Au mois de janvier, du 16 au 21, se tenait le salon international des horlogers indépendants à Genève : Le Geneva Time Exhibition (GTE). Il comptait, cette année, pas moins de 55 exposants répartis sur les 3000 m2 du Centre International de Conférences de Genève. On pouvait y trouver ce qu’il est impossible de trouver ailleurs : de l’audace, de la fraîcheur, de la créativité, et ce brin de folie qui caractérise les horlogers de génie. Au GTE on peut tutoyer tout cela dans une ambiance très décontractée, loin des standards habituels du luxe, mais pour autant les pièces exposées présentent de nombreux intérêts. Elles sont souvent rares, et parfois exceptionnelles.
2011 devrait sans doute être un cru intéressant. A n’en pas douter. Le dynamisme de certains horlogers attirant dans son sillage de nombreux autres fourmillant d’idées et de projets. SPEAKE-MARIN, LADOIRE, HD3, ou encore JOUVENOT ont fait sensation, mais bien d’autres méritent qu’on se penche sur leurs créations.
Thierry GASQUEZ
Président
SPEAKE-MARIN
Peter Speake-Marin était présent au GTE ave sa Marin 2 « Thalassa ».
LADOIRE
La marque Ladoire avait orchestré la sortie d’un nouveau modèle de façon magistrale. Une campagne de communication très efficace a précédé le GTE et la présentation de « Mister Green » le premier opus de la collection « Black Widow ». Quelques morceaux choisis de l’entretien qu’a accordé Lionel LADOIRE à Passion Horlogère :
« Cette collection, comme son nom l’indique est inspirée de la « veuve noire ». Cette araignée qui tue son partenaire après l’accouplement. Elle a quelque chose de mystérieux que nous avons voulu proposer dans les montres de cette collection. »
« Il s’agit pour autant d’une montre de « bonhomme ». C ‘est-à-dire que ses lignes, son gabarit, et son esprit la destinent à une clientèle masculine. Malgré tout, nous le savons, la tendance est de voir des femmes porter les montres de leur mari. J’aspire donc aussi à séduire ces femmes qui auront su trouver dans mes montres la part de féminité que j’ai cultivée durant ces 20 dernières années à les côtoyer quotidiennement. »
« Black Widow est une pure création. Je n’ai pas voulu faire une « petite LADOIRE ». Cette montre résume mon univers. On conserve les codes LADOIRE et on y ajoute de la création, de la musique, des copains…etc… »
« Jusqu’à présent mon équipe et moi savions faire des montres. Uniquement. Mais nous ne savions pas le faire savoir. Or aujourd’hui je me suis entouré de véritables talents en marketing qui ont vécu un moment chez moi pour me comprendre, pour comprendre mes créations, pour s’imprégner de ma personne. Puis ils ont monté ce projet que j’ai immédiatement validé. Cela a donné cette campagne et ce stand où la montre n’apparait pas. Les montres, nous les avons au poignet et nous les montrons à qui veut les voir. »
« Mes montres résument ma vie au quotidien. J’ai une expérience de 3 générations dans la joaillerie, j’ai vécu 6 ans dans le milieu pro-rider, aujourd’hui je pratique beaucoup de musique. Cela alterne entre violence et douceur. C’est ce qu’a vécu ce projet avant que vous ne voyiez cette pièce. Au début je ne voulais pas de cette montre. Je ne voyais que la RGT. Mais une entreprise ne peut pas vivre d’un seul produit si exclusif. Il a donc fallu songer à une pièce plus abordable, moins complexe. Un cahier des charges a été établi. Et si je n’étais pas emballé au début par la création de cette montre, très rapidement ce challenge s’est imposé à moi. Mon côté compétiteur a pris le dessus et je me suis donné à fond pour relever le défi. »
« Je suis allé chercher l’inspiration à New-York. Tout s’est précipité. A tel point que j’ai dessiné la montre en 3 semaines à peine. Je suis rapidement rentré et nous avons élaboré les plans. Le 4 octobre nous n’avions pas une seule vis de produite. Et en décembre les 4 pièces étaient prêtes. J’ai ensuite fait le tour des juraciens avec qui j’ai l’habitude de travailler pour leur montrer les 4 montres et leur demander de travailler pour moi, à fond, pendant deux mois. Ils ont tous répondu présents ! Nous avons connu une véritable euphorie pour l’élaboration de cette collection. Je me suis éclaté ! »
« Ce dont je suis très fier, c’est de prouver que la première n’était pas un coup de chance. Nous venons de refaire entièrement une montre. Et le public suit. Le public et les journalistes. C’est la première fois que je vis cela. Mais ce salon est un véritable succès. Et même ceux que je considère comme les « papes » de l’horlogerie se sont arrêtés à notre stand et sont venus voir nos pièces. Un Philippe DUFOUR, un Peter Speake-Marin, ce sont des horlogers incroyables ! J’ai une immense fierté d’avoir plu à ces gens-là !! »
« La force de mon équipe, c’est de pouvoir maîtriser toute la chaine de production. A la technique je suis épaulé par Philippe RUEDIN qui a une parfaite maîtrise de la chose horlogère. En cas de SAV je peux assurer qu’en 1 mois la montre sera renvoyée. Une semaine pour la réparation, et 3 semaines pour l’observation. Je ne veux rien laisser au hasard et surtout contenter ma clientèle. Car cette clientèle qui croit en moi et qui paie le prix fort pour mes produits mérite le plus grand respect. »
HD3
Jorg Hysek le designer horloger mondialement connu propose cette année un produit incroyable. La SLYDE. Cette montre fabriquée dans des standards horlogers de grande qualité offre une technologie de pointe au service d’un nouveau concept horloger de luxe. Déjà certains parlent du « Vertu » horloger.
