À l’occasion du Défi Azimut, le convivial rendez-vous annuel de voiliers de la classe IMOCA dans la baie de Lorient, Jérémie Beyou, ambassadeur de Garmin, revient sur les atouts des différentes technologies offertes par la marque pour ses prochaines navigations.
Pouvez-vous en premier lieu nous présenter le Défi Azimut ?
Le Défi Azimut est une petite course de préparation très conviviale avec les techniciens et les partenaires, car il y a une partie de navigation en équipage, durant les runs chronométrés et le tour de l’île de Groix. Nous avons rarement l’occasion de naviguer en équipage parce que le cockpit du bateau est tout petit, 4m2. Il est fait pour une personne, deux au maximum. Durant le défi, une course de 48 heures permet d’opérer les derniers ajustements pour le Vendée Globe et de vérifier que tout fonctionne bien à bord. On ne se donne pas forcément d’objectif sportif. C’est une sorte de répétition générale.
L’objectif est aussi d’enrichir notre banque d’images embarquées. Le côté mystérieux, comme Éric Tabarly, on ne sait pas quand il va arriver, etc., c’est bien, mais il faut qu’on passe en 2.0. et fournir un petit plus d’images ! En course solo, tu es super occupé donc ce système d’avoir un média embarqué sur des petites courses de préparation garantit de produire du contenu.
À propos d’images, avez-vous embarqué des caméras Garmin sur le bateau ?
On a un dispositif de deux caméras sur les côtés du bateau. C’est essentiellement pour voir les voiles à l’avant. Les bateaux allant de plus en plus vite, on est protégé avec un cockpit fermé. On ne peut plus sortir la tête et regarder les voiles. Les caméras permettent de vérifier sur l’écran du GPS MAP si les voiles sont bien réglées et aussi si elles sont bien roulées. En course, je peux avoir plusieurs voiles à l’avant, celle non utilisée est roulée mais quand ça déboîte dans le Grand Sud avec 50 nœuds de vent, il faut que la voile soit parfaitement roulée sinon elle peut se dérouler et là, c’est le drame…
L’arrivée de Garmin en tant que partenaire a-t-elle eu des conséquences technologiques sur l’évolution du bateau ?
Complètement ! La vidéo en est une. Il y a aussi la connectivité avec la montre. J’ai toutes les informations : la vitesse du bateau, l’angle du vent, etc. Elle est de plus connectée à la centrale. C’est très adapté et spécifique au domaine voile mais il y a aussi plein de modes pour d’autres sports que j’utilise. Par exemple, pour calculer le nombre de coups de manivelle que je donne, c’est le mode SUP (Stand Up Paddle). Les fonctions de sport basiques servent aussi. Et je n’ai pas encore fait tout le tour des possibilités. La montre est par ailleurs connectée avec le téléphone. L’ensemble fournit des données intéressantes.
Par le passé, pour obtenir ces informations, le recours à des docteurs, à un arsenal d’ingénieurs avant chaque Vendée Globe, c’était toujours des dossiers que tu mettais de côté car au final ça prenait trop de temps à préparer… Avant pour faire ces relevés de cardio, de mouvements sur le bateau, noter combien de temps tu es en mouvement, assis, à dormir ou ne pas dormir, cela nécessitait tout un appareillage. Avec la montre de « Monsieur Tout-le-monde », aujourd’hui, tu obtiens les mêmes résultats.
Aujourd’hui, la montre connectée devient un équipement indispensable pour le marin moderne. Quand tu fais le tour de la flotte, beaucoup de marins ont au poignet la MARQ ou la Quatix de Garmin.
Sur le bateau, nous avons aussi changé toute la gamme Marine, qui constitue le métier de base de la marque : VHF, appareil de positionnement, GPS MAP tactile et étanche, les AIS (émetteur-récepteur), même les répétiteurs de toutes les infos sont des Garmin.
Avec les nouvelles technologies, le marin aujourd’hui est plus qu’un simple marin. Il faut de solides connaissances dans des domaines variés ?
Oui ! Alors je ne suis expert en rien du tout. Je ne suis pas un expert en électronique, en informatique, en composite, mais à la fois je sais faire un peu de tout. Je me considère plus comme un généraliste.
Dans la voile moderne, il y a un paquet de notions à posséder, en mécanique, en voilerie… Tu interviens même dans la conception du bateau. Il faut comprendre ce que tu as sous les pieds, que ce soit bien adapté à ce que tu as envie de faire, au calendrier de courses que tu veux faire,… Il faut des notions de dessins industriels, d’aérodynamique, d’architecture basique, mais il faut garder comme Tabarly son sens marin ! À la fin, tu te retrouves seul sur ton bateau, tu as plein de chiffres, de modèles météo, d’alarmes qui sonnent, et c’est à toi de sentir si tu es trop loin, si tu en as encore sous le pied, si tu es fatigué…
Une montre connectée ? Un équipement indispensable pour le marin moderne
Jérémie Beyou
Le sens marin, c’est aussi la gestion du temps, comment le gérez-vous ? Avez-vous une notion du temps particulière dès que vous êtes en course ?
Sur une solitaire du Figaro, tu es à fond pendant trois jours. Dès que tu bascules sur un format Transat ou sur un tour du monde, tu essaies d’avoir des cadences qui sont alors rythmées par les tombées des fichiers météo. Deux fois par jour, le matin à 5h et le soir à 17h, en TU (Temps universel). Il faut les prendre pile à l’heure. Ensuite, tu as entre une et trois heures pour tout exploiter et dépouiller selon la complexité de la situation. Je réalise mon roadbook pour les heures à venir ou les jours suivants.
Dans ce roadbook, je retrouve ma route théorique ou les multiples options simulées qui s’affichent sur l’écran. À côté, il y a mes tableaux Excel dans lesquels je retrouve la force du vent, l’angle du vent, la hauteur des vagues, les manœuvres que je vais devoir effectuer, le choix de voiles, etc., et puis je vais ajouter si possible dans les créneaux stables les pauses de sommeil, les repas, les réparations à effectuer si besoin… Il faut faire en sorte que tout soit cadré et être régulier !
Garmin MARQ Captain : 1 850 €
Dan Diaconu pour Passion Horlogère. Photos Edouard Bierry.
Retrouvez notre album Facebook avec de splendides photos d’Edouard Bierry et de Dan Diaconu.
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