Car de renouveau il est question. Ce nom prestigieux au XVIIIeme siècle connaît actuellement une véritable renaissance sous l’impulsion d’un Président passionné par le patrimoine légué par les Jaquet Droz. Les automates, les objets divers, et, bien entendu les montres de poches, fabriqués au siècle des lumières, constituent ce patrimoine. Mais au-delà de ces objets, il s’agit d’une philosophie et d’un savoir-faire que le puissant Swatch Group tente de faire revivre à travers cette marque. L’avant-goût de cette exposition présenté en novembre 2011 (cf. https://passion-horlogere.com/le-fonds-documentaire/les-articles/293-jaquet-droz-automates-a-merveilles-visite-des-ateliers ), la dynamique incroyable que l’on pouvait ressentir sur le stand Jaquet Droz à l’occasion du dernier Baselworld, et les rencontres de dirigeants toujours plus motivés par le challenge de faire revivre ce passé prestigieux (cf. https://passion-horlogere.com/le-fonds-documentaire/les-articles/472-jaquet-droz-rencontre-avec-une-marque-en-devenir-au-passe-prestigieux ) attestent du formidable pari relevé par une marque que d’aucuns croyaient coincée entre deux mastodontes horlogers que sont Breguet et Blancpain au sein du Swatch Group.
Les deux sensibilités de nos reporters passionnés vous permettront de constater que Jaquet Droz semble proche du but.
En laissant les musées faire ce qu’aucun Ambassadeur de marque ne saurait faire, Jaquet Droz fait le pari d’un devenir lié à un passé prestigieux. Souhaitons leur de réussir tout en suscitant respect, admiration et surtout… passion !
Président
Pourquoi cet hommage rendu à Pierre Jaquet-Droz et à son fils Henri-Louis ?
Rappelons qu’au « Siècle des Lumières » les Jaquet-Droz étaient avec Breguet, Berthoud et Vattel, les neuchâtelois les plus connus à l’étranger.
Voici ce que Carl Meiners, Professeur à l’Université de Gottingue en Allemagne, écrivit en 1784 lors d’un séjour à la Chaux-de-Fonds.
« Dans toute la Suisse, je ne désirais faire connaissance d’un homme avec autant de passion que de Jaquet-Droz qui dans ce pays même est appelé le Célèbre, le Grand. Il me parut un homme fort de membres et d’une moyenne grandeur, d’un visage plein et large, de sourcils épais et de grands yeux noirs. Sa physionomie annonce le génie à tout le monde. Ses ouvrages surpassent tout ce que l’on connait de plus parfait en automates. Les Jaquet-Droz se distinguent surtout des autres mécaniciens-automates, en ce qu’avec le même art et la même invention de l’essentiel, il y a en eux plus de goût et de luxe; et c’est pourquoi leurs ouvrages frappent davantage.»
La Maison « Jaquet Droz » nous a fait revivre la splendeur d’un patrimoine exceptionnel détenu par les musées suisses et nous rappelle les raisons de la notoriété d’un nom trop longtemps absent du monde de l’horlogerie (près de 150 ans) et qui aujourd’hui, tel un « Phoenix », déploie ses ailes sous nos yeux émerveillés.
A l’heure où la plupart des grandes marques de Luxe choisissent des personnalités comme ambassadeurs de leurs produits, la marque à l’acronyme « J:D » agit à contre-courant en s’inspirant des réalisations du XVIIIème siècle afin de séduire sa clientèle. Une stratégie de différenciation payante permettant au XXIème siècle de perpétuer « l’art de l’horlogerie » ses traditions et un savoir faire qui ont fait le succès des Jaquet-Droz au « Siècle des Lumières ». Cette stratégie s’accompagne aujourd’hui d’une volonté de renaissance des métiers en périphérie de l’horlogerie. Rappelons qu’au XVIIIème siècle, les montres réalisées par les Jaquet-Droz et vendues notamment en Chine depuis leur comptoir situé en Angleterre, nécessitaient l’intervention de plusieurs « métiers d’art ». Ainsi, nous ne trouvons pas moins de cinq métiers associés à la réalisation d’un boitier en email serti de perles et de pierres précieuses.
Le « bijoutier » prend la pièce « au lingot », la forme et en soigne les soudures appliquées au futur boitier de la montre. L’ « horloger » y ajuste son mécanisme « en blanc », pour s’assurer des cotes de son logement définitif. Le « graveur-décorateur » prépare le travail de « l’émailleur » en composant et exécutant l’esquisse du dessin. Une fois émaillé, le boitier est confié au « peintre sur email » puis, à nouveau à l’émailleur pour un lustrage recouvert d’un fondant ou un polissage au rendu de cristal pour la touche finale. L’ajout de pierres précieuses et de perles est confié au « joailler-sertisseur ». Toutes ces manipulations assurant la réputation de l’horloger qui intervient pour la touche finale, l’assemblage et le réglage du mouvement.
