Nommé CEO d’Officine Panerai depuis Avril 2018, Jean Marc-Pontroué n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour imprimer sa patte sur « l’Officine ». Surdoué du groupe Richemont au sein duquel il est présent depuis presque 20 ans, ce dynamique CEO incarne le projet Panerai des prochaines années. Ce projet qui inclue le client Panerai : le nouveau que toutes les marques recherchent, mais aussi l’historique et passionné que l’on nomme communément « Paneristi ».
Nous avons pu le rencontrer à Paris à l’occasion de la remise du Prix de Montre de l’Année Passion Horlogère obtenu avec plus de 34 % des suffrages. Un triomphe qu’il a savouré sans retenue et dont il remercie les lecteurs de Passion Horlogère.
Bonjour et félicitations Monsieur Pontroué. Aujourd’hui (15 mars 2019 NDLR) vous avez reçu le trophée de Montre de l’Année Passion Horlogère pour la Panerai Submersible Chrono, édition Guillaume Nery.
Merci, c’est un plaisir et un honneur que d’avoir reçu ce premier prix de l’année.
Monsieur Pontroué, que portez-vous aujourd’hui au poignet ?
Je porte une Submersible BMG. C’est l’un des derniers produits lancés chez Panerai. Cette montre regroupe tout l’esprit Panerai. Sa matière nous est exclusive. « Bulk Metal Glass » (verre métallique NDLR) qui est anti-magnétique, résistant aux chocs et résistant aux rayures. Là vous avez tout l’esprit Panerai. C’est une 47 mm en plus… C’est un produit que j’ai beaucoup de plaisir à porter, aussi bien dans la semaine que pour le week-end.
Cela fait quelques mois, bientôt un an que vous êtes arrivé à la tête de Panerai. Quel a été votre premier constat ?
Mon premier constat, et ce n’est pas pour le plaisir de l’interview, c’est qu’il s’agit d’une marque incroyable ! Une marque incroyable qui n’existait pas en terme de business il y a encore 25 ans, et qui aujourd’hui est l’un des 20 plus gros opérateurs dans le domaine de l’horlogerie. Une marque très présente sur beaucoup de clientèle locale. C’est-à-dire qu’en France on vend à des français, aux Etats-Unis on vend à des américains, au Japon on vend à des japonais… Donc une marque qui est très solide et un produit qui est très identitaire. D’ailleurs sur certains de nos produits on ne met même pas le logo. C’est-à-dire que c’est un produit qui est reconnaissable parmi les 700 marques d’horlogerie qui existent en Suisse.
Une Panerai est reconnaissable sans nécessité d’avoir un logo. Par sa boîte, par ses index, par son épaisseur,… etc.
Lorsque vous êtes arrivé à la tête de Panerai vous avez parlé des clients, vous avez parlé aux clients, et vous avez parlé d’expérience. Pouvez-vous nous en dire plus svp ?
Il est très difficile de conduire une marque sans vraiment connaître sa clientèle. On a toujours l’impression de connaître une marque. Parce que les produits Panerai sont connus, la communication est connue…etc. Donc il y a ce côté superficiel de la connaissance de la marque, et après il y a vraiment rentrer dans la marque.
Rentrer dans la marque c’est rentrer dans les équipes, rentrer dans l’organisation, rentrer dans les process, rentrer dans l’identité et rentrer surtout dans tous les ressorts de la marque pour savoir comment la développer dans les trois, cinq ans, dix ans qui viennent.
Et là, la connaissance des clients elle est essentielle.
Que ce soit les clients finaux, que ce soit les Paneristi, puisqu’on a la chance d’avoir tous ces Paneristi dans le monde entier. Que ce soit le détaillant, que ce soient nos franchisés,… Toute cette communauté qui gravite autour de Panerai est effectivement extrêmement importante puisque c’est celle qui nourrit quotidiennement la marque et qui vous permet d’avoir un certain nombres de messages, de signaux pour savoir orienter la marque à l’avenir.
Monsieur Pontroué, vous êtes un homme sportif, un homme de défis, et un homme de passions. Avez-vous d’autres passions que l’horlogerie ?
Ah oui, bien sûr, heureusement ! Panerai c’est… Je ne veux pas dire que 740 personnes correspondent à ce type de profil… mais Panerai c’est une marque de passion ! C’est d’abord une marque de gens qui ont envie. Et les gens qu’on recrute chez Panerai, au-delà de leurs compétences d’experts dans leurs milieux, c’est leur capacité à avoir envie. Envie de développer cette marque et de participer à une équipe qui potentiellement peut marcher et courir plus vite que les autres.
