Commençons par la rencontre.
Le lieu : le pavillon Seiko Watch Company, à Baselworld2013 puis à Baselworld2014. Représentant notre association française de passionnés de montres Passion Horlogère, un ami et moi sommes reçus par l’équipe Seiko. Nos hôtes nous présentent le monde de Seiko : la manufacture, son histoire, sa philosophie, ses collections dont Grand Seiko et les nouveautés de l’année.
Je suis impressionné par la collection qui nous est présentée en 2013 : un mélange de modernité assumée par les modèles contemporains Astron GPS solaire et de classicisme représenté par la collection Grand Seiko. Je suis particulièrement admiratif de la réédition du modèle 44GS de 1967.
Je suis séduit par la sobriété de la GS44, le chic non ostentatoire qui s’en dégage, sa taille modérée, son classicisme alors que le boîtier est tout à l’opposé d’un boîtier classique. Je me renseigne et me documente sur Seiko. Je découvre que Seiko est à la fois une manufacture à intégration verticale (quelle est ma surprise en découvrant que Seiko réalise ses propres ressorts spiraux et ses propres circuits intégrés) dans la plus pure tradition horlogère mais aussi une marque innovatrice (inventrice de la première montre à quartz Astron en 1969). Ces deux aspects n’empêchent pas la marque de pérenniser son héritage et de lui rendre honneur à travers ses collections actuelles. Au fil de mes lectures, j’ai trouvé passionnante l’histoire de Seiko et aimé comment la gamme Grand Seiko a su conserver au fil des décennies sa cohérence et sa philosophie première.
L’année 2013 se termine sur un petit goût d’inachevé… Heureusement 2014 se profile et, à l’occasion d’une rencontre entre Seiko et Passion Horlogère, je me retrouve un soir de pluie invité au Seiko Center situé au cœur du quartier Saint-Germain à Paris. Sous l’œil amusé de mes amis, je passe la soirée entière avec la réédition acier de la 44GS au poignet. Ce soir-là, je deviens officiellement l’heureux propriétaire d’une GS en me portant acquéreur de la belle, achevant alors une quête débutée l’année précédente.
Depuis un an maintenant, la 44GS me suit régulièrement dans tous les moments de ma vie. Je vous en propose maintenant une revue.
Histoire du modèle
En 1967, Daini Seikosha (aujourd’hui Seiko Instruments) produit le modèle dénommé 44GS réf. 4420-9000 qui sera le premier à représenter le nouveau style Grand Seiko, dit la « Grammaire du Design », que l’on doit à Taro Tanaka. En 2013, pour fêter le 100ème anniversaire de la commercialisation de la première montre Seiko, le Studio Shizuku-ishi Watch, responsable de la production des montres de luxe mécaniques Credor et Grand Seiko à Morioka, rend hommage à ce modèle en en proposant une réédition. Le Studio Shizuku-ishi Watch ne s’autorise à cette occasion que quelques modifications :
- le mouvement 4420-9000 est remplacé par son moderne descendant 9S64,
- la présence de ce nouveau mouvement implique que l’épaisseur du boîtier passe de 10 mm pour le modèle de 1967 à 11,5 mm pour le modèle actuel,
- le boîtier est également décliné en or rose, jaune et blanc alors que le modèle original n’est produit qu’en acier,
- le verre minéral fait place à un verre saphir,
- l’emblème en or du modèle original est remplacé par un emblème en métal en relief.
Finalement, Seiko propose donc 4 modèles en série limitée :
- SBGW047 boîte acier, limité à 700 pièces monde (objet de la revue),
- SBGW046 boîte or rose 18 carats, limité à 70 pièces monde,
- SBGW044 boîte or jaune 18 carats, limité à 70 pièces monde,
- SBGW043 boîte or blanc 18 carats, limité à 70 pièces monde.
