Les italiens sont les rois du design. Voila une affirmation bien péremptoire me direz-vous !
Mais regardons les choses en face. Il y a la rigueur allemande, le chic à la française, l’élégance anglaise, et le style italien.
Jetons un rapide coup d’œil à l’industrie automobile pour s’en convaincre. Audi et Mercedes en Allemagne, Peugeot et Citroën en France, Bentley et Aston Martin en Angleterre, Alfa Roméo et Ferrari en Italie. Vous voyez où je veux en venir ? Il en va de même pour la mode bien sûr. Mais ici, nous parlerons d’horlogerie.
Une marque, une passion
Terra Cielo Mare est une marque italienne, comme son nom le laisse supposer. Plutôt confidentielle, ou en tout cas, pas mainstream, ni bénéficiant de la même notoriété que ses prestigieuses cousines que sont Panerai ou Bulgari. Indépendante en fait.
Tant pis, ou tant mieux. J’aime ces petites marques, qui osent. Osent inventer, osent dessiner, osent proposer. Terra Cielo Mare est de celles là.
Née en 1999, Terra Cielo Mare fêtera l’ année prochaine ses 20 ans, une toute jeune marque donc, à l’échelle de l’horlogerie. Mais une marque indubitablement mature quand on on observe la magnifique gamme qu’elle propose. Des design puissants, des finitions de 1er ordre, des cuirs de toute beauté…, s’intéresser à la marque, c’est prendre le risque, élevé, d’y succomber !
Terra Cielo Mare, c’est la danseuse d’une grande famille italienne, la famille Fontana, impliquée dans l’horlogerie depuis les années 70. C’est avant tout une passion pour l’horlogerie, sans autres contraintes que celles de se faire plaisir, de créer les montres qui leur plaisent, et qui plairont, si possible, à quelques esthètes passionnés.
Terra Cielo Mare, ce sont des pièces horlogères créées autour de belles histoires, et non des histoires créées pour justifier des montres. Terra Cielo Mare, ce sont de beaux matériaux, de magnifiques cadrans, de superbes bracelets, et beaucoup d’émotion.
C’est lors d’une rencontre dans une brasserie de la capitale, entre dos de cuisse de poulet et aile de dorade, accompagnés d’un Moulin à Vent aux pâles en berne, le tout rythmé par la visite d’un serveur aussi sympathique qu’ignorant, qu’Eric Delicati, le distributeur de la marque pour la France, me présentait l’ensemble de la gamme. Comme souvent, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, et il était convenu à l’avance, que je repartirai avec la Tazzoli Oceanico, objet de cet article, pour en effectuer un essai.
Les vicissitudes alimentaires expédiées, les marmottes, sans chocolat ni papier d’alu, prenaient possession de la table. 1er contact timide, la lumière n’est pas idéale. Mais on sent bien qu’on tient en main quelque chose de devenu un peu trop rare en horlogerie ces dernières années. Des boîtiers travaillés, des cadrans à la forte personnalité, des bracelets dont la qualité fait honneur aux montres qu’ils équipent, des mouvements fiables et éprouvés et des tarifs étonnamment et agréablement raisonnables. Je ne vais pas vous faire une présentation exhaustive de la gamme, ce n’est pas l’objet de cet article et aucun mot ne saurait transcrire l’émotion que procure la rencontre avec la marque.
Tazzoli Oceanico, plongée au cœur des abysses
Concentrons-nous donc sur l’objet de cet article, sur celle qui m’a accompagné une dizaine de jours durant, la Tazzoli Oceanico. Une pièce à la forte personnalité, à la présence incontestable, qui attire l’œil, et à juste raison. De par la taille de son boitier tout d’abord. Avec 44mm de diamètre, et une énorme couronne à 2h, difficile de passer inaperçu. Par ses finitions, son design, le bronze ensuite, qui finissent d’étonner et d’interroger.
La Tazzoli Oceanico doit son nom à un célèbre sous-marin torpilleur italien, qui sévit dans les fonds marins durant la seconde guerre mondiale. Ne nous attardons pas sur ses exploits guerriers, retenons seulement l’inspiration oceanico-militaire.
Le choix du bronze apparaît alors comme une évidence. D’autant que celui proposé par TCM jouit d’un traitement Protox qui le rend anallergique et offre une superbe finition qui semble vernie. Assurément une réussite. Il est à noter que le bronze est un des matériaux les plus intéressants à utiliser en horlogerie à mon sens. S’agissant d’un alliage de cuivre et d’étain, majoritairement, chaque marque y va de sa recette, et les couleurs et finitions varient, offrant des résultats aussi différents qu’on peut faire varier les proportions des composants. Le modèle que j’ai porté pendant quelques jours avait d’ailleurs déjà commencé à prendre une superbe patine.