Alors oui, la course fait partie de mes hobbies. Lire, l’Art, les voyages que j’ai la chance de faire très régulièrement dans plein de pays, font partie de ces hobbies. Et les frontières entre le travail, la vie personnelle, les hobbies, tout ça c’est un petit peu la même chose. Je porte une Panerai quand je cours, je fais très souvent des « morning runs » quand je vais dans des pays. Je prends toute la communauté de Panerai locaux et on fait un footing à 7h le matin.
Est-ce que c’est du travail, est-ce que c’est du business ? Je n’en sais rien. Tout se confond, il y a une fusion de tout ce qu’on peut faire et cette marque de passion qu’est Panerai me correspond très bien.
Panerai est une marque de luxe. Quelle serait votre définition du luxe ?
Il y a cette notion de développer chez nous des concepts qui ne soient pas communs. Qui soient ce que j’appelle disruptifs. Qui soient novateurs dans tout ce qui a existé dans cette industrie qui date de plus de 250 ans. Donc comment vous arrivez à réinventer des concepts qui n’ont jamais existé. Cette plus-value créative fait partie de cette notion de luxe. Après il y a la rareté : comment vous développez des concepts qui ne sont pas disponibles de partout. Et après il y a la façon de le faire connaître. Comment vous avez une communication qui ne soit pas normée. Mais qui sorte de tout l’environnement de communication que l’on connaît tous, et qui permet de vous démarquer et de vous différencier par rapport à la concurrence.
Tous les grands dirigeants sont inspirés. Avez-vous un personnage ou une philosophie qui vous inspire ?
Le bouddhisme. Tout ce qui est Art… des musées, des lieux qui sont inspirants. L’industrie automobile…
Je suis très curieux par essence. Et de savoir ce qui se passe dans d’autres industries apporte des idées. Des matières, des formes…
J’étais au salon de l’Auto à Genève la semaine dernière, et quand vous voyez le développement de cette industrie sur l’électrique, l’hybride, les nouvelles matières, les nouvelles formes, les nouvelles façons de construire, de penser l’automobile dans les 10 ans qui viennent… sont autant de sources d’inspiration pour nous. Regardez les bateaux. Evidemment Panerai s’inspire beaucoup des bateaux. On a un salon nautique à Paris, on a la chance d’avoir ça ! Quand je travaille avec Luna Rossa en Italie, ils travaillent sur des matières qu’on a pas dans l’horlogerie. Et pourquoi n’aurions nous pas ces matières aussi dans l’industrie horlogère ? Toutes ces sources d’environnements sont des éléments d’inspiration très forts pour le développement d’une marque. Ou pour la gestion et le management des équipes.
Vous évoquiez précédemment les Paneristi qui font partie des lecteurs de Passion Horlogère. Si vous deviez leur adresser un message, quel serait-il ?
Je suis d’abord très fier parce que cela fait une trentaine d’années que je travaille, et c’est la première fois que je travaille pour une marque où il y a une communauté de passionnés et de connaisseurs de la marque au-delà des équipes Panerai qui travaillent 12 heures par jour pour cette marque. Et c’est un apport considérable qu’on a. et la chance d’avoir cette communauté de gens qui nous suivent, qui nous aiment, qui peuvent même critiquer… Mais c’est toujours inspirant, et c’est toujours intéressant. Dans la plupart des pays visités, j’ai rencontré la communauté des Paneristi localement, et je continuerai à le faire parce que ce sont des gens qui m’apportent beaucoup en terme de référentiel historique.
Vous pouvez lire tous les bouquins que l’on a sur Panerai, et Dieu sait si on en a, rien ne remplace ce côté inspirant des Paneristi qui dés la première heure ont participé au développement de cette marque et ont été de gros contributeurs à faire ce qu’est Panerai aujourd’hui.
Donc nous continuerons à le faire. J’aurai plaisir à aller à leur prochaine grande convention à Amsterdam au mois d’octobre où ils se retrouvent tous, et c’est toujours une occasion de partager avec eux les prochains projets, ou au moins quelques projets que l’on aura pour l’année 2020.
Monsieur Pontroué, à l’heure Panerai quelle heure est-il ?
A l’heure Panerai il est précisément neuf heures et demi, on est à Paris et c’est un grand plaisir de commencer cette dernière journée de la semaine avec vous.
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