres connectées, la digitalisation du commerce, la montée en puissance de nouvelles marques indépendantes et l’hyperspécialisation des collectionneurs ont bousculé les repères traditionnels.
Dans ce contexte, la FHH occupe un rôle de repère et de légitimité. Elle rappelle que la valeur d’une montre de haute horlogerie ne se réduit ni à son prix ni à sa visibilité sur les réseaux sociaux, mais qu’elle réside dans le geste de l’artisan, la précision de la mécanique, la qualité des finitions et la cohérence d’un patrimoine. La fondation contribue ainsi à distinguer les maisons dont l’identité repose sur un savoir-faire réel des marques qui s’appuient principalement sur le storytelling et le marketing.
La Fondation accompagne également les grandes transitions qui traversent le secteur. Les enjeux de durabilité, de traçabilité des matériaux, de responsabilité sociale et de diversité sont désormais au cœur des débats animés dans le cadre du FHH Forum et des contenus éditoriaux de Watches and Culture. Le rôle croissant des femmes dans les métiers de l’horlogerie, tout comme l’importance de susciter l’intérêt des nouvelles générations, sont régulièrement mis en avant.
En parallèle, la FHH s’est engagée dans une communication plus moderne, notamment via des formats vidéo, des contenus pédagogiques adaptés aux réseaux sociaux et des programmes de formation en ligne. L’objectif est clair : permettre à un public jeune et connecté de découvrir la beauté de l’horlogerie sous un angle culturel et technique, et non comme un simple objet de consommation.
La conscience d’un monde horloger en mouvement
Vingt ans après sa création, la Fondation de la Haute Horlogerie apparaît moins comme une institution abstraite que comme la conscience d’un écosystème horloger en pleine évolution. En préservant les savoir-faire, en formant les acteurs du secteur, en organisant des espaces de débat et en diffusant la culture du temps auprès du grand public, elle contribue à maintenir vivante, légitime et inspirante l’idée même de haute horlogerie.
Dans un monde où tout s’accélère, la FHH rappelle qu’une montre ne mesure pas seulement des secondes : elle raconte une histoire de patience, de précision et de passion. Et que le véritable luxe, pour l’horlogerie comme pour ceux qui l’aiment, demeure la capacité à prendre le temps… et à le comprendre.
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