Célébrer une date anniversaire avec une édition limitée est un grand classique de l’industrie horlogère. En confiant les clefs de la réalisation de la Classic Fusion Wild Customs à Laurent Picciotto pour fêter les 10 ans de sa première boutique au monde ouverte, Hublot a changé les règles du jeu. On rembobine ?
En 2007, Hublot ouvre son premier point de vente en plein cœur de Paris. Le visionnaire Jean-Claude Biver, alors CEO de la marque, sollicite l’énergique Laurent Picciotto. L’horloger parisien de la rue Saint-Honoré s’est distingué en proposant dans son antre, Chronopassion, des créations horlogères à la personnalité forte et décalée. Dès l’ouverture, le parti pris est de proposer des références qui bousculent les codes esthétiques de l’horlogerie. La Big Bang Drive avec son mouvement, ses poussoirs et sa couronne inversés donne le la ! Le succès est au rendez-vous.
Classic Fusion Wild Customs : le choix de la différence
Pour fêter cette décennie, la manufacture a en toute logique demandé à Laurent Picciotto de participer à la création de la montre commémorative. Cependant, les premières idées suggérées ne soulèvent guère l’enthousiasme. « On m’a proposé au départ des modèles qui n’ont pas été sortis, mais je ne trouvais rien de bouleversant. » Cela tombe bien. Outre l’horlogerie, Laurent Picciotto a dans la vie d’autres passions : les guitares électriques et le rock n’roll. Propriétaire de la marque Wild Customs, qui hasard du calendrier célèbre aussi ses 10 ans, il oriente le projet dans une autre direction. « J’ai proposé de réaliser un prototype à l’aide des luthiers de Wild Customs car je préférais perdre un peu de temps pour aboutir à quelque chose de vraiment différent. Je trouvais en outre la Classic Fuente d’Hublot intéressante avec ses gravures. » Durant une année d’échanges fructueux, le design de la montre prend forme.
Afin de mieux comprendre l’état d’esprit qui anime ce travail d’équipe, converser avec Laurent Picciotto sur l’industrie musicale et du luxe donne des pistes sur le garde-temps voulu. « Wild Customs… j’ai acheté l’une de leurs premières guitares, elle avait une esthétique décalée, plutôt humoristique. Les luthiers possédaient du talent en devenir mais comme l’industrie est en désarroi total, Gibson est par exemple au bord du gouffre, je ne pouvais pas les aider avec un business model classique. En revanche, si on innove, je suis là ! Nous avons ainsi stoppé la production durant 3 ans et effectué des dépôts de brevets. L’été prochain, le 18 juillet, une guitare révolutionnaire sera lancée à Nashville. Dans le corps de la guitare, on a placé un mécanisme en aluminium dont les pièces ont été usinées avec des machines CNC… ». Il faudra attendre encore un peu pour découvrir cette mystérieuse innovation.
Quant au luxe ? « Le vrai luxe est en fin de parcours. C’est lié au logiciel économique de notre époque. Quand Cartier a ouvert sa première boutique au début du XXième siècle, il a fallu attendre une décennie avant d’en ouvrir une autre… Aujourd’hui, une marque peut ouvrir 50 points de vente en un an ! Ce n’est plus du luxe. On paie juste un objet cher. Je préfère une approche radicale pour proposer un objet plus poussé et plus confidentiel. Si je peux proposer une pièce unique qui se rapproche d’une fabrication sur mesure et d’un tableau de maître, c’est être de bonne foi jusqu’au bout… »
Un boîtier et un cadran à l’esprit rock
Résultat final ? « La Classic Fusion Wild Customs mixe une ambiance Empire State Building Art déco et un esprit rock avec la présence de mini têtes de mort. L’aiguille des secondes en forme d’éclair est aussi un clin d’œil à l’univers du rock. Sa couleur rappelle le surfgreen si caractéristique des caisses des guitares électriques. » Pour Laurent Picciotto, cette approche décalée répond idéalement à ses attentes. « La montre s’adresse aux aficionados d’Hublot. Elle s’adresse aussi à des clients qui n’étaient pas réceptifs à la marque jusqu’à présent mais qui peuvent être séduits par l’approche plus rock n’roll ».
Mais qu’est-ce qu’être rock n’roll en 2019 ? « C’est clairement une musique de vieux. Quand on va à un concert d’AC/DC ou des Stones, c’est un public de vieux. Être rock, ça veut tout dire et ne rien dire. C’est surtout et encore une volonté d’autonomie et de liberté… où tout est permis, sans uniformité ». Un style de vie à s’approprier sans tarder ! La Classic Fusion Wild Customs vous montre le chemin.
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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