Si la BR 01 de Bell & Ross reste fidèle à ses racines aéronautiques et à son boîtier carré s’inspirant des instruments de bord d’avion, la collection Skull lui offre un territoire d’expression tout à fait particulier, comme le prouve le nouveau modèle Cyber Skull.
Depuis une dizaine d’années maintenant, Bell & Ross nous a habitués à des surprises régulières liées à sa collection la plus étonnante, la plus décalée, la plus audacieuse : une famille horlogère faisant d’un crâne l’élément central de son concept.

Tout a commencé en 2009 avec la BR 01 Tête de mort. La Tourbillon Skull a suivi en 2011, puis la Skull Bronze en 2015 et la Burning Skull en 2016. La marque a passé la vitesse supérieure en 2018 avec la Laughing Skull animée pour la première fois par un mouvement automate. Une déclinaison Laughing Skull White, ornée d’une laque ivoire patinée, est ensuite apparue en 2019. Sur toutes ces montres, on a retrouvé un décor identique dans ses grandes lignes au Jolly Rogers, le célèbre drapeau noir des pirates d’autrefois, comportant un crâne et des ossements en croix.
Cette fois, Bell & Ross a choisi un chemin créatif bien différent et s’éloigne du registre vintage traditionnellement associé au Skull pour ancrer son design dans la modernité, voire le futurisme. Fini les courbes d’un crâne tout en rondeurs, place à des pan coupés et à des arêtes vives qui composent le relief d’une tête de mort qualifiée de “multivisage” par le studio de création.

Par ses pans coupés, ses arêtes vives et ses multiples facettes, la BR 01 Cyber Skull réunit les univers militaire, artistique, philosophique et horloger.
Semblant léviter au cœur du boîtier et du cadran transparent, le crâne de la BR 01 Cyber Skull parvient à marier les univers de référence. Ainsi, on pourra tisser un lien entre ses facettes et celles de l’avion furtif américain F 117 que son étrange forme parvient à rendre invisible aux radars.
On préférera peut-être voir sa surface géométrique comme une image pixellisée et une expression de l’art numérique. Ou pourquoi pas comme un origami né d’un méticuleux pliage à la japonaise. D’aucuns évoqueront un objet design appartenant au même univers avant-gardiste que certaines automobiles d’aujourd’hui. Ou bien une sculpture jouant avec la lumière.
Quelle que soit l’interprétation de chacun quant à ce crâne 2.0, il conserve néanmoins son statut de symbole guerrier et de talisman sacré. Et l’on n’oubliera pas que, de tout temps, les guerriers ont utilisé l’image de la tête de mort pour impressionner leurs adversaires ou pour conjurer le mauvais sort. Le 6 juin 1944, les parachutistes américains des 82e et 101e divisions aéroportées américaines se sont élancés dans le ciel de Normandie en portant sur leur tenue de combat un écusson réunissant un skull et ces mots : Death from above (la mort vient d’en haut). Un trépas rendu souriant par la tradition mexicaine des calaveras, ces têtes de mort mexicaines peinturlurées de couleurs éclatantes. Ironiques étaient également les représentations de crânes chères notamment aux humanistes du siècle des lumières, avec une note de philosophie résumée par la célèbre formule latine Memento mori, “Souviens-toi que tu mourras”.
Mais une fois répertoriés ces différents univers de référence, militaire, artistique et symbolique, il ne faudrait pas occulter le fait que cette BR 01 Cyber Skull est avant tout une pièce horlogère, et même une montre appartenant à l’univers de la haute horlogerie. Non seulement son mouvement à remontage manuel possède une fonction automate (la mâchoire s’ouvre sur un sourire sarcastique lorsque l’on remonte le ressort par l’intermédiaire de la couronne), mais il parvient à se dissimuler presque entièrement sous le crâne. Une belle “prise de tête”, probablement, pour les horlogers qui ont intégré le calibre BR-CAL.206 à l’intérieur du boîtier de 45 mm x 46,5 mm.
Étape majeure dans l’évolution de cette collection Bell & Ross si particulière, la Cyber Skull qui se lance à l’assaut de la modernité sera réalisée en série limitée de 500 exemplaires uniquement. Alors à l’abordage. Et Memento ridere…
Peter Mogg pour Passion Horlogère
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