Avec le nouvel oscillateur intégré au mouvement de la montre Defy Lab présentée par Zenith, c’est une révolution horlogère que le groupe LVMH a lancé. TAG Heuer, autre marque prestigieuse du groupe, devrait prochainement en profiter pour proposer une collection de montres à la précision mécanique irréprochable. Mise au point avec Guy Sémon inventeur de ce mécanisme nouvelle génération.
Si le nom de Heuer est irrémédiablement associé à la compétition automobile, celui de TAG, acronyme de Techniques d’avant garde, est lié à l’exploration des nouvelles technologies. Depuis l’association en 1985 des deux entités puis l’acquisition en 1999 par le groupe LVMH, la marque TAG Heuer s’est illustrée avec des garde-temps ultra performants.
En 2002, le Mikrograph F1 est ainsi le premier chronographe automatique intégré à une montre bracelet capable de mesurer les temps courts au 1/100e de seconde.
Durant les années 2000, la présentation des concept watches s’enchaîne avec en point d’orgue la montre Mikrogirder qui en 2012 est capable de mesurer les temps au 5/10000e de seconde. Son oscillateur bat à l’incroyable fréquence de 1 000 Hz soit 7 200 00 alternances par heure !
Toutefois, comme le rappelle Guy Sémon qui a participé au développement de cette mécanique d’exception, « avec les concept-watches, TAG Heuer a exploré les hautes fréquences et étudié les limites des spiraux dont la précision dépend de sa géométrie. Un spiral est précis sur 500 hz, passé cette vitesse, un comportement bizarre est observé. De plus, le barillet ne fournit pas une énergie constante. Et comme un spiral ne fonctionne pas tout seul, la précision d’un mouvement dans le temps n’est pas linéaire. »
Une invention issue du laboratoire de R&D de LVMH trace une nouvelle voie. Notre rapport à la mécanique d’une montre et à la précision chronométrique pourraient bien être bouleversé d’ici peu.
Un tournant historique : la fin du balancier-spiral
Fin 2017, la présentation d’un nouvel oscillateur intégré à la montre Defy Lab de Zenith a concentré toute l’attention du microcosme horloger car il s’agit ni plus ni moins de la première invention qui remet en cause la mécanique des montres inventée au 17e siècle par Christian Huygens. Au fil des siècles, si les matériaux ont évolué, l’organisation d’un mouvement régi par les 11 liaisons élémentaires de la Théorie de la mécanique définies au 19e siècle est restée identique.
Sorti du savoir et de l’imagination fertile de Guy Sémon, mathématicien de formation, et de son équipe de têtes chercheuses du département R&D de LVMH, ce nouveau mécanisme envoie au musée le principe de régulation balancier-spiral présenté en janvier 1675.
Le spiral n’évolue plus depuis sa création. L’échappement possède un rendement mauvais. Avec sa fréquence de 15 Hz, cet oscillateur qui remplace le couple balancier-spiral change la donne. « L’invention est un mécanisme flexible qui utilise le principe physique de l’élasticité de la matière. La déformation devient une propriété et non une conséquence. Le comportement devient prédictif. On obtient une oscillation précise et linéaire. De plus, le matériau utilisé est insensible au magnétisme et à la température. On obtient une précision indépendante du temps » explique Guy Sémon.
Et les bénéfices sont nombreux ! Actuellement, la pièce mesure 30 mm de diamètre. Elle remplace les 30 composants d’un couple balancier-spiral. Son épaisseur avoisine les 0,5 mm contre 5 mm pour une architecture mécanique classique. La montre consomme en outre 3 à 4 fois moins d’énergie. Cette invention garantit ainsi une réserve de marche plus conséquente et le développement de mouvements plus fins et plus précis.
Si l’invention a été en premier lieu intégrée à une montre Zenith ce n’est pas un hasard comme le souligne Guy Sémon puisqu’il s’agit de « la marque qui a gagné le plus de concours de chronométrie ». Et demain ? À court et moyen terme, toutes les marques horlogères du groupe devraient en profiter notamment TAG Heuer. Le développement de cette technologie transversale a pour but de ne pas la cantonner à des séries limitées. Guy Sémon souligne d’ailleurs qu’il s’agit d’une « nouvelle direction qui va trouver son expression dans l’ADN des marques LVMH ».
Concrètement, une première collection devrait être présentée dans un an. « Cette technologie est appelée à évoluer sous différentes formes. L’objectif à venir est de l’intégrer à des mouvements de dimensions standards. Nous développons un mouvement 3 aiguilles de base qui servira de support. » Comme aime le rappeler Jean-Claude Biver, CEO de TAG Heuer « Sans tradition, pas d’avenir. Sans innovation, pas de futur » ! L’avenir est en marche…
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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