J’aime MB&F. Je sais, l’argument est un peu court. “Parce que c’était lui, parce que c’était moi”, comme l’a dit le poète ? c’est encore un peu juste comme explication. Laissez moi tenter de vous expliquer pourquoi MB&F, parmi la nébuleuse de maisons horlogères, vénérables ou non, aux extraordinaires produits et savoir-faire, est depuis bientôt 14 ans l’élue de mon cœur horloger.
Tout commence en 2011. Passion Horlogère a toujours été proche des horlogers Indépendants. Lors d’un dîner horloger entre amis, je prends en main pour la première fois une HM2. Cet OHNI (objet horloger non identifié) est pour moi une révélation, un coup de foudre absolu. Oui, il est possible de concevoir, développer et commercialiser de tels objets d’art. Il existe sur la Terre des individus suffisamment fous pour donner naissance à un tel objet, mélange de steampunk et de poésie, bourré de références à la pop culture.
Je veux en savoir plus ; par chance, et grâce à Passion Horlogère de nouveau, j’ai l’opportunité avec mon ami Olivier de passer deux jours à la MAD Gallery à Genève, de rencontrer les protagonistes de la marque, et d’écrire un article sur tous leurs modèles et leur environnement de travail. Au cours de ces échanges avec Max Büsser, Serge Kriknoff, Didier Dumas et Charris Yadigaroglou entre autres, je me sens profondément, totalement en phase avec leur vision, leur philosophie, leur humour et leur univers. Pour les paraphraser, instantanément je deviens un de leurs Friends.
Au cours de ce moment exceptionnel, hors du temps (un comble pour un amoureux de la belle oeuvre horlogère), un détail cependant m’interpella particulièrement ; pour la vente Only Watch de 2011, MB&F avait présenté une HM4 en collaboration avec l’artiste Chinois Huang Hankang, présentant un magnifique Panda miniature chevauchant une HM4.
Je n’ai pas eu la montre en main. Mais j’ai vu la boîte. Et c’est cette “simple” boîte à montre qui m’a définitivement convaincu que j’avais trouvé ma marque sœur : Pour cette pièce unique, les amis de MB&F avaient poussé le vice jusqu’à personnaliser le carrousel : on pouvait y voir des traces de griffure la lacérant, l’œuvre du panda en question, bien évidemment. Drôle, poétique, magique.
“Un jour, j’aurai les moyens de m’en offrir une.” Pendant plus de 10 ans, j’ai rêvé ce moment. J’ai suivi, assisté, et commenté chacune de leur Horological et Legacy Machines. J’ai suivi toutes leurs collaborations. Il y a deux ans, j’ai même failli revendre la quasi-totalité de ma collection pour toucher une HM2 d’occasion…
En vain, je reste toujours à la porte de la maison de mes amis.
En 2021, Maximilian pense enfin à moi (à qui d’autre ?). Et propose la M.A.D. 1, pour me permettre d’avoir enfin au poignet un peu de l’ADN de la tribu. Bien sûr, ce n’est pas une MB&F, mécaniquement beaucoup moins sophistiquée. Et pourtant ce n’est en rien un modèle au rabais, avec son rotor astéro-hache sur le cadran, et son affichage de l’heure sur la tranche. L’ADN de la tribu est bien là. C’est un truc de dingue.
Elle n’est pas disponible en vente libre, mais par le biais d’un tirage au sort. Une formalité, pensais-je, je ne peux qu’être choisi, il ne peut en être autrement. Tous mes amis sont d’avance ravis pour moi.
Oui mais… Je ne suis pas sélectionné! Incroyable, inconcevable, j’ai le coeur en miettes.
Oui mais… Devant le succès du premier modèle, un second tirage au sort est lancé quelques mois plus tard!
Oui mais… de nouveau, ce n’est pas pour moi. Je me console un peu en me disant qu’autour de moi, personne n’a été sélectionné, le nombre de candidatures doit être très important.
Et encore une fois, c’est inouï, je reçois le mail de MB&F m’indiquant le troisième tirage au sort. Elle ne peut plus m’échapper. Et dorénavant elle est verte, je la préfère ainsi.
Après quelques semaines d’attente, enfin certains de mes amis sont sélectionnés, trop contents de me l’annoncer, cela va bientôt être mon tour, il faut que je sois patient.
Mais vous l’avez déjà deviné : pour la troisième fois, je ne suis pas retenu. Un véritable coup de poignard, l’impression effroyable d’un ami qui m’a oublié. L’incompréhension totale. Les amis de Passion Horlogère tentent de me consoler comme ils peuvent, mais le mal est fait, la tribu de MB&F m’a rejeté, je suis un orphelin horloger.
Et pourtant… Le soir même, tous les amis essaient de me contacter, m’appellent, me disent que c’est incroyable, m’envoient enfin le lien vers une courte vidéo de Max et de l’équipe :
Non, MB&F ne m’a pas abandonné. Et c’est tout le contraire !
Pour moi, et pour les quelques autres suffisamment fous pour avoir tenté (et perdu) trois fois d’affilée le tirage au sort, pour ces quelques amoureux inconditionnels, ces perdants magnifiques, la marque va sortir une série spéciale de M.A.D. 1. La Lucky Clover, ornée sur la couronne d’un trèfle à quatre feuilles. La série spéciale des perdants magnifiques. Non, Max et la tribu ne m’ont pas oublié. Merci !
Après 8 mois d’attente, je me suis enfin rendu à Genève à l’occasion d’un week-end pour en prendre possession. Évidemment à la M.A.D. Gallery. De nouveau j’ai pu y admirer des Nixie Machines de Frank Buchwald, un cliché de Goldorak (l’astérohache, bien sûr) par Marc Ninghetto…
Et aujourd’hui, je porte au poignet ma M.A.D.1, avec son trèfle à quatre feuilles. Je suis un loser heureux, je fais encore partie des Friends, heureux et reconnaissant.
Merci MB&F !
Frédéric Dru, pour Passion Horlogère
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