Peter Speake Marin a fait l’immense honneur à Passion Horlogère de devenir le premier horloger indépendant Membre d’Honneur de notre association. La veille, le 11 décembre 2010, alors qu’il participait pour la première fois à une compétition horlogère, il a reçu la distinction de Montre de l’année pour sa « Thalassa », dans la catégorie « Spirit of Classical Art ».
Cher Membre d’Honneur, recevez toutes nos félicitations pour ce prix récompensant votre excellent travail, et soyez assuré de notre fierté de vous compter parmi nous.
Le 12 décembre 2010 à Kuala Lumpur, en Malaisie, j’ai eu la chance de rencontrer Peter Speake-Marin, horloger indépendant ayant collaboré à l’élaboration de nombreuses « Dream Watches ». Depuis quelques années il a créé sa propre marque et son nom est aujourd’hui murmuré par de nombreux collectionneurs. Sa production très confidentielle a vu cette année arriver un modèle salué unanimement par les professionnels du secteur et par la critique. Il s’agit de la Marin 2 « Thalassa ».
Du 2 au 11 décembre s’est tenu à Kuala Lumpur un concours international d’horlogerie sous le double patronage du ministère du tourisme malaisien et du groupe industriel YTL, propriétaire de la Starhill Gallery, et propriété de Tan Sri Dato ‘ Docteur Francis YEOH, richissime homme d’affaire Malaisien. Ce concept de grand magasin dédié à l’univers du luxe regroupe plus d’une centaine de marques horlogères parmi les plus grandes. Patek Philippe, Lange & Söhne, Rolex, Jaeger-LeCoultre, et Hublot côtoient Richard Mille, Louis Moinet, Hautlence, Van Cleef & Arpels, Bedat, Romain Jérome, et bien d’autres, pour ne citer qu’elles.
Et la marque Speake-Marin est dignement représentée dans la boutique « Kronos » qui réunit des marques prestigieuses souvent connues que de quelques collectionneurs avertis. Dans cette boutique, nous avons la possibilité d’admirer pas moins de 4 modèles Speake-Marin tous plus beaux et plus extraordinaires les uns que les autres. Cadrans, aiguilles, mouvements « in house », rotors et boites, tant d’éléments si particuliers à cette marque, qui en font son charme et sa renommée. Une telle concentration de modèles est très rare. Les collectionneurs français en sont d’ailleurs privés car, à ce jour, personne ne distribue Speake-Marin dans l’hexagone.
Mais depuis ce 11 décembre, certaines choses ont changé pour cette jeune marque. Pour la première fois, Speake-Marin était présente dans un concours d’horlogerie. Pour cette occasion, son fondateur a fait le déplacement depuis sa Suisse hospitalière pour honorer cette première sélection et l’invitation de Tan Sri Dato ‘ Docteur Francis YEOH. La Speake-Marin « Thalassa » était sélectionnée dans 2 catégories : « Montre pour homme », « Montre d’art classique « .
Ayant eu l’extrême honneur de participer aux délibérations et de présider le jury de ce concours international composé de Tan Sri Dato ‘ Dr Françis Yeoh, Dr Bernard Cheong, Su Jia Xian (SJX), Massimiliano Landi, Massanori Kondo, Jean-François Meyer et moi-même, j’ai eu la primauté d’apprendre que Speake-Marin remporterait ici à Kuala Lumpur, la première distinction de sa toute jeune histoire. Et sans doute pas sa dernière.
Speake-Marin a donc remporté le prix de la montre de l’année 2010 dans la catégorie « Montre d’art Classique » au cours d’une soirée extraordinaire au restaurant « Shook » de la Starhill Gallery. Ce 12 décembre, je retrouve son fondateur au bord de la piscine de son hôtel pour un entretien de quelques minutes, en toute décontraction malgré la courte nuit passée et les nombreuses sollicitations qu’il doit honorer. Ce dernier a la gentillesse d’accepter cette rencontre pour les membres et amis de Passion Horlogère à qui il accepte de confier quelques mots à propos de lui, de son parcours humain et horloger. Je vous invite à découvrir à travers ces quelques lignes l’homme qui se cache derrière chacune de ses œuvres, cet horloger parmi les plus talentueux de sa génération.
Thierry GASQUEZ
Président
Rencontre avec Peter SPEAKE-MARIN
Thierry Gasquez : Bonjour Peter. Tu viens de gagner le prix de la montre de l’année 2010 ici, à Kuala Lumpur, dans la catégorie « Classic Art Spirit ». Reçois au nom de Passion Horlogère toutes nos félicitations.
Peter Speake-Marin : Merci bien.
TG : Nous n’allons pas faire une interview classique, je vais te laisser la parole pour que tu nous parles de toi. Qui es-tu, Peter Speake-Marin ?
