
Grand Seiko GMT Spring Drive SBGE201
Grand Seiko n’est plus à présenter. Longtemps réservé au seul marché japonais, puis asiatique, cette gamme de Seiko a commencé à être distribuée de manière très confidentielle sur certains marchés « matures » dont la France au début des années 2010. Sans faire de bruit, s’appuyant sur la qualité intrinsèque de ses produits, Seiko à pris son temps pour introduire cette gamme, sans chercher à entrer en concurrence frontale avec les maisons suisses réputées et reconnues. Finitions irréprochables, des technologies révolutionnaires, il a cependant fallu un long travail d’éducation pour que les amateurs d’horlogerie jettent un œil tout d’abord curieux, puis intéressé sur ces Seiko vendues au prix de la concurrence helvétique.
La victoire du prix de la Petite Aiguille au GPHG 2014 pour le modèle SBGJ005, avec son calibre automatique Hi-Beat 36000 GMT finit de convaincre les sceptiques, et donna, enfin, à Grand Seiko la renommée, et la légitimité sur un marché européen parfois conservateur.
Grand Seiko Hi-beat 36 000 GMT, lauréate du GPHG 2014
Simple gamme de Seiko, à ses débuts, elle est une marque propre depuis 2017, s’affranchissant du nom de la maison mère.
SBGE201, l’iconoclaste
La SBGE201 n’est pas à proprement parlé un nouveau modèle chez GS. Mais à l’occasion du renouveau identitaire de la marque, elle change de référence et se conforme au nouveau cahier des charges stylistique. Exit donc le logo « Seiko ». On retrouve maintenant à 12h le logo « GS » appliqué et la marque juste en dessous. Certains, dont je suis, se sont émus de ce changement, trouvant que ça créait un certain déséquilibre. Le temps passant, j’avoue que je suis en train de changer d’avis, sur certains modèles tout au moins, dont cette SBGE201 fait partie. N’étant pas un grand fan des cadrans surchargés de mentions inutiles, cette « révolution » va finalement dans le bon sens, et allège visuellement ce cadran, laissant les yeux se promener sur les nombreux détails qui font de GS une marque définitivement à part dans un monde horloger très helvéto-centré.
Jeux de reflets et de lumière sur la SBGE201
Modèle atypique chez GS, cette SBGE201 l’est à plus d’un titre.
Etanche à 200m, fond plein vissé, couronne vissée à 4h, pourraient laisser penser que l’on a affaire à une plongeuse, mais la lunette GMT bidirectionnelle la disqualifie à prétendre à ce titre. Le mouvement Spring Drive, mélangeant le meilleur de l’horlogerie mécanique à la précision inégalée du quartz continue de brouiller les pistes. Le luxe iconoclaste d’une lunette saphir avec chiffres luminescents, sur un boîtier imposant de 44mm achève d’interpeller. Un triple fuseau horaire, un mouvement à remontage automatique, un indicateur de réserve de marche, cette montre mélange décidément les genres avec audace et réussite.
Un design d’une redoutable efficacité
Une imposante élégance
Un boîtier de 43,5mm de diamètre en acier, et une lunette absolument unique sur le marché, voilà ce qui s’impose immédiatement au regard. Nous sommes bien loin des habituels standards de la marque, qui propose plutôt des boîtiers de 37, 39 ou 40mm sur la plupart de ses modèles. Mais ce boitier imposant n’en est pas moins élégant, et surtout superbement fini. Tous les attendus qui font la renommée de la marque sont au rendez-vous.
Ainsi, cette boite généreuse alterne un superbe brossé sur la partie supérieure des cornes, avec le fameux poli Zaratsu, une technique de poli miroir exécuté manuellement par une poignée de maîtres artisans dans les ateliers Grand Seiko de Shiojiri où est produit le modèle.
