Créer une marque horlogère de nos jours n’est pas chose aisée. La passion et le talent d’un homme ou d’une équipe ne suffisent pas. La création d’une première collection de garde-temps nécessite des investissements colossaux de temps, d’énergie et d’argent. Cette dernière condition étant primordiale dans la survie d’un tel projet. Il n’existe donc pas un nombre infini de solutions. Il faut soit être épaulé par un investisseur, soit être soi-même financièrement indépendant. Après la phase de création de la marque puis du premier modèle, s’impose une nouvelle difficulté majeure, celle de la commercialisation. A moins de posséder un réseau de distribution étoffé, il est difficile de trouver des professionnels ayant pignon sur rue prêts à soutenir un nouveau venu dans la galaxie horlogère.
Au XVIIIe siècle, un horloger génial, très connu des passionnés d’histoire horlogère pour avoir inventé le Tourbillon, passait de Cour en Cour pour présenter ses nouveautés et prendre des commandes spéciales pour des créations à venir. Afin de s’assurer que ses commandes seraient intégralement payées à la livraison, il imposait le paiement d’un acompte. Ces montres ont pris le nom du procédé. En 1796 Abraham-Louis Breguet inventait les « montres de souscription ».
Ce procédé marketing inédit a trouvé une résonance en 2010 en la personne de Vincent Plomb. Ce concepteur autodidacte s’est appuyé sur les réseaux sociaux et autres forums horlogers pour proposer à quelques collectionneurs confiants la possibilité de souscrire à sa toute première création. Ils bénéficiaient de ce fait d’un tarif avantageux, en contrepartie de leur souscription. Les 100 premières pièces livrées, Vicenterra s’est lancée dans la production de 100 nouvelles montres, commercialisées de manière plus traditionnelle afin de rentabiliser le projet. Cette nouvelle série à peine commercialisée, Vincent Plomb s’est lancé cette année dans la création d’une nouvelle montre qui sera, elle, vendue de manière tout à fait traditionnelle. C’est ainsi qu’est né le projet Vicenterra GMT-3 Tome 2.
De la même manière que les internautes sont en train de sauver en partie l’industrie du disque, assiste-t-on à l’arrivée du financement participatif pour les créateurs indépendants ? L’expérience Vicenterra, si, comme nous le souhaitons la marque se pérennise, en sera l’heureux témoignage.
Thierry Gasquez
Président
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