3 mars 1969. Heuer présente en simultané à New York et à Genève un modèle avant-gardiste : la Monaco. Ce chronographe qui ne ressemble à aucun autre est pourtant bien dans l’air du temps, en rupture avec les conventions. Son nom rend hommage à la principauté devenue glamour depuis le mariage de Grace Kelly avec le Prince Rainier en 1956. Le célèbre Grand Prix de Formule 1 qui s’y déroule chaque année contribue à entretenir la passion de la compétition sportive que souhaite partager Jack Heuer, dirigeant de la marque homonyme à l’époque.
Heuer Monaco, naissance d’une icône
La Monaco combine deux innovations majeures : une boîte étanche quasi carrée de 38x40mm et un mouvement chronographe automatique. La première est le fruit des recherches de l’entreprise Piquerez. Celle-ci propose une innovation basée sur un système d’accroches qui permet de rendre étanche un boîtier carré. Ainsi, la manufacture peut protéger en toute efficacité son nouveau calibre 11 doté d’un micro-rotor. Cette mécanique, issue de la collaboration entre Heuer, Breitling, Dubois-Dépraz et Hamilton-Büren, dispose d’une autre particularité. Son module chronographe est monté de manière inversée. La couronne est alors positionnée sur la gauche du boîtier. Des poussoirs ronds conservent leurs places traditionnelles. Côté cadran, deux compteurs carrés à angles arrondis positionnés sur un fond d’un bleu intense donnent à la Monaco un visage inédit. Des touches de rouge sur les aiguilles et sur le chemin de fer dynamisent le graphisme. L’ensemble est protégé par un verre bombé en hésalite. Une version 1133G est aussi commercialisée avec un cadran gris.
Malgré ses atouts, comme le résume Jack Heuer dans une interview donnée en 2010, “c’était fondamentalement un échec […]. C’était trop radical pour l’époque“. Cependant, un événement va changer la donne. Plus qu’un film, “Le Mans” est une plongée dans les coulisses de la compétition automobile. Faute de scénario, le long-métrage est un échec commercial. Mais pas pour tout le monde… Durant tout le film, Steve McQueen, qui adopte la combinaison portée par son ami Jo Siffert, premier ambassadeur de Heuer, arbore de manière bien visible le logo de la manufacture helvétique. À son poignet, l’acteur ne quitte pas la Monaco. Poussé par cet influenceur avant l’heure, le garde-temps à l’esprit disruptif devient une icône, comme l’acteur.
Heuer Monaco, évolution d’une icône
En 1972, la référence 1533 propose une alternative esthétique. La montre se dote d’une petite seconde à 10h et d’un seul totalisateur de 30 minutes. Le calibre 15 propulse les informations temporelles. Des modèles appelés Three-Register avec un trio de compteurs sont ensuite commercialisés. La couronne trouve une place classique à 3h. Ces modèles à l’instar de la référence 73633 emboîtent des calibres Valjoux 7736 ou 7740 à remontage manuel. Le cadran de la Monaco est revisité en 1976. Il arbore un noir profond. Le boîtier aussi. Dénommé Dark Lord (référence 740.033N, ce modèle, rare, fait aujourd’hui le bonheur des collectionneurs. Ce sera la dernière Monaco produite dans cette décennie.
TAG Heuer Monaco
En 1985, TAG (Techniques d’Avant-Garde) fait l’acquisition de Heuer. Treize ans plus tard, la Monaco revient en piste avec les séries CS. Le boîtier devient vraiment carré (39x39mm). Les poussoirs abandonnent leur rondeur pour une ligne longiligne. La couronne prend place à 3h. Les références 2110 éditées à 5 000 exemplaires présentent un visage proche de la 1533 mais avec un totalisateur et une petite seconde inversés sur un cadran noir. Les CS 2111 offrent un nouveau design de cadran avec des compteurs en position tricompax. En 1999, LVMH devient propriétaire de TAG Heuer. Les séries CW2XXX signent cette nouvelle époque.
En 2003, Les lignes sont redessinées. Une concept watch métamorphose aussi l’icône. La Sixty-Nine dispose de deux visages. L’un prend les traits d’un garde-temps classique. L’autre nous plonge dans un univers techno avec un affichage LED. L’année suivante, TAG Heuer crée une nouvelle émotion avec le V4. Des poulies et des courroies crantées de la taille d’un cheveu remplacent les rouages. Quatre barillets l’alimentent en énergie. Un lingot en platine de 4.25 grammes donne vie à une masse oscillante linéaire. La manufacture démontre que l’innovation technique constitue toujours l’ADN de la Monaco.
Monaco Heuer fête 50 ans de Podium
Ensuite, de multiples déclinaisons de chronographes et de modèles trois aiguilles-date comme la Calibre 6 Full Black (2014) sont commercialisées. Des séries limitées, des pièces féminines, étoffent le catalogue. Le boîtier de 40.5mm de côté de la LS combine une petite seconde linéaire et des totalisateurs originaux positionnés sur un cadran jouant avec les reliefs. La Twenty-Four Calibre 36, certifiée COSC, pulse à 36’000 vibrations par heure en 2011. En 2018, Bamford, atelier de personnalisation, illumine son cadran à grand renfort de Super-LumiNova. En 2009, les 40 ans de la Monaco sont célébrés par la manufacture avec une réédition limitée à 1000 exemplaires (référence CAW211A) similaires au modèle original. Dix ans plus tard, la Monaco demeure toujours en pole position dans les collections TAG Heuer à l’image de la série limitée dévoilée à l’occasion du 90è Grand Prix de la principauté monégasque. Présentée sur un bracelet en cuir marron à l’allure vintage, la montre en acier et son robuste calibre 11 a été produite à seulement 169 exemplaires. Son cadran texturé vert présente des reflets bruns et jaunes et une finition Côtes de Genève. Le fond du boîtier gravé de la mention «1969-1979 Special Edition» et «One of 169» commémore une histoire passionnante et pour notre plus grand bonheur inachevée.
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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