L’approche est différente. Il a fallu bartasser pour créer son identité et favoriser un ancrage durable dans l’univers horloger. Le résultat fut à la hauteur des attentes. Retour sur la riche histoire d’Alpina.
Les origines d’Alpina
Pour les alpinistes, ouvrir une voie donne accès au sommet. Organisation, savoir-faire, altruisme, audace et prise de risque permettent alors de tutoyer les cimes. Gottlieb Hauser n’est pas l’un de ces aventuriers. Pourtant, l’homme fait preuve, dans son domaine, d’initiatives. En 1883, il fonde une association originale avec 15 autres confrères, l’Alpina Union Horlogère S.A. / Corporation d’Horlogers Suisse. Celle-ci se singularise par son ambition : réduire les coûts de production grâce au groupement d’achat. Cette vision entrepreneuriale en horlogerie remporte alors un franc succès. L’union fait la force. Elle permet rapidement le développement et l’assemblage de ses propres calibres. Les montres prennent ainsi le chemin de l’Exposition universelle de Paris en 1900 afin d’être dévoilées à un public cosmopolitain, avide de nouveautés.
La création de la marque Alpina
En 1901, l’organisation dépose la marque Alpina via l’un des acteurs de l’Union Horlogère, Jacob Straub. Ce dénominatif apposé sur les mouvements vient valoriser les calibres des montres de poche haut de gamme, dotés d’un haut degré de fabrication. Le poinçon de Genève avant l’heure !
De nombreux chapitres composent ensuite une histoire passionnante, fortement liée à celle de l’Europe au XXe siècle. Gottlieb Hauser se rend en Russie en 1903 pour ouvrir une enseigne. Une nouvelle manufacture s’installe en Allemagne à Glashütte et épaule celles de Genève, Biel et Besançon. À l’occasion des 25 ans de l’union, la marque Alpina est étendue aux garde-temps. Elle adopte pour logo un triangle rouge dans lequel s’inscrit le nom. Ce dernier orne en 1910 la première montre de poche dotée d’un calendrier perpétuel. La Première Guerre Mondiale n’aura que freiné la croissance de l’organisation. En 1920, 2 000 détaillants vendent dans toute l’Europe la production désormais composée de montres-bracelets. Elle bénéficie d’une belle réputation et à partir de 1926 d’une garantie, un système de prise en charge des réparations qui s’étend alors à l’univers horloger.
Le concept Alpina 4
Si les années folles sont associées aux foisonnements de l’art nouveau, aux prémices du Bauhaus, la Block Uhr ne présente aucun des atours de ces mouvements. Il s’agit de la première montre de sport signée Alpina. Prélude d’une nouvelle ère, ce modèle jette les bases des critères de la montre moderne. Celle-ci sera définie en 1938 avec le concept Alpina 4 pour accompagner l’homme dans ses aventures au quotidien. La montre se doit d’être en acier, anti-magnétique, anti-choc, et étanche, pour affronter tous les éléments, que ce soit en montagne, dans les airs, ou en mer.
En 1945, Alpina présente son premier mouvement à remontage automatique. Le calibre 582 orchestre un duo d’aiguilles, une petite seconde à 6h et délivre 40 heures de réserve de marche. La marque étoffe son catalogue de références estimées pour leur précision et répondant avec rigueur à la philosophie Alpina 4. Le premier chronographe orné d’une échelle télémétrique (1959) ne déroge pas à la règle, tout comme la montre pour femme de la collection Comtesse en 1963, ou encore l’élégante « Tropic-Proof » de 1968.
Fidèle à sa volonté d’équiper les professionnels de l’aventure, Alpina leur présente la Diver « 10 Seastrong » en 1969. Cette montre de plongée étanche jusqu’à 200 mètres de profondeur dispose d’un rehaut rotatif gradué de 1 à 60 minutes qui peut être ajusté à l’aide d’une seconde couronne positionnée à 2h. Ainsi, quand en 1972 Alpina devient une marque à part entière, les règles érigées par Alpina 4 sont toujours bien présentes.
L’entrée au sein du groupe Frederique Constant
La crise de quartz a ébranlé l’horlogerie suisse. Alpina a été impactée, cependant la marque s’adapte avec des modèles bien dans l’air du temps. L’arrivée à la tête de l’entreprise, en 2002, de Peter Stas, co-fondateur de Frédérique Constant, donne une nouvelle boussole à la production et la relocalise à Plan-Les-Ouates (Genève). Dès l’année suivante, des collections étoffées de montres à la personnalité sportive et animées par des calibres mécaniques sont présentées durant Baselworld. La marque renoue avec son glorieux passé en dévoilant, en 2006, le modèle AL-650 à régulateur basé sur un mouvement Unitas Ebauche développée à l’origine pour une montre de poche. L’Extreme Diver, quant à elle, affronte les abysses avec une étanchéité éprouvée à 1 000 mètres de profondeur. La haute horlogerie s’invite de même au catalogue avec l’Extreme Tourbillon et son calibre manufacture (2009). Le sport en tête, Alpina équipe les navigateurs en 2011 avec une Yacht Timer munie d’un compte à rebours idéal pour prendre un bon départ en régate. L’horloger n’oublie pas les grands voyageurs avec la Startimer Pilot Worldtimer Manufacture affichant les 24 fuseaux horaires. Côté design, la tendance des années 2010 est au vintage. Alpina y participe avec des pièces inspirées des modèles d’antan.
À l’aube de ses 140 ans, Alpina transmet son ADN dans des montres résolument actuelles. La gamme Alpiner constitue une digne héritière à l’instar de ses derniers références : l’Extreme Regulator et l’Extreme Automatic. Leurs lignes modernes et élégantes, les couleurs sélectionnées, les finitions attrayantes s’accordent aux vestiaires masculins et au style de vie contemporain. Cette année, la marque a opéré par ailleurs une refonte de la collection Startimer avec des pièces ultra-lisibles pourvues des mêmes atouts. La manufacture s’adapte en outre aux nouvelles technologies avec des montres connectées Swiss Made performantes qui n’oublient pas leurs origines horlogères avec leurs cadrans analogiques traditionnels.
Un futur prometteur
Toujours ancrée dans l’air du temps, Alpina prend en compte les préoccupations environnementales. La plongeuse Seastrong Diver 300 Automatic Calanda est finalisée à l’aide d’un boîtier en acier 100% recyclé. Le PuReSteel, produit par le sidérurgiste allemand Thyssen Krupp, provient du métal récupéré dans le secteur du transport maritime. Fidèle à son état d’esprit, Alpina ne se contente pas de suivre le courant, elle indique aussi un cap.
Pour en savoir plus au sujet de la marque Alpina
Dan Diaconu pour Passion Horlogère
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