La boîte : « la grammaire du design GS »
La boîte en acier inoxydable de la SBGW047 reprend exactement le design original du modèle de 1967 ainsi que ses dimensions : 37,9 x 11,5 mm. L’épaisseur est donc inférieure d’1 à 2 mm à celle des modèles Grand Seiko actuels. Deux des règles édictées par Taro Tanaka sont adoptées, à savoir des surfaces totalement planes et des arêtes droites et vives permettant le polissage appelé Zaratsu ou polissage de lame. Cette technique, confiée exclusivement à des artisans les plus habiles et les plus expérimentés, consiste à minutieusement passer du fer blanc sur les parties à polir. La finition obtenue ne présente aucune imperfection et est incroyable à regarder à la loupe et également une gageure à photographier !
Seules deux parties sont brossées : la partie plane reliant les cornes et son très fin prolongement au niveau de l’extrémité de ces dernières. C’est au niveau de l’extrémité des cornes que la règle des surfaces planes est la plus visible. En effet, à cet endroit on ne dénombre pas moins de quatre surfaces différentes capturant comme l’ensemble de la boîte la moindre parcelle de lumière pour mieux la diffuser.
L’entre-corne est de 18 mm, en parfait accord avec les standards de l’époque.
Comme toutes les montres Grand Seiko, la SBGW047 possède un fond vissé garantissant à la fois une étanchéité de 3 atm et une protection optimale contre la poussière et la sueur. Le médaillon à l’emblème Grand Seiko (en or dans le modèle original) au centre du fond est entouré de quelques inscriptions qui diffèrent aussi de celles du modèle de 1967 :
- « water proof » qui a laissé sa place à « water resistant »,
- « stainless steel » toujours présent,
- la lettre « A » ainsi que le sigle « A4 » entouré que l’on retrouve sur le modèle actuel sont des classifications internes à Seiko,
- la référence du mouvement (9S64-00G0 ici) forcément différente du modèle original mais toujours présente,
- le U inversé, représentant la résistance magnétique jusqu’à 4 800 A/m, absent du modèle de 1967. Ceci est conforme à la norme ISO764 : 2002
- et enfin le rang dans la série limitée, remplaçant le numéro de série du modèle original.
La lunette est composée de deux plans. Ils sont biseautés dans le cas de la 44GS, surélevant ainsi la partie cadran de l’ensemble de la boîte. Cet agencement donne l’impression que le boîtier est composé de deux blocs bien distincts : la carrure prolongée par les cornes en un même ensemble continu et la partie mouvement-lunette-verre qui semble emboutie dans cette dernière.
La couronne : l’intégration parfaite
La couronne s’insère dans un très léger décrochement et s’intègre parfaitement au boîtier.
Elle permet les deux fonctions de remontage et de mise à l’heure. Elle n’est pas vissée et est ornée sur son flanc du logo GS. Sa petite taille est en parfaite harmonie avec le reste de la boîte.
Le cadran : sobriété et lisibilité
Suivant encore une suggestion de Taro Tanaka, le cadran est totalement plat. Comme pour l’ensemble de la montre, l’objectif avoué est discrétion, simplicité mais lisibilité extrême.
De couleur crème, il apparaît nacré, dégageant une impression de grande sérénité. Sa littérature est composée de quatre lignes aux polices différentes. Seiko et le logo GS sont appliqués mais finement décollés par rapport au cadran.
La typographie Grand Seiko et Diashock caractérisant le mouvement est imprimée comme « Japan 9S64 -00E0 R 3 » à 6h.
Aucun chiffre arabe ni romain autour du cadran ; à peine remarque-t-on de très fins index pour représenter les minutes, comme si le temps avait lui aussi pris l’engagement de couler paisiblement.
Les aiguilles et les index : jeux de lumière
Les aiguilles et les index participent également à la parfaite lisibilité dans toutes les conditions de lumière. Ils témoignent tant de de la perfection des détails que de la constance dans la recherche des jeux de lumière.
En effet, les aiguilles des heures et des minutes de forme dauphine possèdent trois facettes. La facette supérieure, quasiment imperceptible à l’œil nu, est brossée tandis que les facettes latérales sont polies. La trotteuse, beaucoup plus foncée, aurait tendance à paraître d’un gris tungstène. Elle est bleue sur le modèle SBGW043 en or blanc, de façon à différencier le métal selon les références. Les index quant à eux sont tout simplement superbes et un délice à contempler à la loupe. Appliqués, ils sont épais et reprennent le style du boîtier tout en arrêtes et facettes parfaitement polies. Un double index à 12h parachève l’ornement du cadran.