Alternance des techniques de polis selon les surfaces traitées
On retrouve ce poli sur la partie intérieure de la lunette GMT, assurément l’élément le plus spectaculaire de la montre. Cette lunette, discrètement crantée, bidirectionnelle est en acier poli, avec un revêtement noir sur lequel sont sérigraphiés des chiffres luminescents. Elle est enfin recouverte d’un verre saphir. Le résultat est tout simplement unique sur le marché, et offre un spectacle saisissant. Selon la lumière et la luminosité, la lunette passe du noir profond au chrome en passant par toutes les teintes de gris. Et la nuit, le spectacle continue, avec ces chiffres luminescents qui garantissent une parfaite lisibilité du second fuseau horaire.
Une luminescence étonnante – Crédit photo : gnktwatch.blogspot.fr
Quand la technique parfaitement maîtrisée se met au service d’une efficacité et d’une lisibilité sans compromis.
La couronne à 4h, vissée, et gravée du logo GS, est joliment crantée pour faciliter la préhension, sans appréhension ! Notons qu’avec une réserve de marche de 72h, son usage devrait être anecdotique. La position de la couronne rend la montre très confortable au porté, celle-ci ne venant pas blesser la main comme ça aurait pu être le cas avec une couronne située à 3h. De plus, ainsi située, les risques de l’accrocher lors d’activités sportives sont minimes.
Superbe combo avec un bracelet « La Rochelle » signé Avel & Men
L’envoûtante valse du temps
Le cadran, noir mat, fait tout pour se faire oublier. Il semblerait que les designers de Grand Seiko l’aient voulu le plus discret possible, afin de mettre en valeur tous les autres éléments visibles sous le verre saphir traité anti-reflet. Et j’avoue que le résultat est très réussi.
Le luxe de détails est impressionnant, et offre un spectacle saisissant où que l’oeil s’attarde. La face supérieure des aiguilles des heures et des minutes est brossée, et elles sont partiellement recouvertes de Lumibrite, alors que la partie biseautée est polie. La trotteuse, qu’on ne peut plus qualifier ainsi, puisqu’elle glisse silencieusement dans un mouvement continu et hypnotique, est polie, l’aiguille GMT rouge, terminée par un triangle luminescent apporte une petite touche de sportivité et garantit une parfaite lisibilité du 2ème fuseau horaire. Les index appliqués facettés, luminescents à 3-6-9-12h, sont superbement dessinés, garantissant une lisibilité parfaite en captant le moindre rayon de lumière, sans être ni hypertrophiés ni caricaturaux. Le rehaut accueille les chiffres du second fuseau horaire, pointé par l’aiguille GMT. Ajoutez-y la lunette tournante et vous voilà avec une montre capable de vous afficher 3 fuseaux horaires d’un seul coup d’œil, en toute simplicité.
Le guichet de date est situé à 4h, et un indicateur de réserve de marche, réduit à sa plus simple expression, est placé à 8h30, et permet, là encore instantanément, de connaître l’autonomie restante sur les 72h permises par le mouvement Spring Drive à pleine charge. Divisé en 3 segments, on sait instantanément s’il reste 1,2 ou 3 jours d’autonomie.
La nipponne tient la comparaison avec les meilleures marques helvétiques
Calibre 9R66, le meilleur des 2 mondes
En 2005, après 28 ans de recherches et développements, Seiko lance le 1er calibre Spring Drive. Cette technologie est une des rares grandes révolutions du milieu horloger depuis des décennies et l’opiniâtreté de Seiko mérite d’être soulignée. Rares sont en effet les grandes maisons à laisser autant de temps à leurs ingénieurs pour atteindre leur objectif !
Le rêve de Yoshikasu Akahane, à l’origine du projet Spring Drive, est de créer une « montre éternelle ». Elle doit posséder un ressort-moteur, afin de s’affranchir des problèmes de batterie, et offrir une précision de +/- 1 seconde / jour. Après plus de 600 prototypes et des dizaines d’innovations, Spring Drive est né.