PS-M : Je suis né en 1968, en Angleterre, à Londres. Aujourd’hui j’habite en Suisse. Je suis marié avec Daniela et nous avons deux enfants. On habite à Role entre Lausanne et Genève. Nous sommes arrivés en Suisse en 1996.
Au niveau de ma carrière, j’ai commencé à Londres en 1985 au «Hackney Technical Collège », ensuite je suis allé à Neuchâtel, au WOSTEP, pour suivre des cours dans une école plutôt destinée aux horlogers étrangers. Par la suite je suis retourné à Londres pour commencer ma vie professionnelle. Mon premier boulot a été de travailler pour une entreprise qui s’appelle « Watches of Switzerland » à Oxford, après j’ai été horloger pour Piaget à Londres.
Mais à chaque fois je ne suis pas resté longtemps. A partir du moment où j’avais appris tout ce que je pouvais apprendre, je me suis déplacé ailleurs. Ceci jusqu’en 1990 où j’ai rencontré un commerçant de montres antiques. Monsieur Georges Somelo pour qui j’ai travaillé à Picadilly. J’ai travaillé pour lui pendant 7 ans. A Picadilly, j’ai fait la restauration de tout type de montres de collection. Qu’il s’agisse de montres de poche datant du début de leur invention, aux montres bracelet jusqu’aux années 50. Donc j’ai touché à tout. Ce qui fut une expérience extraordinaire. C’est cette expérience qui vraiment m’influence toujours aujourd’hui.
Par la suite je suis allé au Locle où j’ai travaillé pour l’entreprise Renaud & Papi dans le développement des complications, leur montage, et leur formation. Et en 2000 j’ai commencé mon parcours d’indépendant. Entre 2000 et 2008 je n’ai travaillé que sur trois pièces. Mais en même temps j’ai travaillé à d’autres projets en collaboration.
J’ai travaillé avec Harry Winston, MB&F, et j’ai développé une entreprise qui s’appelle « Maîtres du Temps », pour un entrepreneur américain. Mais depuis 2008 je ne travaille que pour moi-même. Aujourd’hui la plupart des gens qui achètent mes pièces sont des collectionneurs. Je fabrique vraiment de petites quantités de pièces. Mais très spéciales. Je n’ai jamais fait une grande série d’un modèle. Le maximum fabriqué pour une pièce, c’est peut-être 30 ou 35. Autrement nous avons fait des pièces de complication, des pièces d’art, des calendriers simples, des quantièmes perpétuels, des tourbillons. J’ai touché un peu à tout. Sauf qu’aujourd’hui, après tout ce que j’ai fait, maintenant que je suis un fabricant manufacturé de mon propre mouvement, j’ai le sentiment que c’est réellement aujourd’hui que tout commence.
J’ai une ligne rouge qui est mieux définie grâce à toutes les expériences que j’ai vécues, grâce à tout ce que j’ai fait, à tous les endroits que j’ai visités, et à tous les gens que j’ai rencontrés. Je sais mieux aujourd’hui ce que je vais faire par la suite. Et la vie d’indépendant m’offre l’espace et la liberté pour être vraiment créatif. Et par rapport à ce qui vient de commencer, avec ce mouvement, j’ai vraiment ce sentiment que mon avenir commence aujourd’hui.
TG : Ce prix reçu hier va te sortir de la seule notoriété que tu as auprès des collectionneurs. Tu vas être connu internationalement et des gens vont de plus en plus parler de toi. Par rapport à cela as-tu un projet particulier, dans un proche avenir, qui te tient à cœur ? Est-ce que Peter Speake-Marin va nous sortir prochainement quelque chose de nouveau ?
PS-M : Vous allez voir…, vous allez voir… !!! En fait je n’ai que des idées. Maintenant que j’ai un réseau beaucoup plus puissant, qui peut s’adapter beaucoup plus rapidement, et maintenant que je peux me consacrer exclusivement à mes produits et à mes projets, je peux réellement commencer à respirer.
Cette année on vient de commencer à tourner la page avec la Thalassa. C’est vraiment une pièce dont on peut voir la qualité et l’originalité de ce que je suis capable de faire. Dans un sens c’est un début. Car en fait pour toutes les pièces que je vends aujourd’hui il faut une certaine connaissance horlogère.
Pour comprendre pourquoi la pièce est spéciale, pourquoi le prix est celui affiché. Par contre avec ce que je vais faire par la suite, je pense que même les gens qui ne comprennent pas l’horlogerie devraient apprécier le côté artistique et la qualité. Ils vont comprendre beaucoup mieux la raison de ce que je vais faire. Sans avoir une connaissance profonde de l’horlogerie. Sans être un collectionneur. J’ai le sentiment que je vais partir vers une nouvelle aventure cette année.
TG : Peter, c’est ce que nous te souhaitons. En tout cas continue à nous faire rêver et à nous faire aimer ces montres que tu fabriques avec un talent inégalé. Bravo et merci
PS-M : Merci bien, au revoir.
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