En bronze également les superbes aiguilles partiellement recouvertes de Superluminova. Leur forme atypique participent pour beaucoup à la personnalité du modèle. Elles survolent un cadran noir mat, de type sandwich, proposant un affichage militaire de l’heure, à savoir classiquement sur 12h grâce aux chiffres découpés laser du pourtour, et avec un affichage de 13 à 24h grâce aux chiffres imprimés blancs, lisibles au travers de l’évidement de l’aiguille d’inspiration « pomme » des heures.
Un chemin de fer finement imprimé à l’extérieur du cadran, sur le réhaut, facilite la lecture des minutes, si besoin était, pointées par une aiguille d’inspiration « glaive », mais “Terra Cielo Marisée”. Pas de date, et c’est tant mieux. Ce cadran est magnifique de simplicité et de lisibilité, et il vient juste mettre en valeur le boîtier qui mérite aussi son lot d’éloges.
Mélange de courbes aussi sensuelles que les hanches de Sofia Loren avec des arêtes aussi vives qu’un dessin de Marcello Gandini, il regorge de détails sur lesquels s’attarder. Le plus caricatural est évidement cette énorme couronne à 2h. Il s’agit en fait d’un protège couronne, vissé, et articulé au bout d’un piston en forme de torpille, inspiration militaro-submersible oblige. Cet ensemble, en titane traité PVD noir permet de protéger la couronne de réglage des heures. Sa petite taille n’offre pas une préhension aisée, mais voilà bien un petit détail que je lui pardonne facilement.
Ce boitier est en réalité un sandwich de bronze et de titane. Les flancs évidés de la boîte laissent d’ailleurs bien apparaître le titane PVD noir, qui entoure le mouvement. Sur le flanc gauche, on trouve gravé le numéro de la montre, car la Tazzoli est une série limitée comme le sont, en fait, tous les modèles de la gamme. Le fond de boite en titane également, est finement gravé d’une représentation du sous-marin éponyme, et percé d’un hublot. A travers celui-ci, on peut apercevoir une fine graduation qui sert d’inclinomètre, comme on en trouvait à bord de ces vaisseaux furtifs. Ils servaient à déterminer l’angle de plongée ou de remontée du submersible. Un détail parfaitement inutile et donc rigoureusement indispensable.
Motorisé par un mouvement retravaillé par Concepto, sur une fiable et rigoureuse base ETA, il n’y a pas de grande surprise de ce côté là. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas à un mouvement manufacture chez TCM, et que ça n’apporterait absolument rien de plus au modèle. Battant à 28800 A/H et offrant 38h de réserve de marche, il fait le job, et plutôt bien… et anime la jolie trotteuse en bronze de manière régulière et précise.
Last but no least, les italiens apportant beaucoup d’importance aux détails, la Tazzoli se porte sur un superbe bracelet surpiqué, réalisé dans un vieux cuir anglais de toute beauté. Souple, confortable, patiné, il est juste parfait pour cette Oceanico. Une boucle ardillon en titane complète le tout.
Confortable et remarquable
Malgré son diamètre important, et cette énorme couronne, la Tazzoli est extrêmement confortable au porté. Son épaisseur contenue lui apporte une certaine élégance, et les finitions, et les courbes de sa boite séduisent au quotidien. On se surprend à caresser les cornes et la lunette, le contact du bronze étant très agréable, sensuel presque. La lisibilité est évidente, et poser les yeux sur ce cadran est toujours un vrai plaisir. Les reflets qui viennent jouer sur les chiffres et les aiguilles en bronze offrent un spectacle saisissant. Le poids est très raisonnable pour une pièce de cette taille, grâce à la légèreté combinée du titane et du bronze. Ce qui caractérise le plus cette Tazzoli, et la marque en tant que telle d’ailleurs, c’est l’émotion. Alors que certains modèles suisses ou japonais sont techniquement impressionnants ou offrent des finitions irréprochables, ce qu’on ressent en présence d’une TCM, relève plus de l’affect. Les photos ne parviennent pas à transcrire ce que le contact avec la marque et cette Tazzoli peut procurer.
A titre personnel, j’ai vraiment été très séduit par ce modèle, et par d’autres également. J’ai vraiment ressenti quelque chose de rare en présence de ces pièces. Peut-être que la passion d’Eric Delicati pour la marque n’y est pas étrangère. Mais je crois surtout que la marque a su trouver une rare alchimie, et insuffler dans chacune de ses pièces quelque chose que les grandes marques ne peuvent plus qu’offrir exceptionnellement : De l’émotion.
Dernier point, cependant, plus terre à terre. Proposée à 3620€, le tarif est particulièrement bien placé pour une telle pièce. Je ne saurais trop vous conseiller de vous déplacer à la rencontre de la marque, vous ferez une très belle découverte.
Richard SEGAULT pour Passion Horlogère
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