Le calibre 9R66, le GMT Spring Drive
Sur la base d’un mouvement mécanique à remontage automatique, l’équipe à développé le régulateur tri-synchro. Le barillet, offrant 72h de réserve de marche à pleine charge, grâce à un ressort réalisé dans un alliage propre à Seiko, le Spron 510, transmet son énergie, via un train de rouages, comme n’importe quel mouvement mécanique classique. A la place du balancier spiral traditionnel, on trouve un régulateur qui tourne sur lui-même, à 28800 alt/heure, et produit sa propre énergie électrique. Celle-ci est transmise au cristal de quartz, qui permet la régulation électromagnétique du régulateur, en stabilisant sa rotation à exactement 8 tours par seconde. Notons que l’énergie électrique produite n’est pas stockée, elle est consommée en temps réel par le circuit. Spring Drive ne contient donc pas de batterie.
Energie mécanique permettant la production d’électricité pour contrôler la précision de manière électro-magnétique, voilà la sainte trinité selon Grand Seiko !
Vue en éclaté du mouvement Grand Seiko Spring Drive 9R66
La fluidité de la marche du temps est donc parfaitement maîtrisée, le meilleur symbole en est l’aiguille des secondes, qui glisse, fluide et sans à coup, tout autour du cadran, avec une précision de +/- 1 seconde par jour, ce qui est tout simplement exceptionnel pour un mouvement mécanique.
Le calibre 9R66 qui équipe la SBGE201 est la version GMT de Spring Drive. Joliment décoré, avec des côtes de Tokyo sur la platine supérieure, et un rotor sobrement gravé du logo GS et du nom Grand Seiko, il ne se laissera cependant pas admirer.
En effet, c’est un fond plein vissé qui ferme la boite. Avec une étanchéité de 200m, cela semble évidement logique. Ce fond plein cependant, vaut qu’on s’y attarde un peu. Outre les traditionnelles mentions de calibre et de numéro de série, on y trouve surtout une magnifique gravure du lion GS. Voilà qui, finalement, vaut bien mieux qu’un fond saphir.
Fond de boîte gravé de la Grand Seiko SBGE201
En retournant la montre, on peut alors remarquer les cornes percées et s’attarder sur le bracelet qui équipe ce modèle. Là encore, le niveau de finition est excellent. Composé de 3 maillons, ceux-ci alternent le poli et le brossé dans une rare élégance. Les bords du maillon central sont polis, ainsi que les flancs du bracelet, dans un bel exercice d’élégante robustesse. Et quand on sait que tous les polis du bracelet sont faits à la main, on n’en est que plus admiratif. Une boucle double déployante avec bouton poussoir, gravée du logo GS sécurise la montre à votre poignet, afin d’éviter de faire tomber les 177grs de luxe discret qui s’y trouvent.
La Grand Seiko Spring Drive GMT se prête bien au jeu des changements de bracelets
GMT Senseï
Comme je l’ai évoqué en début d’article, la SBGE201 est un modèle définitivement à part chez GS. Un degré de finition tout simplement excellent, quel que soit l’endroit où vous portez votre regard. La finition du boitier et de la lunette sont absolument irréprochables. Le cadran, avec ses index facettés est superbe de sobriété et de lisibilité, les aiguilles, modernes conservent cependant la signature GS, et le mouvement Spring Drive, unique sur le marché offre la souplesse d’usage d’un mouvement automatique avec une précision inégalée à ce jour, et pour longtemps encore, pour un mouvement mécanique.
Couronne et fond vissé, index et aiguilles luminescentes, GMT, étanche à 200m, c’est clair que Grand Seiko voulait proposer une vraie baroudeuse à ses clients. Et avec la SBGE201, ils ont sans doute réussi à proposer l’une des meilleures du marché. En toute discrétion.
Richard Segault pour Passion Horlogère
Nous remercions Avel & Men pour la mise à disposition d’un bracelet « La Rochelle » pour notre article.
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