Certes, ce que l’on aime n’a pas de prix. Mais surtout, c’est d’abord le fait qu’elle nous plaise, et non leur valeur financière compte le plus. Et si elle a parfois un air de déjà vu, c’est tout simplement parce qu’au pays des montres, tout le monde, tôt ou tard, inspire tout le monde. Revue de ces icônes qui inspirent tant la jeune garde horlogère.
Paul Malo
Gérald Genta s’est-il copié lui-même ? Non, bien sûr, puisque toutes ses créations sont sorties de sa propre imagination. Quelle que soit la marque pour laquelle il a œuvré au fil des années passées en tant que designer horloger, il a imposé son style. Ce métier auquel il aura donné ses lettres de noblesse. Pourtant, impossible de ne pas y déceler des points communs. Entre les cornes, les bracelets intégrés, les lunettes octogonales ou les vis apparentes… Nombre d’entre ces créations sont devenues, chacune dans leur catégorie, une montre culte. Que leur cadran soit signé Omega, IWC, Patek Philippe ou Audemars Piguet.
Et aujourd’hui, quand on voit celle que l’on surnomme la « Casioak », faut-il crier à la copie servile ? Pas du tout. Au contraire, avec sa lunette octogonale, la G-Shock GA2100 1-A-1ER ne coûte que 100 €, quand la Royal Oak coûte 200 fois plus.
Pourquoi parler de copie à propos d’une montre donnant envie d’en porter une autre ? Son design qui semble faire écho à une antérieure, tout en étant clairement différent, et pour un tarif souvent sans commune mesure ? De tout temps, les montres culte, les icônes horlogères, ont sans cesse inspiré, irrigué la jeune garde. Et cela continuera tant qu’il y aura des montres.
La vague éternelle du bracelet intégré – Icônes d’acier !
En suivant le même raisonnement biaisé à la source, faut-il considérer que toute montre proposant un bracelet métal intégré au boîtier n’est qu’au fond une copie servile de l’idée de Gérald Genta (encore lui !) en 1972 ?
Soyons sérieux : toutes les marques le proposent tout simplement parce que cela répond aux attentes de 80% des clients à travers le monde. Même Hublot, qui fête cette année ses 40 d’existence, laisse pour l’occasion tomber le bracelet caoutchouc pour passer en mode métal total, avec sa Big Bang Intégral, d’un diamètre de 42 mm.
De même pour Bell & Ross : que n’a-t-on lu et entendu au moment de la sortie de la toute nouvelle collection BR 05 de la marque à l’esperluette. Crime de lèse-majesté : elle changeait de style avec cette pièce dotée d’un bracelet métal sortant radicalement de la niche habituelle de la marque, avec ses montres carrées d’inspiration aérienne et militaire. Ici, dès le départ, la ligne BR 05 a été pensée pour une intégration parfaite du bracelet acier.
Le premier maillon du bracelet s’intègre du coup à la boîte avec une élégance toute naturelle. De quoi donner vie à un nouveau classique sport chic que toute grande maison horlogère se doit d’en proposer à son catalogue. Et une nécessité évidente quand, comme la marque franco-suisse, on entend poursuivre sa croissance en s’attaquant aux marchés américain et asiatique.
Du soda au poignet
Autre exemple célèbre : Rolex devrait-elle être la seule marque à proposer une lunette bicolore bleu et rouge ? A tel point que son Oyster Perpetual GMT-Master a fini par être surnommée la « Pepsi » par les amoureux de la marque et de ce modèle iconique. Pour autant, depuis son apparition dans les années 50, ce modèle a fini par poser un univers graphique. Un design type, pour toutes les marques souhaitant proposer une GMT simple et lisible.
LIP Marinier GMT Yema Superman Heritage Tudor Black Bay GMT Rolex GMT-Master II et Ice Watch Steel
Comment se plaindre de passer un design si fort que toutes les autres marques s’en sont inspirées, au point d’en faire la référence ultime ? De TAG Heuer avec son Aquaracer à LIP avec sa Marinier, ou d’autres modèles à prix plus que sages signés Ice Watch ou William L, l’inspiration tient plus de l’hommage que d’autre chose. Surtout quand on se trouve sur un marché différent et à un niveau de prix tout aussi différents. Même Tudor, demi-sœur horlogère de Rolex, proposait l’an passé sa propre réinterprétation de la GMT-Master. Avec sa superbe Black Bay GMT sur bracelet acier, aussitôt devenue une proie de choix aux yeux des amateurs de belles montres à tarif modéré.
Rolex GMT Master 16750 de 1982 Rolex GMT-Master II 126710 BLRO de 2020 Rolex GMT Master 1675 mk5 de 1978 Vintages vs contemporaine
Styles iconiques
Le même regard peut se porter sur bien des designs horlogers, déclinés depuis le début du XXe siècle en une multitude de modèles. Telles les montres militaires, les célèbres « Type » répondant à un cahier des charges militaire précis, que ce soit chez Breguet, IWC, Dodane ou Stoic.
Steinhart Nav 350€ IWC Spitfire 4 850€ Stowa Flieger 930€ Stoic Pilots – 159€
Il en est de même avec les formes de boîtiers atypiques. C’est-à-dire tout sauf ronds, ceux qui ont traversé l’histoire de l’horlogerie. Combien de réincarnations les montres coussins auront-elles connu ? Des premières Oyster aux pièces à succès de Panerai, portées par tant de stars hollywoodiennes. Ou aux toutes récentes Augarde, proposées à 99€ ? Non, la question n’est pas le prix, mais le style. Et surtout le plaisir que l’on éprouve à porter telle ou telle pièce horlogère au poignet. Icônes ou pas…
Rolex Oyster de 1926 Panerai Radiomir Due Zenith Defy – Photo Georges Z. Augarde Steel Chic – 99€
Paul Malo pour Passion Horlogère
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