D’une crise naissent des opportunités. Pour un Japon en ruine, l’après-guerre, le contexte géopolitique, la décartellisation de son économie rebattent les cartes. Pour Tadao Kashio, âgé alors de 29 ans, de son désir d’entreprendre émerge l’une des plus belles réussites du XXe siècle, Casio.
L’après-Seconde Guerre mondiale… dire que l’économie japonaise est moribonde constitue un euphémisme. Dans un pays anéanti, l’étonnant destin d’un certain Tadao Kashio n’est pas tracé. Il le prend en main. Flash-back.
itinéraire
Issu d’une famille de paysans, son père se sacrifie au travail pour lui offrir un rudiment d’études. Brillant, il obtient son diplôme de niveau supérieur en 1931 et trouve rapidement un emploi dans une entreprise de recyclage de bidons d’huile. Il intègre par la suite une manufacture de médailles militaires. Impressionné par ses capacités, son directeur le place comme apprenti chez un tourneur à l’usine des machines-outils Enomoto. Son assiduité et sa volonté de progresser attirent l’attention du propriétaire, Hiroshi Enomoto. Celui-ci l’encourage à entrer à l’école des travailleurs de Waseda (aujourd’hui l’université de Waseda) pour approfondir ses connaissances professionnelles tout en continuant à travailler à l’usine. Fraîchement diplômé, il met son savoir au service d’un autre établissement où il se révèle excellent gestionnaire et inventeur habile. Souffrant de tuberculose, il est réformé et souhaite toutefois aider son pays en guerre. Une fois encore, son travail est reconnu. Cependant, son environnement technique limité et les instructions hiérarchiques le freinent dans ses objectifs. En 1942, fort de ses compétences, il débute alors une production privée de composants pour avions. Avec la fin du conflit mondial, c’est une fraiseuse d’environ 500 kg qui ouvre un nouveau chapitre de sa vie.
Naissance de Casio
Aidé de son père et de son frère aîné, Tadao Kashio fonde en avril 1946 sa société, la Kashio Seisakujo. Son activité ? Une production simple de composants pour microscopes et pour boîtes de vitesse. Un an plus tard, les États-Unis œuvrent pour le rétablissement de l’archipel et décident de suspendre le paiement des réparations. Plus qu’une bouffée d’oxygène, ce geste et une conjoncture favorable participent au miracle économique japonais, le Boom Izanagi. Dans ce contexte dynamique, l’entreprise familiale Kashio prospère. Son frère Toshio qui a acquis quelques compétences en électricité la rejoint.
Le succès rencontré par la première invention de Tadao Kashio, la bague porte-cigarette Pipe Yubiwa, consolide les résultats de Casio et permettent d’investir dans divers développements, notamment un surprenant prototype de calculatrice en 1954.
En 1957, deux autres frères étoffent l’équipe et tous créent une nouvelle compagnie, la Kashio Keisanki, plus connue sous le nom Casio Computer Co. Ltd. L’entreprise commercialise cette même année la 14-A, la première calculatrice entièrement électrique fonctionnant à l’aide d’électroaimants. La machine dite compacte pèse cependant 140 kg.
Casio poursuit sa croissance et ouvre des usines. Toutefois, les rivaux exacerbent la concurrence. L’innovation est au rendez-vous. Son modèle de calculatrice souffre d’un retard technologique au début des années 1960. Les circuits imprimés à transistors s’imposent. Cette option technique est alors adoptée par Casio pour sa nouvelle invention dévoilée en septembre 1965 : le Casio 001, son premier ordinateur de bureau. Forte de son expertise, la société présente en 1967, l’AL-1000, la première calculatrice de bureau programmable. Cette dynamique lui permet d’ouvrir une filiale en Europe (1967) puis aux USA (1971).
L’essor de Casio
Durant les seventies, l’électronique devient grand public. En 1972, la calculatrice de poche Casio Mini s’impose dans les foyers. Les étudiants découvrent le modèle FX-1 capable d’opérer des calculs trigonométriques et exponentiels. En 1978, la Mini Card présente les dimensions d’une carte de crédit avec seulement 3,9mm d’épaisseur.
La miniaturisation de la technologie développée par Casio rencontre une autre technologie en plein boom : le mouvement à quartz. De cette fusion née la Casiotron QW02 en novembre 1974. Sur son cadran, l’heure s’affiche ainsi que le jour du mois en cours. Son calendrier automatique est alors capable de différencier les années bissextiles. Il s’agit de la première montre commercialisée par Casio. Deux ans plus tard, une évolution, la X-1, intègre des fonctions de chronomètre et d’heure universelle.
Durant les années 1980, la diversification de l’activité de Casio s’accentue avec le lancement d’ordinateurs grand public, les PB-100, d’imprimantes, de téléviseurs LCD et cristaux liquides, et même des synthétiseurs numériques. La firme dévoile aussi le premier PDA tactile en 1986. Pendant la décennie suivante, Casio se distingue encore notamment avec le QV-10 (1995), le premier appareil photo numérique grand public pour la Satellite Navi, la première montre à système de navigation GPS (1999).
Pour découvrir toute l’activité Casio
Casio et le début de l’aventure G-Shock
Parmi toutes ces innovations, l’une d’entre elles va devenir une icône, la DW-5000 C, plus connue du grand public sous l’appellation G-Shock. L’histoire veut qu’en 1981 Kikuo Ibe, ingénieur au service Recherche et Développement de Casio fait tomber la montre offerte par son père.
Pour faire suite à ce drame, il décide de créer une montre indestructible. Pour parvenir à ses fins, il monte l’équipe Project Team Tough. Deux ans plus tard, après avoir lancé plus de 200 prototypes du haut de l’immeuble de l’entreprise, la G-Shock voit le jour.
Le succès est au rendez-vous. Plus de 100 millions d’exemplaires de cette montre réputée pour sa robustesse à toute épreuve, étanche jusqu’à 200 mètres de profondeur, vont être vendus entre 1983 et 2017.
Pour découvrir l’univers G-Shock
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
À découvrir prochainement, les icônes G-Shock…
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