Le verre : normalité ou détail suprême ?
Le verre saphir possède, comme dans beaucoup de réalisations actuelles, un revêtement antireflet pour améliorer la lisibilité et limiter la réverbération. Il est très légèrement bombé et surélevé à sa base d’environ 1 mm par rapport à la lunette, accentuant la profondeur du cadran.
Le mouvement : un mouvement dédié à Grand Seiko
La nouvelle édition est une réplique quasi-exacte du modèle original. C’est pourquoi, comme sur ce dernier, les équipes de Seiko ont préféré un mouvement à remontage manuel, le calibre 9S64, qui existe depuis 2011. Il inclut certaines des dernières avancées horlogères de la manufacture japonaise. Je reprends ici les caractéristiques de ce mouvement, données lors de la sortie des éditions limitées SBGW033, 39 et 40 en août 2011 pour le 130ème anniversaire de la marque :
- 24 rubis,
- 28 800 alternances par heure,
- diamètre de 28,4 mm pour une épaisseur de 4,9 mm,
- réserve de marche de 72 h en particulier du fait de l’utilisation d’un ressort moteur plus fin et plus long usiné dans l’alliage « SPRON 510 » breveté par Seiko,
- spiral du balancier fabriqué dans un autre alliage antimagnétique et résistant aux chocs baptisé « SPRON 610 »,
- roue d’échappement ainsi que des palettes d’ancre issues de la technologie MEMS (système micro-électronique-mécanique),
- précision de -3 à +5 secondes par jour (précision quotidienne moyenne relevée en conditions statiques),
- technologie Diashock (voir l’appendice).
Je suis juste agréablement surpris du peu de bruit que le mouvement émet. Il faut en effet vraiment coller son oreille sur le boîtier pour l’entendre.
Bracelet et boucle
Le bracelet est en alligator noir, doublé cuir et signé. Les écailles vont de pair avec le design du boîtier. Je pense que Seiko a réellement fait un sans-faute en termes de goût et de cohérence.
La boucle est une simple boucle ardillon du même métal que le boîtier. Elle porte, non pas l’inscription Grand Seiko comme beaucoup de séries limitées, mais uniquement « SEIKO » dans la même police que celle du cadran.
Au porté
Les parties inférieures du fond au contact de la peau laissent la place à des arrêtes adoucies. Proportions parfaites et tenue sur le poignet irréprochable font que les 62 g de cette Grand Seiko sont très agréables à porter.
Remerciements
Le premier remerciement ira à Mlle Keiko Naruse, qui a bien voulu répondre à mes questions et vérifier les aspects techniques de cette revue. Merci encore pour le temps que vous m’avez consacré.
Un grand merci également à toutes les personnes de Seiko présentes à Bâle en 2013 et en 2014, en particulier M. Noboru Miyadera.
La belle ne serait pas à mon poignet sans l’aimable participation de l’équipe du Seiko Center de Paris. Merci à vous Frédéric ainsi qu’à l’équipe Seiko France.
Christophe B. pour Passion Horlogère
Décembre 2014
Références
Diashock (document non Seiko)
COSC Vs. Grand Seiko standard de chronométrie
http://www.thewatchsite.com/14-user-manual-technical-manual-casing-guide-downloads/150-cosc-vs-grand-seiko-chronometer-standards-comparison.html
Studio Shizuku-ishi Watch
http://www.Shizuku-ishi-watch.com/eng/index.html
Collection GS
http://www.grand-seiko.com/collection/9s-mechanical/SBGW047.html
Boutique Seiko Paris
http://www.seikoboutique.fr/collection-prestige-Grand-Seiko,1
Bonjour,
Merci beaucoup, si tardif, pour cette, si belle, revue, complétée par de si belle photos.
Bonheur et prospérité chez vous.
Di