Guy Semon est un homme discret qui a toujours œuvré dans l’ombre au succès des autres. Ce véritable génie qui, jeune, se destinait à une carrière de pilote de chasse, a déjà connu 10 vies et tout autant de métiers. Passionné de mathématiques, de physique, de mécanique, et plus récemment d’horlogerie, ce docteur es science, spécialisé en physique et science de l’ingénierie a un temps enseigné à l’Université de Franche-Comté avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Dans les années 90, il a collaboré à de nombreux grands projets scientifiques avant d’être recruté en 2004 par TAG Heuer. Au sein de cette grande marque horlogère, il a finalisé le projet de Monaco V4, puis a crée et dirigé le laboratoire R&D de TAG Heuer dés 2008.
Avec son équipe il a inventé et développé plusieurs des chronographes les plus précis au monde, à commencer par le Mikrograph, présenté en 2010 comme étant le premier chronographe intégré capable de mesurer au 1 / 100ème de seconde. Il a ensuite crée des montres et des systèmes horlogers des plus complexes tels que le Mikrotimer, le Mikrogirder, le Mikropendulum, ou encore les Mikrotourbillons. En décembre 2014 il est nommé Directeur Général de TAG Heuer sous l’impulsion de Jean-Claude Biver devenu CEO de TAG Heuer et patron de la division horlogère du groupe LVMH. Son premier défi, en quelques mois à peine, sera de créer une TAG Heuer connectée.
C’est en collaboration avec Intel et Google qu’il le relèvera avec succès. Son patron ayant alors décidé d’une politique de synergie entre les différentes compétences des marques de la division horlogère le propulse CEO du laboratoire R&D de la division horlogère du groupe LVMH. Et c’est es qualité qu’il présente aux côtés de Julien Tornare, CEO de Zenith, de Ricado Guadalupe, CEO d’Hublot, et de Jean-Claude Biver, CEO de TAG Heuer, Président d’Hublot, et Président de la division Horlogerie de LVMH, la nouvelle et révolutionnaire Zenith Defy Lab en septembre 2017.
Avec cette complication horlogère, ce jeune homme de 54 ans, père de 2 grands enfants, franc-comtois de souche dont les origines familiales régionales remontent au 12e siècle, ce passionné d’histoire, de science et de la pratique du golf, entre dans l’histoire horlogère en devenant l’inventeur d’un oscillateur se passant du système balancier-spiral inventé par Christiaan Huygens en 1675. Rien de moins ! Rencontre avec ce génie qui se définit comme un scientifique au service de l’horlogerie.
Quelle montre portez-vous au moment de cet entretien ?
Je porte une montre très particulière. Elle s’appelle la Defy Lab. C’est une première, et sa caractéristique principale c’est qu’elle embarque un nouveau régulateur qui remplace le principe de Huyghens.
Combien de temps avez-vous mis pour développer ce régulateur ?
Un petit peu plus de trois ans.
Quelle est votre plus belle réussite horlogère ?
La prochaine !
Quelle est votre complication horlogère favorite ?
Celle-ci, la dernière. Ce n’est pas rien, 342 ans après de remplacer le principe de Huygens. Donc oui, je suis très fan de celle-ci.
Doit-on parler de complication horlogère avec ce nouveau régulateur ?
C’est une complication horlogère ! Je vous invite à rencontrer Denis Badin qui est notre Maître-Horloger dans l’Institut des Sciences LVMH, il est meilleur ouvrier de France, et vous pouvez lui poser la question, lui qui est un vrai horloger, ce que je ne suis pas. Il pourra vous dire que rien n’est plus mécanique que cette montre.
Quelle(s) autre(s) passion(s) que l’horlogerie avez-vous ?
Cela fait 12 ans que je suis dans l’horlogerie. J’ai fait la V4 (TAG Heuer NDLR), le centième de seconde, le millième de seconde, le 5 dix millième de seconde, le Pendulum, le tourbillon centième de seconde, etc… Je suis un scientifique devenu un scientifique « pas mal » horloger. Oui bien sûr j’ai pas mal d’autres passions, heureusement pour moi d’ailleurs. (Sourire)
Quelle serait la montre de vos rêves ?
Ce serait une montre mécanique qui aurait une précision ne dépendant plus du tout de la réserve de marche, une montre que je ne remonterais jamais, une montre qui serait très belle, très pure, très « émotionnelle », et qui montrerait à la fois tout le talent des scientifiques qui sont derrière pour la mettre au point, et le talent de tous les horlogers qui l’ont montée.
Comment définiriez vous le luxe ?
C’est une bonne question. Le luxe c’est l’émotion. Celle qui n’est pas accessible en permanence. Quelque chose que vous ouvrez de temps en temps et qui vous donne une perception extrêmement émotionnelle de l’instant donné.
Quelle marque horlogère ou non incarne le mieux le luxe selon vous ?
Il y a plusieurs marques. C’est difficile de citer la concurrence, bien que j’ai beaucoup d’admiration pour les concurrents, mais permettez moi de citer quand même Zenith aujourd’hui, parce que je suis chez Zenith et que l’histoire de cette marque est tellement fabuleuse qu’on ne peut qu’en être fiers et répondre forcément « Zenith ».
Quel personnage historique ou contemporain vous inspire ?
C’est comme les montres, il y a en beaucoup. Il y a des savants, des écrivains, des hommes qui m’ont inspiré dans ma vie. Même des gens que j’ai côtoyés dans ma famille, dans mes amis, …etc. Ce ne sont pas forcément des gens illustres.
Quelle qualité appréciez vous le plus chez les autres, et quel défaut regrettez vous d’avoir ?
La persévérance et la modestie. L’humilité est la règle qui prédomine quand on fait des sciences, donc j’y suis très sensible.
Concernant les défauts, j’en ai énormément. Je ne vais pas complètement me décrédibiliser… Sans doute excessif, pas de limites. Ça a des avantages, mais aussi beaucoup d’inconvénients.
N’est ce pas ce qu’on vous demande dans votre travail de ne pas avoir de limites ?
On me demande surtout des résultats. (Sourire) Le résultat pouvant être considéré comme une limite.
Quelle citation appréciez vous particulièrement ?
« Les choses ne sont que ce que l’on en fait »
Quelle heure est-il ?
Il doit être 13 heures.
je l’ai eu comme prof de techno au Lycée Viette dans les années 87.
effectivement il était passionné d’aviation.
Faisait régner la discipline mais n’avait pas les mouens pedagogiques à la hauteur de ses ambitions, et son parcours ne me surprend pas.
Pourquoi les montres avec l’oscillateur Guy ne sont pas disponibles maintenant en 2020