Source : « La montre chinoise » par Alfred Chapuis – 1983
Aujourd’hui, la Maison « Jaquet Droz » capitalise sur les « métiers d’art » et continue à nous émerveiller et nous surprendre, à l’instar du « magicien », automate faisant apparaitre et disparaitre des oiseaux chanteurs et, de la « machine à écrire le temps », un hommage contemporain à « l’écrivain » réalisé deux cent cinquante ans plus tôt.
La Maison « Jaquet Droz » depuis son acquisition en 2000, par le Groupe Swatch, a enfin trouvé sa place auprès des grands noms de l’horlogerie aux cotés des Breguet et Blancpain. L’exécution de réalisations « audacieuses » et « novatrices » en fait la digne héritière de Pierre et Henri-Louis Jaquet-Droz.
C’est une « success story » que nous avions déjà saluée à Passion Horlogère (cf. articles de novembre 2011 et mai 2012).
Cette nouvelle rencontre avec la marque nous a enchantée et nous sommes impatients à « Passion Horlogère » de découvrir leurs prochaines créations. A noter que la découverte de l’univers des Jaquet-Droz et leur patrimoine exceptionnel sera ouvert au public jusqu’au mois de septembre prochain. Une agréable et instructive visite au coeur du « Siècle des Lumières ».
Récit Georges L. pour Passion Horlogère
Crédit Photos Michel P.V.
Rendez-vous était donné le 21 juin à 10h00 à la gare de Lyon pour se rendre à Neufchâtel (Suisse). Arrivés sur place, nous découvrons un hôtel plein de charme et après avoir rempli les formalités administratives, le petit groupe français se retrouve sur la terrasse de l’hôtel pour prendre un rafraîchissement.
Cette première réunion informelle est aussi la première occasion de constater quelles montres ont les faveurs des journalistes français. Deux vintages captivent les regards : une Jaquet Droz des années 70 et une Rolex 1680 rouge.
C’est ensuite le départ en direction du « Musée d’Art et d’Histoire de Neufchâtel » où se déroule la première exposition. Le musée est un superbe bâtiment construit sur les bords du lac de Neuchâtel. Le transfert s’effectue en navette et un cocktail d’accueil est proposé devant le musée.
C’est sous quelques gouttes de pluie que l’assistance écoute les discours d’introduction avant de pénétrer dans le musée.
L’entrée est somptueuse et les premiers pas dans ce musée nous laissent présager de l’exceptionnelle qualité de l’exposition. Le lieu correspond parfaitement à l’esprit de l’exposition.
Dans ce premier musée nous découvrons « L’Ecrivain », un automate de Pierre Jaquet-Droz dont on nous offre une démonstration. Cet automate est le premier créé par Pierre Jaquet-Droz en 1768. Jean-Frédéric Leschot et Henri-Louis Jaquet-Droz participeront également à sa réalisation et à sa finition. Assis devant un pupitre, l ‘automate tient une plume d ‘oie qu’il trempe dans l ‘encrier, puis il la secoue légèrement avant de commencer à dessiner des lettres sur le papier. Grâce à un mécanisme annexe, ses yeux suivent son travail. L ‘Ecrivain est capable de tracer un texte de 40 signes au maximum, répartis sur quatre lignes. La principale invention de son mécanisme est le système de programmation par disque, qui lui permet d ‘écrire des textes suivis sans intervention extérieure. Il est également possible de lui faire écrire n ‘importe quelle phrase, lettre par lettre.
Hormis cet automate, on peut également admirer plusieurs autres merveilles dont voici quelques photos.
Une montre en forme de flacon avec carillon
Une montre directoire avec pourtour ajouré, dite « Arthur, Emilie et Mathilde ».
Une montre à seconde indépendante
Une montre à automate érotique
Une montre à carillon
Une tabatière à carillon dite « Joséphine »
Dans l’une des dernières salles, on trouve de nouveau un automate. Il s’agit cette fois-ci d’un magicien. Des oiseaux chanteurs apparaissent puis disparaissent de façon presque aléatoire lorsque le magicien soulève les cônes.
Dans une autre salle se trouvent des automates d’animaux réalisés par François Junod en 2007, un cheval et un oiseau.
Cette première visite se termine par la présentation de quelques montres Jaquet-Droz.
La petite pluie qui tombait lors des discours d’accueil s’est maintenant transformée en orage et c’est donc en navettes que nous nous rendons au restaurant de l’Hôtel Du Peyrou situé à quelques centaines de mètres.
Le temps se calmant très vite, cela permet aux invités de prendre un rafraîchissement dans le parc et de profiter de la douceur estivale revenue.
Durant ce moment de convivialité on peut apercevoir quelques modèles de montre Jaquet Droz au poignet de certains invités.
Des musiciens en costume d’époque assurent une ambiance musicale en jouant diverses œuvres de Schubert, Mozart et autres grands compositeurs.