« J‘ai dessiné cette montre l’année dernière en décembre. Je voulais une montre épurée mais j’avais peur de la sur-dimensionner. Je me suis donc imposé des dimensions pour pouvoir travailler efficacement. L’idée était de faire un produit évolutif. Par contre l’idée de base est de faire une montre, pas un gadget. Tout ce qui est à l’intérieur est lié au temps. Le processeur appelle en temps réel 24 images / secondes. Et en plus des fonctions purement horlogères il y a des rappels liés au temps. Par exemple on peut programmer un anniversaire. Chaque fois qu’on allumera la montre pour consulter l’heure, cette dernière apparaitra durant 3 secondes puis nous aurons l’image de la personne dont nous devons souhaiter l’anniversaire qui apparaitra. C’est très utile pour les anniversaires de mariage (rires). Nous allons essayer d’évoluer dans cet univers. Nous avons déposé des brevets mais nous savons que d’autres vont vouloir sortir des gadgets s’approchant de notre produit. Mais nous, nous resterons dans notre gamme. Nous sommes des horlogers et nous voulons proposer des produits horlogers. Nous allons travailler avec des horlogers qui vont nous faire des mouvements virtuels, avec des complications virtuelles. Il y aura des séries limitées qui iront dans le sens de la philosophie qui est la nôtre. »
« Chaque propriétaire pourra cumuler 3 ou 4 complications dans sa montre. Le reste il pourra le stocker sur son ordinateur et changer à volonté les complications qu’il voudra emporter avec lui. Ce sera comme un jeu pour grand enfant. De plus, nous songeons à ouvrir la possibilité de personnalisations. Nous allons faire le « slyde store » qui permettra de télécharger des mouvements. Et si quelqu’un a une bonne idée, il pourra nous envoyer sa proposition et naitra ainsi une véritable interactivité. Nous avons voulu sécuriser le système. Lorsque le client achète la montre, il doit ensuite la connecter via son module à internet. Il faudra downloader le programme qui va permettre de faire la gestion entre la montre et l’ordinateur. Puis viendra le moment de downloader le module des mouvements. Une fois inscrit, la garantie démarrera. »
Damoiselle D
Cette nouvelle marque indépendante propose à sa clientèle des montres-bijoux, dont la production confidentielle et la distribution sélective garantissent un haut niveau d’exclusivité. Elle se démarque de tout ce qui est créé dans le monde horloger en proposant une alternative sublimant la féminité à travers le symbolisme de la nature. La poésie, les arts décoratifs et l’Histoire de France ont influencé Véronique Muller, la créatrice de la marque, associée à son mari designer. Sa cible ? La femme indépendante, contemporaine et passionnée osant exprimer sa part de féminité qui est une essence intemporelle et sacrée.
« J’ai créé ma propre marque afin de ne pas mélanger l’univers très masculin dans lequel travaille mon mari, autour des montres à haute complications, et celui qui me tenait à cœur. Je voulais un univers exclusivement féminin. Celui-ci est le reflet de nos envies et de nos personnalités avec trois premières lignes en harmonie : la Damoiselle O, la Damoiselle Rosa et la Damoiselle Capucine. Il existe une part d’inspiration des montres décoratives et précieuses du XIXe siècle au succès international. Chaque montre associe la créativité et l’esthétisme français aux métiers d’arts traditionnels. Le label « Swiss Made » est synonyme de qualité technique et esthétique. »
JOUVENOT
Frédéric Jouvenot était présent au GTE 2011 avec sa fabuleuse HELIOS dont il avait présenté le prototype à Bâle 2010. Et il n’a pas fait le déplacement pour rien. En effet, il a remporté le « GTE 2011 Superwatch Award ».
Louis Moinet
Au détour d’un passage rapide sur leur stand nous sommes restés interloqués par ces pièces exceptionnelles. Elles feront l’objet d’un reportage futur…
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