L’art de la fusion chère à Hublot est tout d’abord un concept marketing défini en 2004. Depuis ? L’idée s’est matérialisée avec des combinaisons pertinentes et impertinentes de matières et la création de nouveaux matériaux. Explications.
« Nous faisions un état des lieux en cherchant l’ADN de la marque et nous nous sommes aperçus que Hublot était alors la seule à proposer une montre en or associée à un bracelet en caoutchouc ! » relate Mathias Buttet. Du constat à la punchline, l’art de la fusion était née. « Le mot d’ordre était alors simple : il a fallu tout fusionner ! En 2012 est né le Magic Gold, le premier or inrayable obtenu à l’aide de la fusion de la céramique et de l’or. On injecte de la céramique dans le respect des proportions et des poids pour garantir les 18 carats ».
« Quand nous avons proposé à Jean-Claude Biver le programme pour créer l’or inrayable, il a tout de suite été séduit. Nous nous sommes adressés à Polytechnique (NDLR : EPFL : École polytechnique fédérale de Lausanne) qui est parvenu à créer 1 cm3 de matière. Mais l’école ne possède pas de moyen industriel pour en produire plus. Nous avons alors engagé la personne qui a permis cette création et investi pour une production en interne ».
Si Hublot réussit un coup gagnant, l’entreprise ne se repose pas sur ses lauriers car comme le précise le directeur Recherche et Développement de la manufacture : « Aujourd’hui, en horlogerie, on est un peu à la préhistoire. On fait différentes fusions avec des recettes que tout le monde peut avoir. » Tout en ajoutant, « l’horlogerie est un peu l’enfant pauvre des industries. On utilise des matériaux connus dans d’autres secteurs depuis des années. Quand, pour fabriquer des avions ou des voitures, il faut des tonnes, nous pour notre production nous n’avons besoin que de 300 kg. Les fournisseurs ne sont pas très intéressés pour travailler avec nous. Il faut attendre comme pour la fibre de carbone que le brevet tombe dans le domaine public. Une fois accessible, l’horlogerie se précipite et présente des nouveautés qui n’en sont pas vraiment. Il faut renverser la vapeur ! »
« Un autre problème actuel est que nous avons atteint toutes les limites. Si on continue dans cette voie, on va être comme le champion ukrainien Sergueï Bubka à la perche. On se bat contre la gravité. Les matériaux empêchent d’aller plus loin. Si on veut être meilleur que les autres, il faut travailler sur la perche et la matière. Il faut une matière pour aller plus loin. »
Le but est donc de créer ce que l’on ne trouve pas dans la nature où tous les métaux légers tels que l’aluminium ou le titane, sont assez tendres. « Notre objectif est de dévoiler en 2019 un métal plus léger que l’aluminium et plus résistant que l’acier trempé. Il permettrait de réduire la taille des composants et de consommer 2 à 3 fois moins d’énergie. Avec ce métal, nous allons changer la donne. Des industries autres que l’horlogerie se tourneront vers nous. Nous aurons la possibilité de devenir fournisseur. »
En attendant, Hublot poursuit sa fusion des matières et présentera d’ici peu une nouveauté. « Nous allons dévoiler de la céramique aux couleurs vives. Une grande première ! » Jusqu’à présent, la céramique est obtenue à l’aide d’oxyde de zirconium qu’il faut chauffer à des températures dépassant les 1000 °C pouvant grimper jusqu’à 1 800 °C pour qu’elle durcisse. Pour colorer la céramique, on ajoute de l’oxyde de métaux. « Le problème est qu’à partir de 800 °C, ces pigments brûlent. C’est pour cette raison que la céramique présentée comme rouge est plus brun chocolat. Nous avons donc développé en interne un brevet de céramique de couleur en modifiant le moyen de fabrication. Le résultat obtenu avec ce procédé est une céramique encore plus dense, sans porosité. »
Avec l’innovation, la fusion, c’est aussi la réunion des hommes et des femmes autour d’une même passion : l’horlogerie !
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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