Voici les deux représentants de Passion Horlogère entourant l’un des serveurs.
Les invités sont répartis dans plusieurs salles toutes plus belles les unes que les autres.
Un superbe feu d’artifice vient clôturer cette superbe journée.
Le lendemain matin, la délégation française se retrouve de bonne heure pour prendre la direction des Etablissements Jaquet Droz. Nous retrouvons sur place des représentants d’autres pays et investissons les lieux de ce nouveau bâtiment dans lequel sont assemblées des montres Jaquet Droz.
La délégation française devant l’établissement Jaquet Droz
Plusieurs horlogers sont à l’ouvrage et on les sent bien installés dans ce havre de paix qu’est la Chaux de Fonds. Les façades de verre de l’établissement permettent une vue reposante sur les collines environnantes.
Nous sommes particulièrement impressionnés par la qualité de travail de Heïdi qui réalise, à la main, la décoration de certains cadrans. Il lui faut parfois trois jours pour achever la peinture d’un seul cadran.
Quelques exemples de cadrans :
Le travail du graveur est lui aussi particulièrement remarquable.
Nous reprenons ensuite la route pour nous rendre au « Musée International d’Horlogerie » de La Chaux de Fonds. Ce musée recèle maintes pièces toutes plus intéressantes les unes que les autres.
La porte d’entrée à peine franchie, nous nous trouvons face à une horloge peu banale. A chaque minute, les éléments constituants l’affichage de l’heure se brouillent puis affichent la nouvelle heure.
Deux éléphants semblent surveiller les premiers pas de chaque visiteur. Il s’agit d’un couple d’éléphants attribués à l’horloger anglais James Cox. A chaque heure, les automates se mettent en mouvement et carillonnent.
Il y a bien entendu beaucoup de pièces d’horlogerie exposées. En voici quelques unes qui ont retenu notre attention.
Un chronomètre de marine à triple cadran (dont celui de réserve de marche à 12h00)
Une montre savonnette à calendrier perpétuel rétrograde
Un mouvement à répétition avec musique sur disque
Une montre dont le cadran en émail est décoré avec les costumes des 22 cantons suisses. Sur le fond il y a une carte géographique de l’Europe méridionale en émail champlevé noir et turquoise.
Un face à main avec montre. Le boîtier recouvert d’émaux peints et champlevés protège un lorgnon pliable.
Un petit amphithéâtre nous accueille pour assister à la démonstration des automates. La Musicienne de Henri-Louis Jaquet Droz a été présentée à Louis XVI et Marie-Antoinette. Cinq airs de musique sont disponibles et la musicienne joue réellement. C ‘est-à-dire que ce n’est pas un disque qui produit la musique mais bien l’action des doigts de l’automate sur l’orgue.
Le mécanisme, complexe, est constitué de quatre parties qui actionnent le soufflet de l ‘instrument, chacune des mains de la Musicienne, et des gestes annexes tels que la respiration, les hochements de tête, les mouvements des yeux, ou encore la révérence finale.
Le fakir est une réalisation contemporaine de François Junod. Le fakir se sert une tasse de thé puis porte la tasse à ses lèvres et boit le thé. On distingue bien la boisson se déverser dans la tasse et le thé passe ensuite dans le bras de l’automate pour revenir dans la théière. L’illusion est réussie.
La pause déjeuner a lieu dans un restaurant de La Chaux de Fonds et c’est une nouvelle fois l’occasion de photographier quelques montres des participants.
Une Panerai « Bronzo »
Une Patek Philippe Nautilus
Une Girard-Perregaux GMT
Nous nous dirigeons ensuite vers le troisième et dernier musée, le musée d’horlogerie du Locle – Château des Monts.
Ce musée abrite le troisième automate de Pierre Jaquet-Droz. Il a été réalisé principalement par Henri-Louis Jaquet-Droz et Jean-Frédéric Leschot. Utilisant un porte-mine, il est capable de réaliser quatre dessins différents grâce aux trois jeux de cames d ‘origine : un portrait de Louis XV, un dessin de chien, un Amour sur un char tiré par un papillon et un couple royal anglais.
La démonstration qui nous a été faite nous a permis d’assister à la réalisation de deux de ces dessins.
Cette troisième visite nous permet enfin de mettre un visage sur les noms de Pierre Jaquet Droz et Jean-Frédéric Leschot grâce à deux portraits soigneusement conservés.
Ces deux jours de visite ont été la source d’un enrichissement considérable sur la connaissance des capacités horlogères et techniques de ces hommes du XVIIIème siècle.
Merci à Jaquet Droz pour la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine.
Nous ne pouvons que conseiller à tous nos lecteurs de visiter ces expositions qui démontrent le génie humain dans le domaine des sciences techniques et des arts.
Récit et photos de Michel P.V. pour Passion Horlogère.
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