Pour la première fois au monde, le Design Museum expose du 19 au 25 mai aux publics l’une des plus incroyables collections de montres composée avec rigueur et passion par Patrick Getreide.
Oak, le chêne en français, est aussi l’acronyme de One of A Kind que l’on peut traduire par « Unique en son genre ». Derrière cette dénomination ne se cache pas l’un des célèbres garde-temps imaginés par Gerard Genta, mais l’une des plus fabuleuses expositions horlogères organisée au Design Museum de Londres : The Oak Collection. Du 19 au 25 mai 2022, les allées de l’établissement fondé par Sir Terence Conran vont accueillir 162 montres triées sur le volet appartenant à l’incroyable collection élaborée avec méticulosité depuis 40 ans par un discret homme d’affaires français. « Soyez encore comme l’arbre : ses racines ancrées dans le passé lui fournissent sa substance de vie, son tronc se nourrit de cette substance pour affronter le présent, ses branches poussent vers le ciel pour dessiner l’avenir de leur choix ». Pour la constituer, Patrick Getreide semble avoir suivi à la lettre la pensée de l’écrivain et aventurier Patrice Franceschi. La sève qui circule dans ses veines est celle de la passion.
Toute collection a une histoire. Celle de Patrick Getreide débute l’année de ses 10 ans en tombant amoureux d’une Omega. Dix ans plus tard, ses premiers gains lui donnent l’occasion d’acquérir une Cartier Tank. Il avoue ne pas connaître grand-chose à l’horlogerie. Il aime néanmoins les belles montres, celles des marques comme Cartier ou Jaeger-LeCoultre. En 1980, à 22 ans, il achète sa première Patek Philippe, le chronographe à quantième perpétuel réf. 3970R. Il n’avait pas assez d’argent pour se l’offrir intégralement. Il verse 100 000 francs sur les 360 000 nécessaires, et emprunte le reste. Cette acquisition lui ouvre les portes de la manufacture et un nouvel univers.
Les salons et les discussions avec les experts étoffent ses connaissances et orientent sa boussole. Désormais, sa détermination le pousse à devenir propriétaire des plus beaux garde-temps. Chaque nouvelle appropriation se doit d’être dans un état cosmétique et mécanique proche du neuf si elle est ancienne. Collectionneur de voitures – il en possède 43 – et de peintures, Patrick Getreide dit ne rencontrer aucun émoi comparable à celui reçu lors de la découverte d’un cadran. C’est pour cette raison qu’il est resté concentré sur la constitution de sa collection de montres, source de grandes émotions.
« Je ne collectionne pas que les montres vintage, je collectionne aussi les montres contemporaines. Des pièces incontournables », confie Patrick Getreide. Il apprécie ainsi les 3 aiguilles comme les grandes complications, les pièces anciennes des manufactures réputées et également les créations des horlogers indépendants : Akrivia, F.P Journe ou encore Kari Voutilainen…
Le collectionneur goûte en outre au jeu des familles. Après l’acquisition d’une pièce en or rose, il jette son dévolu sur le même modèle en platine, en or jaune, et encore en acier, si les variations existent. Toutefois, comme le rappelle Thierry Stern, CEO de Patek Philippe, « Tout collectionneur rêve de posséder une pièce spéciale, une pièce que lui seul peut avoir, et pas un autre. ».
Sa quête de la rareté le pousse à mettre la main sur des garde-temps chargés d’histoire. Il prend ainsi possession d’une montre de poche à tourbillon Patek Philippe. Sa particularité ? Outre le fait que l’Observatoire de Genève l’a honorée du titre de montre la plus précise au monde en 1933-1934, cette pièce a appartenu à Henry Graves Jr. Le banquier new-yorkais en compétition avec James Ward Packard, fondateur de la marque automobile, a constitué l’une des plus fabuleuses collections de montres durant la première moitié du XXe siècle. Au total, Patrick Getreide, lui, posséderait plus de 500 pièces. L’ensemble serait valorisé autour de 300 millions d’euro selon les dernières estimations. Quand on aime, on ne compte pas…
Onze thématiques pour l’exposition The Oak collection
Dans les pages du journal économique de Suisse romande, Bilan, Patrick Getreide revient sur la motivation de cette première exposition exceptionnelle. « Pour moi, l’horlogerie est de l’art. Je ne comprenais pas pourquoi les montres ne bénéficient pas du même statut que les tableaux. J’ai donc décidé de les exposer ».
The Oak Collection fait la part belle aux références Patek Philippe. Non sans raison ! Un tiers de sa collection est composé de montres de la manufacture genevoise. A partir du 19 mai, les visiteurs vont pouvoir admirer des chronographes, comme la réf. 530 en or rose de 36.5mm, des chronographes à quantième perpétuel tels que le tout premier produit, la réf.1518R et les rares réf.1579A. L’exposition met aussi en exergue l’un des savoir-faire historiques de Patek Philippe, à savoir la création de cadrans. « Le cadran est le visage de la montre. La première chose que l’on voit quand on découvre une montre la première fois, c’est la couleur de son cadran, c’est sa beauté. Ensuite, vous voyez le boîtier, et finalement, vous découvrez le mouvement. », souligne Thierry Stern. Les références H805, 2481 et 2482 rivalisent de splendeur avec leur délicate peinture émaillée en parfait état. La collection de Patrick Getreide n’est pas monotone, elle est pleine de couleurs.
La couleur constitue d’ailleurs un élément majeur dans de nombreuses pièces signées Patek Philippe, à l’instar de la montre à heure universelle réf. 2523J en or jaune à 2 couronnes, avec son incroyable centre de cadran bleu émaillé. Seuls trois exemplaires existeraient. Parmi les modernes, notons la présence de la Nautilus 5711/1A-014 de 2021 dotée d’un cadran vert.
Les modèles Calatrava jouent un rôle prépondérant dans la collection de Patrick Getreide. Pour la star des enchères, le très médiatique commissaire-priseur Aurel Bacs, cette omniprésence tient surtout sur la personnalité unique des montres de cette collection. « La Calatrava, c’est le temple grec de l’Acropole. C’est parfait ! Ce n’est pas un objet de mode, c’est une pure beauté. » L’une des préférées de Patrick Getreide est la réf.530A, avec son cadran noir et ses chiffres Breguet. Pour lui, c’est le « top of the top », le « Youkounkoun » ! La réf.570R avec son cadran doté de trois tonalités d’or rose ou son équivalent réf.570J en or jaune font aussi partie de ses favorites.
Rolex n’est bien sûr pas oubliée, avec la présence de nombreuses pièces exceptionnelles. Des vitrines donnent la possibilité d’admirer une Daytona réf.6262 et une GMT-Master réf.1675 à lunette bleue. Les connaisseurs apprécieront de même la Daytona réf.6239 qui a appartenu à Walter Cunningham, astronaute de la mission Apollo 7.
Explorer The Oak collection permet d’accéder à l’avant-goût d’un univers mécanique prodigieux sans le découvrir dans son intégralité.
« Le mystère est le meilleur artisan du merveilleux » a dit l’écrivaine américaine Ursula Le Guin.
Si vous êtes de passage dans le quartier londonien de Kensington, poussez les portes du Design Museum avant que l’exposition ne s’envole pour Bahreïn, la Chine puis les États-Unis. Ou mieux encore, programmez la destination comme un incontournable de la Passion Horlogère. Vous ne le regretterez pas !
Retrouvez toutes les photos de cette exposition sur notre album Facebook.
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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